Lampard fait rempart

Un véritable retour de flamme. Trop vieux, trop usé sous l'ère Villas-Boas, Frank Lampard a retrouvé tout son éclat avec la nomination de Roberto Di Matteo en lieu et place du technicien portugais. Mais il revient de loin. Passé du statut d'âme des Blues à celui d'un vieux grognard conspirateur, Lampard était promis au banc des remplaçants jusqu'à la fin de saison. Bref, l'emblème était blême. L'éviction d'AVB lui a permis de se reconstruire une virginité et de voir son influence régner à nouveau sur le terrain, et en dehors. Les mauvaises langues disent que ce sont lui et John Terry qui font les consignes du côté de Stamford Bridge, Roberto Di Matteo n'étant qu'un fantoche. La réalité n'est sans doute pas si brute mais il est vrai que Lampard, du haut de ses onze années au club et de ses 149 buts, participe activement à l'émancipation des Blues.

Sans aller jusqu'à reconnaître l'autogestion à Chelsea, Harry Redknapp, le manager de Tottenham, admet la responsabilité évidente de Lampard dans le second souffle des Blues. "Drogba, Cole, Terry et Lampard ont de sacrés tempéraments", observe le coach des Hotspurs. "Terry a sans aucun doute les qualités pour devenir un jour le manager de Chelsea. Et Lampard aussi, s'il le veut. Ce ne serait pas un problème pour eux, ils connaissent tellement bien le jeu". Redknapp, l'homme qui a lancé Lampard à West Ham peut en tout cas se féliciter de la réussite de celui qui est son neveu. Et le craindre au moment de se déplacer à Stamford Bridge pour un derby londonien qui s'annonce aussi explosif que décisif puisque Tottenham, en totale perte de vitesse ces dernières semaines (deux succès en neuf matchs), ne compte plus que 5 points d'avance sur les Blues. Et ces derniers n'ont jamais connu la défaite face à leurs rivaux de la capitale lors de 24 derniers matchs à domicile, engrangeant au passage 16 victoires.

Défait par Manchester City lors de la dernière journée (2-1), Chelsea a connu son premier revers sous l'ère Di Matteo avec trois victoires de rang dont une qualification héroïque face à Naples en huitième de finale de la Ligue des Champions (1-3, 4-1). Lampard, auteur du troisième but qui envoyait les deux équipes en prolongations, avait rameuté les siens vers l'exploit. Et confirmé sa forme éclatante. Avec 13 buts en 29 matchs cette saison, le milieu anglais n'est plus très loin de ses meilleurs crus (il a toujours marqué plus de 20 buts entre 2005 et 2009, année de son meilleur total avec 29 réalisations). Au point de retrouver sa place dans le onze aux trois lions ? Progressivement écarté de la sélection nationale, Lampard pourrait profiter d'une fin de saison en boulet de canon pour monter juste à temps dans le wagon en partance pour l'Euro en Pologne et en Ukraine. Lampard n'est pas encore bon pour le placard...