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Euro 2016 - Del Bosque a recomposé son attaque pour introniser sa MSN

François-Miguel Boudet

Publié 07/06/2016 à 07:42 GMT+2

MATCHES AMICAUX - Pendant 2 ans, Diego Costa et Paco Alcacer ont été les deux buteurs les plus utilisés par Vicente Del Bosque. Pour des raisons diverses, aucun des deux ne jouera l'Euro. Le sélectionneur les a sacrifiés au profit d'une ligne d'attaque Morata-Silva-Nolito. Et cette MSN espagnole a de quoi impressionner.

La MSN espagnole, Morata-Silva-Nolito

Crédit: Eurosport

En début de saison, la ligne d'attaque était un véritable chantier, notamment en pointe, et les prétendants étaient nombreux. Des problèmes de riches, certes, mais des problèmes malgré tout. A quelques jours de l'Euro, et confronté à un groupe très relevé (République tchèque, Croatie, Turquie), Vicente Del Bosque semble avoir trouvé la bonne formule. Elle a pour nom de code MSN, pour Morata, Silva, Nolito. Contre la Corée du Sud (6-1) mercredi, les trois ont marqué.
Souvent présenté comme moins talentueux que Juan Mata à l'époque où ils jouaient ensemble à Valencia, David Silva a toujours été préféré par VDB au joueur de Manchester United, dont l'absence à l'Euro n'est qu'une demi-surprise. Appuyé par Sergio Busquets, Andrés Iniesta et possiblement Bruno Soriano, peu connu mais excellent tout au long de la saison avec Villarreal, "El Chino" a été très bon (la routine) et a inscrit un maître coup franc, une première pour la Roja depuis novembre 2012, au Panama.
Double buteur contre la Bosnie et contre la Corée du Sud, Nolito est dans la forme de sa vie. Grand artisan du retour en Coupe d'Europe du Celta de Vigo entraîné par Toto Berizzo (6e à 4 points de la zone C1), le joueur formé à la Masia est tout simplement inarrêtable. Annoncé de retour au Barça la saison prochaine, le joueur de 29 ans a convaincu. Son énergie est communicative.
Installé en 9 par VDB, Morata y est aussi allé de son doublé (Silva n'était plus sur le terrain) et a contribué à la bourde du gardien adverse sur le but de Cesc Fabregas. Mis en concurrence par Paulo Dybala et Mario Mandzukic à la Juventus, l'ancien attaquant du Real Madrid a peu marqué en Serie A (7 buts en 34 matches dont 16 comme titulaire) mais a brillé sur la scène européenne et a sauté Alcacer sur la ligne pour reprendre une métaphore cycliste. Les mauvaises langues diront que son passé merengue a tout de même bien aidé car bien que très talentueux, en matière de buteur en pointe, le Madrilène est loin derrière beaucoup d'attaquants de Liga. Pour autant, il réalise de bons matches avec la Roja et c'est bien l'essentiel pour Del Bosque. Les seuls doutes que l'on peut avoir avec le Celtista et le Bianconero concernent leur régularité et leurs blessures musculaires. Nolito a été absent deux mois (entre décembre et février) et Morata a eu une alerte début mai. Quoi qu'il en soit, cette MSN a de la gueule et il serait intéressant de la voir plus longtemps à l’œuvre mardi contre la Géorgie. Pour les remplacer, le sélectionneur a du banc, une sécurité supplémentaire.
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Nolito celebra un gol de España ante Bosnia.

Crédit: AFP

Aduriz et Vazquez : la prime au mérite

Globalement, Del Bosque a fait appel à un quatuor offensif inattendu : Alvaro Morata, Aritz Aduriz, Nolito, Lucas Vazquez. Capable d'évoluer en pointe ou sur le côté, Morata est polyvalent, un avantage indéniable lorsqu'il faut aborder un tournoi d'un mois. Auteur d'une saison exceptionnelle (meilleur buteur espagnol en Liga avec 20 réalisations et meilleur buteur de la Ligue Europa avec 10 unités), le vétéran Aduriz (35 ans) sera la seule pointe pure. Dans les airs, c'est un hélicoptère et son jeu de tête sera très précieux, notamment en déviation. A un moment ou à un autre, il devancera son défenseur et ça terminera dans les ficelles. Sa présence fait l'unanimité en Espagne et c'est la calle qui a contribué à sa sélection. Son profil ressemble à celui de Fernando Llorente qui a longtemps eu les faveurs de VDB. Dans un système à 2 pointes testé en seconde période contre la Corée du Sud, Fernando Torres aurait pu avoir sa place. Mais avec un 4-3-3 privilégié, il est normal que Del Bosque ait préféré le laisser à la maison.
Quant à Lucas Vazquez, sa sélection est amplement méritée. Régulièrement utilisé par Rafa Benitez, écarté par Zinedine Zidane au début de son mandat, l'ancien joueur de l'Espanyol est revenu dans la rotation du Real Madrid, soit comme titulaire, soit comme première option offensive en sortie de banc. C'est même lui qui s'est présenté en premier devant Jan Oblak lors de la séance de tirs au but en finale de la Ligue des Champions. Ça vous pose le bonhomme. Dans la liste finale, Isco a été recalé et, même s'il a de nombreux supporters, son absence demeure assez logique au final. D'une certaine manière, Lucas Vazquez représente la victoire du travail sur le statut.
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Lucas Vázquez, Real Madrid

Crédit: Imago

Costa et Alcacer : sacrifiés et déjà oubliés

Il aurait été si bien à l'époque de la Furia Roja ! Diego Costa, sa grinta, sa puissance, sa hargne. Mais aussi ses coups bas, ses accès de violence et son incapacité chronique à se fondre dans le collectif tiki-taka de la Seleccion. Dix sélections pour un but, c'est bien trop peu. Son arrivée au sein d'un effectif si bien huilé a toujours eu des airs d'éléphant dans un magasin de porcelaine. Une erreur de casting terrible à la fois pour le staff espagnol et pour le joueur qui avait un boulevard avec la Canarinha. Insipide avec la Roja, 4e voire 5e choix dans les sondages populaires proposés par les quotidiens sportifs ibériques, "La Bestia" a terminé la saison blessé et sans exagérer, tout le monde s'en est trouvé soulagé. Même sans cette blessure, son absence aurait été logique et méritée. Son comportement sanguin, doux euphémisme, est très mal vu en Espagne car il affaiblirait le collectif.
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Diego Costa, l'attaquant de l'Espagne, le 12 octobre 2014, face au Luxembourg.

Crédit: AFP

Mais en ce qui concerne Paco Alcacer, la claque est sévère. Dans Kaamelott, on appellerait ça une tartine. Meilleur buteur des qualifications, auteur de sa meilleure saison en termes de buts (13 en 34 matches dont 25 comme titulaire), devenu capitaine du Valencia CF, "Paquito" a payé l'année catastrophique de son club. Contraint de partager le poste de 9 avec Alvaro Negredo qui ne met pas un pied devant l'autre depuis des mois (ou alors façon Neil Armstrong sur la Mer de la Tranquilité), le fils préféré de Mestalla a été écarté par manque de polyvalence. Les media valenciens n'ont pas décoléré pendant plusieurs jours mais à l'heure actuelle, et c'est malheureux pour un joueur au dévouement total et méritant, sa mise à l'écart ne choque plus personne.
Une nouvelle fois, tout en expérience et en sagesse, Vicente Del Bosque a transmis ses idées pour faire oublier un Mondial 2014 calamiteux et partir à la conquête d'un nouvel Euro. Si son plan MSN fonctionne, la Roja ne sera pas loin du compte et la moustache la plus connue du football pourra prendre une retraite bien méritée.
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Vicente Del Bosque, España

Crédit: AFP

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