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Du derby au choc

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 21/10/2011 à 18:39 GMT+2

Quelque chose est en train de changer à Manchester. Pour la première fois depuis plus de 40 ans, l'enjeu sportif est en passe de surpasser la rivalité de clocher entre les deux clubs. La confrontation mancunienne n'est plus seulement un derby, mais un rendez-vous incontournable du championnat.

2011 Premier League Manchester United City Young Richards

Crédit: AFP

"This is how it feels to be City. This is how it feels to be small. This is how it feels when you win nothing at all." (1) Il y a encore quelques années, ce chant des supporters de United fleurissait à chaque derby mancunien. C'était le temps des moqueries. Du mépris. L'insolente réussite sportive de MU tranchait avec les errements des Citizens, jamais en mesure de se mettre au niveau du voisin rouge. Ce temps là est révolu. Le public d'Old Trafford ne peut plus prendre de haut son rival. L'émergence progressive de City au sommet du football anglais ces dernières saisons modifie les rapports entre les deux clubs et le rendez-vous de dimanche, grand évènement de ce début de saison, en est la meilleure preuve.
Evidemment, la guéguerre entre United et City a toujours existé. Mais l'essence même d'une rivalité, ce qui lui confère sa substance, c'est d'abord sa consistance sportive. Sans elle, il manque forcément quelque chose. Elle est vouée à rester artificielle. Andy Cole l'avoue, pour lui, jouer City n'a jamais constitué le challenge le plus excitant du temps où il portait les couleurs de MU. "Nous les respections comme n'importe quel autre club, mais nos vrais rivaux, c'était Liverpool, c'était Arsenal. Cette histoire de derby, c'était surtout pour les fans plus que pour les joueurs", explique dans le magazine Four Four Two l'ancien buteur des Red Devils à la fin des années 90. United-City, c'était alors davantage Real-Atletico, voire Bayern-1860, que Milan-Inter. Du folklore pour les gens du coin, mais sans réelle envergure nationale.
Cleverley: "C'est bon pour Manchester, pour la ville et pour le derby"
Les querelles de clocher ont leur charme, mais aussi leurs limites. Or voilà plus de 40 ans que, sportivement parlant, United et City n'ont plus été ensemble au sommet. En 1968, Manchester était la capitale du football anglais et même européen. Le City de Joe Mercer enlevait son deuxième (et dernier) titre de champion, au nez et à la barbe du MU de Matt Busby, qui se consolait largement en remportant la Coupe des champions. Le légendaire Dennis Law, qui a joué pour les deux clubs, a conservé une certaine nostalgie de cette époque. "Il y avait alors une vraie compétition entre les deux, c'était intense et on est peut-être en train de retrouver ça aujourd'hui", estime-t-il.
Il est intéressant de noter que, même du côté de United, on apprécie la montée en puissance de City. Un discours que l'on retrouve chez la plupart des joueurs, à l'image de Tom Cleverley, un des jeunes loups de MU. "C'est bon pour Manchester et pour le derby, qui devient un rendez-vous vraiment incontournable maintenant alors que c'étaient trop souvent des matches à sens unique et sans grand enjeu". Nemanja Vidic ne dit pas autre chose: "En tant que joueur, vous avez envie que ces matches soient les plus gros possibles, avec plus de tension, plus d'enjeu. Le derby est plus dur qu'il y a quelques années mais c'est pour ça qu'on joue au football, pour affronter de grands joueurs, dans des supers ambiances", juge le défenseur serbe.
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2011 Manchester United Tom Cleverley

Crédit: PA Photos

Jusqu'où ira la bienveillance du coin rouge?
En réalité, la notion de derby est en train de se transformer à Manchester. Paradoxalement, c'est plutôt chez les Citizens que l'on regrette cette mutation. Prenez Micah Richards. Formé au club, le jeune défenseur international de City a suivi cette évolution. "Il y avait plus l'esprit derby il y a quelques années quand nous avions des joueurs comme Michael Johnson, Stephen Ireland ou Richard Dunne, parce qu'ils savaient ce que ça représentait de gagner le derby, estime-t-il. Ça reste un gros match, mais ça n'a plus ce côté guerrier qu'il y avait, ce côté féroce. Et c'est ça, le derby, ça taclait dans tous les sens, c'était brûlant. Je préférais ça. C'est différent aujourd'hui."
Une grande majorité se réjouit toutefois de la dimension prise cette saison par la rivalité entre les deux clubs, y compris du côté de United. Après tout, battre une équipe de City compétitive n'en sera que plus savoureux, voilà ce que se disent les supporters des Red Devils. "C'est vraiment super pour toute la ville d'avoir les deux équipes au sommet", juge Dennis Law, qui dit espérer que City et United se disputent le titre cette année (City est aujourd'hui leader avec un point d'avance sur MU). Comme de son temps. Reste une interrogation: jusqu'où ira la bienveillance du coin rouge envers le coin bleu? La crédibilité sportive retrouvée de City peut servir la propre gloire de United, à condition que MU reste devant son rival. "Ils nous appellent les bruyants voisins, sourit Micah Richards. Je pense qu'ils commencent à avoir un peu peur." Un signe des temps.
(1) "Voilà ce que ça fait d'être City. Voilà ce que ça fait d'être petit. Voilà ce que ça fait de ne rien gagner."
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