Chelsea-Swansea : "Swansea-lona" revu et bonifié par Michael Laudrup

Michael Laudrup faisait davantage l'unanimité sur un terrain que sur un banc de touche. C'est en substance les commentaires qui ont accompagné l'arrivée de l'ancien stratège danois au poste d'entraîneur de Swansea l'été dernier. Beaucoup imaginaient les Swans s'écrouler après la remarquable saison réalisée sous les ordres de Brendan Rodgers l'an dernier. Les expériences mitigées de Laudrup en tant que coach et son adaptation incertaine à la Premier League avaient même poussé certains médias à placer Swansea en dernière position du classement dans leurs prédictions d'avant-saison. Ils se sont lourdement trompés. Neuvièmes du championnat et vainqueurs de la League Cup, les Swans ont fait encore mieux qu'en 2011-2012. Et Laudrup pourrait postuler au titre de manager de l'année tant il a su imprimer un style de jeu séduisant et obtenir des résultats avec le club gallois.

La première évolution du Swansea de Michael Laudrup par rapport à celui de Brendan Rodgers a été d'ordre tactique. Le technicien gallois avait mis en place un  4-3-3 souvent comparé au schéma utilisé par le FC Barcelone, parfois à celui mis en place par José Mourinho puis Carlo Ancelotti à Chelsea.  Avec comme principales caractéristiques des latéraux chargés d'apporter le surnombre en phase offensive pour écarter les lignes adverses, et un milieu organisateur, Joe Allen à l'époque, devant un duo de récupérateurs. Le Gallois a d'ailleurs conservé ce schéma à Liverpool.

Depuis que Michael Laudrup a pris place sur son banc de touche, Swansea évolue dans un 4-2-3-1 qui n'est pas sans rappeler le système de l'équipe d'Espagne. Encore plus quand Michu est aligné à la pointe de ce système. Dans cette configuration, le schéma est tout proche du 4-6-0 souvent mis en place par Vicente Del Bosque lors du dernier championnat d'Europe, avec Cesc Fabregas dans un rôle de "faux numéro neuf". Un changement tactique qui, avec des recrues bien ciblées, est la base de l'évolution du style des Swans cette saison par rapport à l'an passé sous Brendan Rodgers.

Si Swansea a parfois été rebaptisé "Swansealona" la saison dernière, ce n'est pas seulement parce que le schéma des Swans était proche de celui du Barça. Il y avait aussi des similitudes dans la philosophie de jeu, basée sur les passes courtes, une conservation du ballon surtout défensive et un pressing immédiat à la perte du cuir. L'équipe de Brendan Rodgers avait bouclé la saison avec une possession moyenne de 58% par match, du jamais vu pour un promu, et 50 passes de plus par match que cette saison. Mais le fait que cinq des sept joueurs qui effectuaient le plus de passes chez les Swans étaient des défenseurs traduisait la tendance du club gallois à conserver le ballon dans son camp la plupart du temps. Ce n'est plus le cas depuis que Laudrup a pris place sur le banc gallois.

Sous la houlette du technicien danois, Swansea a adopté un style de jeu plus direct. Une possession légèrement inférieure (55% de moyenne), moins de passes, mais aussi plus de tirs (12,5 contre 11,7) et de frappes cadrées (4,8 contre 3,9) par match. Avec 43 buts inscrits, les Swans ne sont qu'à une unité de leur total de l'an passé. Ce phénomène s'explique en partie par le fait que les éléments offensifs de l'équipe galloise jouent plus proches les uns des autres avec Laudrup, et plus près du but. Les ailiers se recentrent davantage que sous l'ère Rodgers, où ils étaient au contraire chargés d'écarter le jeu. Avec des attaquants plus près du but, Swansea a gagné en efficacité sans que sa défense en subisse les conséquences (43 buts encaissés cette année, 51 l'an passé). Mais les joueurs, notamment les recrues, ont aussi un rôle majeur dans cette évolution.

Nombreux sont ceux qui ont été surpris de ne pas voir Michu dans la liste pour le titre de joueur de l'année en Premier League. Recruté pour 2,5 millions d'euros au Rayo Vallecano l'été dernier, l'Espagnol restera en tout cas la plus belle affaire de l'année et la raison majeure de la bonne saison réalisée par Swansea. Si les Swans sont plus efficaces, c'est surtout grâce à ses 17 buts qui font de lui le quatrième meilleur buteur de Premier League. Les chiffres traduisent sa précision dans le dernier geste, notamment ses 36 tirs cadrés sur l'ensemble de la saison en 94 tentatives. Laudrup a su tirer le meilleur de son joueur, que ce soit à la pointe de l'attaque ou en soutien de l'avant-centre. Le Danois garde invariablement le souci de placer Michu dans l'axe, à proximité du but adverse, où son intelligence tactique et sa précision dans le dernier geste sont essentielles dans l'animation offensive des Swans.

L'éblouissante saison de Michu ne doit pas masquer la qualité des autres recrues de Swansea. Un phénomène d'autant plus remarquable que le club gallois avait perdu des éléments clés l'été dernier (Joe Allen, Scott Sinclair, Gylfi Sigurdsson). Arrivé du Celtic Glasgow, Ki Sung-Yeung a admirablement pris la relève d'Allen. Remarquable d'intelligence tactique, le Coréen fait preuve d'un très bon sens du placement et d'une qualité de passe indéniable (92% de passes réussies cette saison). Devant lui, Jonathan De Guzman, venu de Villarreal, et Pablo Hernandez, recruté à Valence, ont beaucoup apporté dans l'animation offensive avec six passes décisives chacun à la clé. Impossible ici de ne pas mentionner José Manuel Flores dit "Chico". Transféré du Genoa à Swansea pour 2,2 millions d'euros l'été dernier, le défenseur central espagnol signe une saison étonnante : il est celui qui réalise le plus de dégagements par match (9,2) et figure dans le top 5 au nombre de tacles (3,5) et d'interceptions (3,5) par rencontre. Preuve que Michu n'est pas la seule trouvaille d'un Michael Laudrup, dont la réussite à Swansea est d'abord passée par un recrutement intelligent.