José Mourinho de retour à Chelsea : Même homme, autre histoire

Revenir à Chelsea, le club qui a fait de lui une légende. José Mourinho a osé. Le pari est pourtant risqué. Il a plus à perdre qu’à gagner. Mais le Portugais aime les défis et voulait revenir où "il se sent aimé". Les fans des Blues, eux, se frottent les mains. Mourinho, c’est l’homme qui a amené leur club dans le Gotha. Pour cela et sa personnalité à part, il a toujours été adulé par les habitués de Stamford Bridge. Qu’il soit à Milan ou à Madrid. Désormais, Mou et les fans espèrent revivre l’histoire d’amour qui les a unis. Elle sera forcément différente. La donne n’est plus la même.

Quand Mourinho est arrivé en 2004 sur les bords de la Tamise, le club était avide de trophées, de grandeur et de reconnaissance. Le Portugais a su utiliser les moyens immenses mis à sa disposition par le richissime propriétaire russe de Chelsea, Roman Abramovich, pour assouvir ces désirs et faire de Chelsea un champion d’Angleterre - une première depuis 1955 - et un prétendant au sacre européen. Aujourd’hui, les Blues ont bien évolué. Sous sa coupe bien sûr - deux championnats d'Angleterre (2005, 2006), une Coupe d'Angleterre (2007) et deux Coupes de la Ligue (2005, 2007) - mais pas seulement. Car Chelsea a appris à gagner sans lui. Sept titres dont la tant recherchée Ligue des champions en 2012 et la Ligue Europa cette saison ont été décrochés par ses successeurs sur le banc londonien.

En 2004, Roman Abramovich était conscient qu’il fallait dépenser sans compter pour permettre à Chelsea de s’envoler. Mou a eu carte blanche et pu façonner son groupe comme il le souhaitait. Avec ses joueurs, ses recrues. Aujourd’hui, Chelsea a mué. L’été dernier, Roman Abramovitch souhaitait préparer l’avenir, prendre les devants du fair-play financier et voir son équipe développer un jeu plus séduisant. Pour cela, il a recruté des jeunes pépites telles qu’Oscar, Hazard et Azpilicueta. Pendant de longs mois, Abramovitch a même rêvé d’attirer Pep Guardiola, qui a finalement choisi le Bayern. Cette fois-ci, Mourinho ne devrait donc faire que quelques retouches pour améliorer son effectif. Car le talent est déjà là. Le Portugais, qui sait rendre ses groupes meilleurs, devra en fait essentiellement s’activer pour faire murir cette jeunesse et la bonifier.

Si le club et l’équipe ne sont pas dans les mêmes conditions, Mourinho revient aussi au bercail avec une image bien différente. A l’époque, c’est un peu la "curiosité des entraîneurs" qui arrive sous les feux des projecteurs auréolée d’une première C1 remportée à la tête du FC Porto, en 2004. Les médias anglais attendent de le découvrir. Il ne les déçoit pas, va même jusqu’à les séduire, en s’autoproclamant le "Special One" dès sa première conférence de presse. Aujourd’hui, la presse sait à quoi s’attendre. Si son image n'était pas excellente en Espagne, son retour s’effectue en plus alors qu’il sort de sa première saison sans titre majeur (championnat, coupes nationales…) depuis l’exercice 2001-2002.

Son bilan au terme de ses trois années au Real Madrid est assez mitigé. Avec trois trophées ramenés, il n’a pas été à la hauteur des attentes et n’a pas réussi à décrocher la Decima, la dixième C1 tant espérée par les Merengue. Pire, il s’est mis à dos une partie de son vestiaire, lui qui est connu pour être un expert de la gestion des groupes. Six ans après son départ, José Mourinho retrouve les Blues dans des conditions bien différentes. A lui de démontrer encore son talent de manager pour revivre une success story, lui qui rêve d’une nouvelle C1 avec un troisième club. Ça tombe bien, les fans des Blues n’attendent que ça.