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Bleus : Que la France soit patiente, elle doit laisser à Paul Pogba le temps de grandir

Martin Mosnier

Mis à jour 10/09/2015 à 16:03 GMT+2

MATCH AMICAL - En cette semaine internationale, il a été beaucoup question de Paul Pogba, comme souvent désormais. Doit-il être le futur 10 des Bleus ? Ses performances moyennes ont rappelé qu'il ne fallait pas aller trop vite en besogne. Pogba n'est pas (encore ?) l'égal de Zidane ou de Platini. Et c'est bien normal.

Paul Pogba, lors de France-Serbie (2-1), le 7 septembre 2015, à Bordeaux.

Crédit: AFP

Comme à chaque match, il a fait lever le stade, pas une mince affaire dans l'ambiance morne du Matmut Stadium. Comme à chaque présentation des équipes, c'est son nom qui a réveillé le public. Paul Pogba est un phénomène. Ce n'est pas seulement sa crête peroxydée, son allure déguindée et sa démarche nonchalante qui interpellent. C'est surtout son talent, son grain de folie dans les crampons qui l'ont propulsé au sommet du hit-parade des joueurs français. Face à des Lloris ou des Cabaye à l'image un peu lisse, face à des Benzema ou des Evra à l'image un peu écornée, lui possède l'alliage parfait du crack qui remplit les stades et fait vendre des maillots : le charisme et ce petit truc en plus dans les pieds.
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Paul Pogba, le milieu de terrain de l'équipe de France.

Crédit: AFP

Sauf que l'histoire est un peu trop belle, la peinture un peu trop fraîche. Paul Pogba a 22 ans et seulement trois saisons complètes chez les professionnels dans les mollets. Il ne peut pas endosser si facilement ce costume de leader que tous les tauliers du groupe France se refilent comme une patate chaude. Ce rassemblement est venu le rappeler brutalement. Car de Pogba, il fut beaucoup question hors du terrain pour finalement deux prestations sinon anecdotiques, disons tout juste convenables. Au Portugal (0-1), il devait endosser une bonne partie des prérogatives offensives des Bleus en pointe d'un losange, en soutien des attaquants dans un poste de numéro 10 qui soulève toujours autant de fantasmes.

Trop tôt pour en faire le successeur des plus grands

Sauf qu'il n'a jamais vraiment su où se positionner. "Le coach m’a essayé. Ça n’a pas très bien marché", reconnaissait-il sur le plateau de Téléfoot dimanche. Ce lundi, il est revenu au cœur du jeu, à droite de la sentinelle. Ce ne fut pas beaucoup mieux. Comme à Lisbonne, il a multiplié les touches de balle et ralenti le jeu des Bleus. L'envie de bien faire ne suffit pas. Lui ne se cache pas. Mais à force de trop lui en demander, il a fini par vouloir s'occuper de tout alors qu'il devrait viser la simplicité, le jeu à l'instinct. Dans les couloirs de l'enceinte bordelaise, il a préféré éviter les questions, répondant aux sollicitations par un sourire crispé.
Le fond du problème se situe sans doute dans l'attente qu'il suscite. En France, il circule un théorème selon lequel une équipe de France ne peut pas performer dans une grande compétition sans un immense joueur. Etudes de cas : Raymond Kopa pour la Coupe du monde 1958, Michael Platini pour les Mondiaux 1982 et 1986 et l'Euro 1984, Zinedine Zidane pour les Coupes du monde 1998 et 2006 et l'Euro 2000. C'est implacable. Si la France veut retrouver le haut du pavé en juin, il lui faut un joueur de cette trempe-là. Sauf que ce n'est pas parce qu'il porte désormais le numéro 10 de la Juve ou qu'il est annoncé chaque semaine dans les meilleurs clubs du monde contre des sommes irréelles que Pogba est l'égal de ses prédécesseurs. Il n'évolue pas dans le même registre et n'a pas encore l'influence d'un ZZ, d'un Platini ou d'un Kopa sur le jeu et les résultats de sa sélection.

Après l'avoir bousculé, Deschamps le protège

Aujourd'hui, Pogba est un excellent milieu relayeur, l'un des meilleurs au monde. Pas encore un candidat sérieux au Ballon d'Or. Son début de saison avec la Juve et sa semaine en Bleu rappellent la fragilité de son statut, la nécessité d'être au top de sa forme physique et encore plus régulier au plus haut niveau. Il suffit de noter le changement net de la communication de Didier Deschamps à son égard pour pointer les nouveaux dangers qui guettent Pogba.
Avant la Coupe du monde, le sélectionneur n'hésitait pas à le remplacer en cours de match avant de le tancer sérieusement pour le responsabiliser : "Tout semble facile pour lui, mais il ne faut pas justement qu’il tombe dans la facilité. Parfois, ça le fait déjouer." Aujourd'hui, alors que Pogba fait l'actualité un jour sur deux, que la France veut en faire le successeur des plus grands, la stratégie du sélectionneur est tout autre. Deschamps est dans la protection : "Il avait une mission défensive, s'occuper de Matic", a-t-il dévoilé ce lundi soir. "Il l'a très bien fait. Il a retrouvé des repères, à l'image de l'équipe. C'est bien pour lui." Le sélectionneur connaît l'importance d'avoir un Pogba dans les meilleures conditions possibles pour tirer les Bleus vers le haut. Mais il sait aussi que Zidane n'est pas devenu Zizou du jour au lendemain.
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Paul Pogba lors de France-Serbie en match de préparation à l'Euro 2016

Crédit: Panoramic

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