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Le choix de Fekir vu d’Algérie : "Il est passé de l’ombre à la lumière et ça l’a un peu aveuglé"

Alexis Billebault

Mis à jour 24/03/2015 à 09:22 GMT+1

Nabil Fekir fera probablement ses premiers pas en Bleu, jeudi face au Brésil ou dimanche face au Danemark. Son cas a fait couler beaucoup d'encre en France. En Algérie, aussi. De l'autre côté de la Méditerranée, on espérait qu'il choisirait différemment. Et la pilule passe plus ou moins bien.

Nabil Fekir et Geoffrey Kondogbia lors du premier entraînement des Bleus

Crédit: AFP

L’incroyable barouf fait autour du dossier Fekir les semaines qui ont précédé la publication de la liste de Didier Deschamps n’a pas forcément trouvé son épilogue. Sur les réseaux sociaux, comme ailleurs, son cas est toujours source de débats sans fin. Jeudi dernier, le sélectionneur des Bleus a dévoilé la liste des vingt-trois joueurs appelés à croiser le Brésil (26 mars à Saint-Denis) puis le Danemark, trois jours plus tard à Saint-Etienne, et le plus étonnant aurait été de ne pas y retrouver le nom du buteur lyonnais.
Auteur de 11 buts et de 7 passes décisives depuis le début de la saison, le natif de la capitale des Gaules était devenu l’attraction médiatique des premiers jours de mars, à cause d’une communication mal maîtrisée. En Algérie, sa décision d’opter pour la France après avoir appelé Christian Gourcuff, le sélectionneur des Fennecs, afin de lui annoncer qu’il jouerait pour le pays de ses parents n’a pas très bien perçue. "Ce n’est pas tant qu’il ait choisi la France qui a beaucoup fait parler ici, même si des gens l’ont critiqué sur ce point. Ce qui a posé problème, c’est sa communication, et celle de sa famille", explique Ali Fergani, ancien international algérien (72 sélections de 1973 à 1986) puis sélectionneur (1995-1996 et 2004-2005).
L’ancien milieu de terrain se souvient "avoir beaucoup entendu le père du joueur, qui souhaitait que son fils joue pour l’Algérie. Et quand Fekir a finalement dit qu’il porterait le maillot de la France après l’avoir déclaré à L’Equipe, on a vu son grand-père presque pleurer à la télé, en disant qu’il déçu. Tout cela a contribué à alimenter le débat. On sentait bien que Fekir était pris entre deux feux."
Un avis partagé par son ex-coéquipier en sélection Noureddine Kourichi, adjoint de Vahid Halilhodzic chez les Fennecs (2011-2014) et notamment en charge du dossier des binationaux. "Nabil Fekir faisait partie des joueurs qu’on surveillait de loin car, la saison dernière, il ne jouait pas beaucoup. Evidemment, avec ce qu’il fait cette année, il passe de l’ombre à la lumière, et ça l’a un peu aveuglé. Je pense qu’il hésitait et qu’il était tiraillé entre la France car il y est né, y a été formé, y joue et a porté le maillot des Espoirs, et l’Algérie. Il est fort possible qu’il ait appelé Gourcuff un peu sous la pression familiale et qu’il ait finalement changé d’avis parce que Lyon lui a mis la pression et que son nouvel agent, Jean-Pierre Bernès, est aussi celui de Deschamps. 
Son choix aurait été mieux compris s’il l’avait tout de suite annoncé
Le rôle de Bernès, un des hommes les plus influents du football français, et le pouvoir de persuasion de Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, n’ont échappé à personne, et surtout pas à Alain Michel, l’entraîneur du CR Belouizdad (Ligue 1 algérienne). "Aulas voit aussi l’intérêt économique. Si Fekir est régulièrement appelé en équipe de France et s’il fait un bon Euro en 2016, il y aura forcément une possibilité de le vendre à un bon prix car il aura pris encore plus de valeur. Face à toutes ces influences, pour un gamin de 21 ans, ce n’est pas facile à gérer", explique ce fin connaisseur du contexte algérien, puisqu’il a également entraîné le MC Alger, le MC Oran, la JSM Bejaia et la JS Saoura.
"D’ailleurs, Mohamed Raouraoua, le président de la fédération algérienne, n’a pas vraiment livré de combat, car c’est un homme qui ne se lance pas dans une bataille perdue d’avance", ajoute le technicien français. "Il faut respecter son choix. Mais en Algérie, cela aurait été nettement mieux compris s’il avait tout de suite annoncé. Ce revirement a provoqué des réactions hostiles, et sa convocation en équipe de France ne va pas calmer les critiques des plus virulents", reprend Fergani.
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Nabil Fekir (Lyon) contre Toulouse en Ligue 1, le 11 janvier 2015

Crédit: AFP

Bien sûr, l’attaquant lyonnais dispose réglementairement d’une porte de sortie, puisque la France ne disputera que des matches amicaux d’ici à l’Euro 2016. "Si jamais ça ne marche pas pour lui avec les Bleus, il peut, comme la FIFA l’y autorise, décider de jouer pour l’Algérie. Mais honnêtement, je pense qu’il serait mal accueilli ici. Moi, je lui souhaite de réussir avec la France", poursuit Fergani. "Un binanational qui hésite, ce n’est pas forcément très bon. Des garçons comme Nasri ou Benzema, qui sont d’origine algérienne, ont tout de suite donné leur préférence à la France, et en Algérie, cela n’avait posé aucun problème. Et on sait que faire une grande carrière avec la France sera toujours plus valorisée qu’avec l’Algérie", intervient Kourichi.
Depuis Alger, Alain Michel suppose que la polémique finira par s’atténuer, puis définitivement disparaître. "Ce n’est pas une affaire d’Etat. Bien sûr, on trouvera toujours des gens qui n’accepteront pas son choix. Mais les choses rentreront bientôt dans l’ordre…"
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