Monaco, AS Rome, Liverpool : Ils avaient tous une gueule de champion

Ils sont les dindons de la farce. Leurs bilans comptables sont monstrueux et leur auraient assurés, en temps normal, un titre de champion dans un fauteuil. Monaco, l'AS Rome et Liverpool ont des gueules de champion mais se contenteront des accessits à l'issue de la saison. Voilà qui en dit long sur la saison du PSG, de City ou de la Juve, respectivement sacrés en France, en Angleterre et en Italie.

Monaco n'est pas verni. Il est tombé sur un PSG qui a marqué l'histoire en battant le record de points cumulés sur une saison (86 avant la dernière journée de championnat). Dommage pour l'ASM qui a pourtant tout fait pour lui disputer la couronne dès son retour parmi l'élite. Monaco a mis tellement de cœur à l'ouvrage qu'aucun dauphin ou presque n'avait atteint de telles hauteurs. Les joueurs de Ranieri culminent à 79 points à la 37e et avant-dernière journée. Seuls Nantes en 1985 (80 points) et le Paris FC en 1961 (79 points mais une meilleure différence de buts, +36) dominent encore le Monaco actuel dans l'histoire des meilleurs deuxièmes. Mais en cas de victoire face à Bordeaux, l'ASM établira donc un nouveau record pour un club non couronné en fin de saison (82).

La frustration est d'autant plus grande pour Monaco que 79 points suffisent le plus souvent pour décrocher le titre. Sur 48 championnats de Ligue 1 ou Division 1 joués à vingt équipes, 25 ont été attribués à des équipes qui n'ont pas atteint le score de Monaco cette saison. Seuls dix clubs dans l'histoire du championnat de France ont terminé l'exercice avec plus de 82 points au compteur, le total qu'atteindra Monaco en cas de victoire en Gironde. Le club de la Principauté aurait pu être le onzième champion le plus efficace de l'histoire. Mais Paris est passé par là.

L'AS Rome aussi peut l'avoir mauvaise. Invaincue jusqu'à la 18e journée de Serie A, l'AS Rome a établi un record cette saison : dix victoires lors des dix premières journées. Pourtant, les hommes de Rudi Garcia ne gagneront aucun titre en cette fin d'exercice. Ce n'est pas faute d’avoir tout essayé. Depuis que le championnat italien est passé à vingt clubs en 2004, peu de champions ont atteint le total actuel de points des Romains (85) auxquels il reste encore une journée de championnat à disputer. Seuls l'Inter en 2007 (94 points) et la Juve l'an passé (87 points) ont fait mieux. Mais, avec 99 points, la Juventus était intouchable.

Une équipe qui marque plus de 100 buts et qui n'est pas championne, c'est rarissime. En Premier League, ce n'était plus arrivé depuis 1963 (Tottenham). C'est pourtant le sort malheureux qu'a connu Liverpool cette saison. Les deux meilleurs buteurs du championnat anglais, Luis Suarez (31) et Daniel Sturridge (21), n'ont pas suffi.

L'attaque de Liverpool était sans conteste celle d'un champion en puissance. La saison des Reds aurait pu les couronner. Leur total de 84 points aurait suffi à les titrer pour la septième fois depuis les débuts de la Premier League en 1993. Seul souci : Liverpool ne possède pas la meilleure attaque des cinq grands championnats. La bande à Gerrard est devancée par… Manchester City (102 buts). L'os sur lequel elle a buté en toute fin d'exercice.

En Liga, la règle depuis quelques saisons est de voir des dauphins à des hauteurs improbables. Depuis 2005, et à une exception près (2008), le championnat d'Espagne se résumait à un duel Barça-Real en très hautes altitudes et il n'était pas rare de voir le battu à plus de 90 unités (2012, 2011, 2010). Cette année, le titre pourrait se jouer à 89 unités.

Parce que cette année, ils ne sont pas deux mais trois à s'être disputés le Graal. Voilà la vraie anomalie de cette Liga 2013-14 par rapport à ces dernières devancières. Avec 84 points au compteur (potentiellement 87 s'il s'impose lors de la dernière journée), le Real va exploser le record de points pour un troisième en Liga (détenu jusqu'ici par le FC Barcelone à l'issue de la saison, 80 points en 1995-1996).

On croyait Dortmund, finaliste de la dernière Ligue des champions, capable de titiller le Bayern. Les Bavarois étaient beaucoup trop forts cette année et les hommes de Klopp beaucoup trop irréguliers. Il n'y a jamais eu match. Dortmund a fini loin, très loin (19 points) et, même sans une immense saison du Bayern, sa saison ne lui aurait pas permis de viser la couronne.