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250 millions d’euros de profits pour la Premier League: "L’Angleterre, un modèle de cercle vertueux"

Ilyes Ramdani

Mis à jour 26/03/2015 à 18:10 GMT+1

Les clubs de Premier League ont enregistré, pour la première fois depuis 15 ans, des bénéfices record de plus de 250 millions d’euros. Une bonne santé financière que nous décrypte Vincent Chaudel, économiste du sport au cabinet Kurt Salmon.

L'Etihad Stadium de Manchester City

Crédit: AFP

La Premier League bénéficiaire pour la première fois depuis 15 ans, est-ce une révolution ?
V.C. : Pas vraiment. Depuis des années, la plupart des clubs anglais sont bénéficiaires. Deux clubs tiraient le résultat total de la Premier League vers le bas : Chelsea et Manchester City. Ce que veut dire le basculement de cette année, c’est qu’à présent, même Chelsea et City ont redressé leur économie. L’autre nouvelle, c’est que le fair-play financier ne va quasiment pas gêner le football anglais. Il dérange surtout les nouveaux entrants, comme le PSG ou Monaco. Il aurait pu gêner City, mais ils sont épargnés par la hausse des droits TV.
Qu’est-ce que cette bonne santé financière risque de changer pour le football anglais ?
V.C. : Pour prendre l’exemple de Chelsea, c’est assez clair. Ils font beaucoup moins appel à la fortune de leur propriétaire. Ils essaient de diversifier leurs revenus, notamment grâce à leur projet de nouveau stade. Sur le plan sportif, il y a aussi un changement. Plutôt que de recruter uniquement des stars internationales, Chelsea achète beaucoup de jeunes joueurs. Avec deux objectifs : essayer de trouver la pépite parmi eux, et, pour le reste, les valoriser et les revendre à d’autres clubs.
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Eden Hazard, sous le maillot de Chelsea

Crédit: AFP

Dans son ensemble, le championnat anglais va profiter de cette bonne santé financière pour investir. Un club qui a de l’argent ne dépend plus de son actionnaire. Il peut investir dans un stade, dans un centre de formation ou dans une politique sportive.
Comment expliquez-vous le montant faramineux des derniers contrats de droits TV en Angleterre ?
V.C. : La force du football britannique, c’est qu’il est en constante amélioration. Même s’il y a un diffuseur quasi-unique depuis près de 20 ans (BSkyB), la Premier League a toujours connu un développement qualitatif. Puisqu’il progresse, le produit vaut forcément plus : pour le diffuseur, mais aussi pour les partenaires, les spectateurs… Le football anglais est un modèle de cercle vertueux.
A l’inverse, football italien a plutôt illustré un cercle vicieux. La Série A a longtemps été dépendante des droits TV. En parallèle, il y a eu des stades dans lesquels l’ambiance était de moins en moins bonne. D’où une affluence en nette baisse, qui a fait perdre de l’argent aux clubs. Résultat, le championnat italien a été obligé de laisser partir ses meilleurs joueurs en Espagne et en Angleterre, et il a nettement perdu de sa valeur sportive.
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Steven Gerrard (Liverpool) embrasse une caméra après un but

Crédit: AFP

Peut-on imaginer voir ce modèle transposé, un jour, en France ?
V.C. : Seulement en partie, et pour une raison simple : l’adhésion populaire. Le football anglais remplit ses stades à plus de 90%, contre 70% pour les enceintes de L1. Le cercle vertueux britannique ne pourra jamais fonctionner à plein en France.
L’autre point fort du football anglais, c’est la redistribution des droits télévisuels. Elle profite, de façon quasi-équitable, à tous les clubs. Une équipe de deuxième partie de tableau, en Angleterre, peut ainsi se permettre de recruter un international. Cela crée un championnat où les équipes ont, très souvent, des matches de haut niveau à jouer. Ça tire tout le monde vers le haut.
En France, le débat est vif entre ceux qui veulent profiter des droits TV de la L1 pour financer la L2, et ceux qui appellent, comme Jean-Michel Aulas, à financer d’abord l’élite...
V.C. : Je crois que Jean-Michel Aulas a raison. Bien sûr qu’il faut réfléchir à améliorer le niveau de la deuxième division, mais il faut arrêter de demander à la Ligue 1 de financer la Ligue 2. Sauf erreur de ma part, il n’y a pas de coupe d’Europe de L2. Si on renforce nos clubs français engagés en Coupe d’Europe, cela profitera à tout le monde. Avoir des clubs qui brillent en Europe, ça fait grimper le coefficient UEFA, ça augmente les droits TV à l’étranger, ça remplit les stades… Le football français a besoin de locomotives.
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