A Chelsea, Rafael Benitez connaît un intérim mouvementé, entre fans, presse et blogueur tchèque

Ce qui est bien avec Rafael Benitez cette saison, c’est qu’on ne s’ennuie jamais. En conférence de presse, j’entends. Parce que sur le terrain, son équipe de Chelsea est quand même très loin du spectacle que le manager espagnol nous offre face à la presse depuis son arrivée au club en novembre dernier en remplacement de Roberto Di Matteo, champion d’Europe en titre déchu.

Ce qui est bien surtout avec Benitez, c’est que ce n’est jamais de sa faute. Vous allez me dire que la plupart des entraineurs sont comme ça. Mais cette année, et avec quelques mois de retard, il est quand même, haut la main, médaille d’or olympique du technicien de plus mauvaise foi ! Chelsea a beau encore être qualifié en FA Cup (demi-finale à venir à Wembley contre Manchester City) et en Ligue Europa (quart de finale retour au Rubin Kazan la semaine prochaine avec un avantage de deux buts), ses difficultés en championnat (4e place actuelle) et l’incertitude d’une qualification pour la prochaine Ligue des champions rendent le bilan provisoire de Benitez beaucoup plus discutable. En Premier League, on a souvent vu des performances indigestes (comme à Southampton récemment par exemple) où les choix tactiques du technicien étaient parfois difficile à comprendre.

Mais c’est surtout l’inimitié avec ses propres supporters qui a marqué jusqu’ici son mandat. Dès sa nomination, les réguliers de Stamford Bridge ont crié leur désaccord. Trop Liverpool, trop défensif, trop ennemi de Mourinho, trop ennemi de Chelsea finalement, lors de son passage chez les Reds et trop “rouillé” aussi après son expérience ratée à l’Inter Milan et ses mois sabbatiques.

A sa place, je ne sais pas ce que j’aurais fait pour renverser la tendance. Il avait bien commencé en avançant qu’il allait tout faire pour gagner le cœur des fans et que le meilleur moyen, c’était de gagner les matches. Jusque là, tout allait bien. Il nous a même fait un peu de peine quand Stamford Bridge se mettait à chanter les noms de Di Matteo ou de Mourinho (ils l’ont encore fait jeudi contre le Rubin Kazan), à entonner quelques insultes à son égard et ne pas le calculer. Finalement, tout a basculé un soir de victoire à Middlesbrough en FA Cup, le 27 février (2-0). C’est peut-être le froid venteux du nord-est du pays qui lui était monté à la tête lors de la conférence de presse d’après match.

“Les supporteus (qui me critiquent) ne rendent pas service à l’équipe, avait-il affirmé. Ils perdent leur temps à chanter contre moi. Ils doivent soutenir l’équipe. Il faut qu’ils comprennent qu’ils font une grosse erreur.” Au rayon erreurs, il en a ensuite rajouté une couche. Si les choses se passent mal, ce n’est pas seulement à cause des supporters mais aussi de son titre d’entraineur ”intérimaire”. “Quelqu’un a fait une erreur. Ils ont mis comme qualificatif manager 'intérimaire', et je partirai à la fin de la saison. Comme ça ils ne perdront plus leur temps avec moi. Quelqu’un a décidé (de son qualificatif) mais c’était une erreur. Je suis le manager.”

Trois jours plus tard, dans une autre conférence de presse, il a fait magistralement machine arrière. Un bon rétropédalage en bonne et due forme. Sauf que le mal était fait et sa cote a encore plus plongé, tant coté tribunes que coté bureau où Roman Abramovich n’a pas du tout apprécié. Mais Rafa était lancé ! Il a ensuite régulièrement accusé les médias anglais d’être contre lui, de ne lui poser que des questions pièges, d’être trop négatifs envers lui et son équipe arguant que Chelsea faisait une excellente saison.

Mais le plus marrant restait encore à venir. Le 28 mars, l’Espagnol révélait enfin le cœur du problème : un blogueur tchèque ! “Aujourd’hui, vous avez une personne en République tchèque qui a inventé une déclaration de moi, disant, Rafa a dit qu’il n’entrainerait jamais Chelsea de sa vie et ensuite, c’est repris partout. Cela devient “la vérité” alors que ce n’est pas vrai et cela n’a jamais été vrai.” Donc cinq mois après sa nomination et cinq mois après la publication de cette déclaration, Benitez réagit et s’insurge ! La République tchèque a peut-être des joueurs de football et de hockey sur glace talentueux, une superbe capitale et de très jolies filles, mais surtout un blogueur qui visiblement est la source de tous les problèmes de Chelsea et de son entraineur cette saison. Benitez s’est plaint qu’il ne pouvait plus changer la perception des gens à cause de cette invention. S’il avait réagi plus tôt, cela aurait peut-être été différent.

Parce que ça lui arrive aussi de réagir vite. Tenez, prenez Ray Wilkins. Ancienne gloire du club, ancien entraineur adjoint de Carlo Ancelotti notamment qui s’est permis, mardi 2 mars, de dire que Benitez était responsable de la blessure à la cuisse d’Ashley Cole la veille contre MU pour ne pas l’avoir assez reposé. Le lendemain, RB lui a répondu. “J’ai cru que c’était un poisson d’avril quand il a dit ça. Peut-être que c’était une blague parce que vous ne pouvez pas prendre ça au sérieux. J’ai un diplôme en science du sport en Espagne et c’est la première fois que j’entends une telle chose. Donc je le répète, poisson d’avril.” Superbe.

Il reste un peu moins de deux mois avant la fin de la saison. D’ici là, on devrait encore bien avoir quelques nouveaux arguments “beniteziens” pour nous expliquer que ce qui s’est passé cette saison (peu importe son résultat d’ailleurs) est de la faute de tout le monde, sauf de la sienne.