Avant France-Espagne - Pour le bolide Dembélé, l’autoroute est dégagée

On l’avait laissé frustré en novembre dernier, les yeux baissés et le moral en berne. Sans exagérer. Pour sa première titularisation en Bleu, face à la Côte d’Ivoire (0-0-), Ousmane Dembélé n’avait pas su se montrer à la hauteur de son formidable talent et des attentes qui vont avec. "J’étais content d’être titulaire, mais je ne me suis pas lâché sur le terrain. Je n’ai pas montré ce que je sais faire" avait détaillé l’ailier du Borussia Dortmund, conscient qu’il devait faire mieux.

Pire, Didier Deschamps, sans le nommer évidemment, avait mis en garde son jeune prodige : "Je n’aurai peut-être plus l’occasion de donner du temps de jeu à des jeunes pour qu’ils touchent du doigt le haut niveau avec des exigences élevées. Évidemment, certains doivent faire plus, faire mieux". Autant le dire de suite, malgré sa timidité apparente, l’ancien du Stade Rennais semblait bien plus soulagé samedi soir.

Une analyse courte, sobre mais efficace. Tout l’inverse de son match face au Luxembourg (1-3) où son apport au jeu des Bleus a été l’une des seules éclaircies.

C’est bien simple, Dembélé a été le principal détonateur du jeu tricolore. Chacune de ses prises de balle se sont faites dans l’optique d’aller provoquer la défense adverse et ses dribbles, toujours aussi déroutants, ont mis à mal le bloc défensif luxembourgeois. Le dribble utile en somme. D’ailleurs, c’est la première fois depuis 2013 et un certain Franck Ribéry face à l’Ukraine qu'un Tricolore tente autant dans un match international.

Surtout, le feu-follet français a prouvé qu’il n’était pas uniquement un joueur d’espaces, dont il raffole pourtant en Bundesliga. Autrement dit, son répertoire est bien plus fourni. Mieux, on l’a même vu parfaitement botter certains corners du pied gauche (il est aussi à l’aise avec le pied droit que le gauche) lorsque Dimitri Payet est sorti. De quoi définitivement lancer la fusée Dembélé en Bleu ?

En réalité, si Dembélé peut être satisfait de son match réussi, c’est surtout Didier Deschamps qui doit souffler. Car, mine de rien, malgré le fantastique réservoir des Bleus devant, la position d’ailier droit dans son 4-2-3-1 est l’un des postes où les certitudes sont rares.

Le titulaire en chef lors de la fin de l’Euro, Moussa Sissoko, est en grande difficulté du côté de Tottenham où son temps de jeu est insuffisant. En tout cas pour que DD fasse appel à lui. L’autre spécialiste cet été, Kingsley Coman, n’est plus aussi utilisé au Bayern et connaît un petit coup de moins bien après son éclosion éclaire en 2016. Les autres ? Florian Thauvin est encore un novice à ce niveau, Mathieu Valbuena, qui a longtemps été utilisé à droite en Bleu, n’entre plus forcément dans les plans des Tricolores. Quant à Nabil Fekir ou Anthony Martial, leur forme en club ne leur permet pas encore de venir bouleverser la hiérarchie.

Tout l’inverse d’un Dembélé qui brille week-end après week-end. Face à l’Espagne mardi (20h45), "Dembouz" aura un client en la personne de Jordi Alba. Un test grandeur nature sur la capacité du jeune homme – il aura 20 ans en mai prochain – à mettre à mal ses concurrents directs, aussi expérimentés soit-il. Et rassurer la France du même coup : avec Dembélé, les Bleus tiennent peut-être leur titulaire pour la décennie à venir.