Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Le "onze de l'année" a de l'allure mais d'autres joueurs, comme Lloris, auraient mérité d'y figurer

Philippe Auclair

Mis à jour 27/04/2015 à 14:26 GMT+2

PREMIER LEAGUE - La PFA, le syndicat des joueurs professionnels anglais, a donc choisi son "onze de l’année". Leur sélection tient-elle la route ? Philippe Auclair analyse les choix et donne les siens.

Pour Philippe Auclair, Hugo Lloris avait sa place dans l'équipe de l'année

Crédit: Eurosport

Gardien : David De Gea (Manchester United)

Sans lui, Manchester United serait-il en course pour une place dans le Top 4? Vraisemblablement pas. Qu’il ait été élu "homme du match" tant de fois lors de la première moitié de la saison montre combien Louis van Gaal lui est redevable du parcours somme toute satisfaisant de Manchester United, après une entame de saison médiocre. Auteur de quelques sauvetages époustouflants, notamment lors d’une victoire en trompe-l'œil sur Liverpool (3-0), le jeune Espagnol a pleinement justifié le gros investissement que United avait fait pour l’attirer de l’Atletico Madrid. Un choix logique, donc; mais j’aurais donné ma voix à un autre gardien, moins spectaculaire peut-être, mais dont la régularité, le courage et l’intelligence sont d’autant plus remarquables qu’il a dû faire son métier derrière une défense encore plus perméable que celle des Red Devils. Je veux parler d'Hugo Lloris, qui fait désormais partie de la super-élite mondiale à son poste. La France a bien de la chance de pouvoir compter sur un spécialiste de cette envergure, même si elle ne s’en rend pas suffisamment compte.
picture

David De Gea (Manchester United) en Premier League 2014-2015

Crédit: Panoramic

Arrière droit : Branislav Ivanovic (Chelsea)

Il termine la saison sur les rotules. C’est qu’il a tant donné. Nathaniel Clyne a brillé pour Southampton, tandis que Kieron Trippier a confirmé en Premier League toutes les qualités qu’il avait montrées avec Burnley en Championship, et que Hector Bellerin a profité de la blessure de Mathieu Debuchy pour se hisser au premier plan. Mais le Serbe au postérieur de centaure a encore été l’un des incontournables de Mourinho : trente-trois matches de championnat joués sur trente-trois, sans jamais être remplacé. Nous parlons pourtant d’un défenseur central contraint de jouer hors de position et qui, à son poste naturel, serait titulaire dans bien des grands clubs européens. Il a aussi le don de surgir au bon moment pour marquer des buts cruciaux (comme celui qui envoya Chelsea en finale de la Coupe de la League). En rouge, souligné dans l’agenda de José Mourinho: "faire signer prolongation de contrat à Branislav". C’est que le présent n’a plus qu’un peu plus d’un an à courir.

Arrière central : Gary Cahill (Chelsea)

Un choix qui, sans être aberrant, en a surpris quelques-uns. C’est que l’ancien de Bolton, s’il a progressé cette saison - notamment dans sa lecture du jeu -, et si son association avec John Terry a été l’une des bases de la plus que probable conquête du titre par Chelsea, a aussi connu quelques périodes délicates et devra faire bien mieux la saison prochaine s’il n’entend pas voir sa place de titulaire devenir la propriété de Kurt Zouma. L’un des deux centre-backs de Southampton, Jose Fonte et Toby Alderweireld, aurait dû lui être préféré, avec une préférence personnelle pour le premier, qui s’est admirablement acquitté de son rôle de capitaine avec les Saints.

Arrière central : John Terry (Chelsea)

Rien à dire. Sinon que Terry, à 34 ans, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, joue le meilleur football de sa carrière. Comme le dit Graeme Souness, il sent le danger mieux que personne, ce qui compense largement son manque de rapidité et un physique bien moins impressionnant que celui de Kurt Zouma, par exemple. On oublie aussi qu’il est un relanceur de grande qualité, capable d’adresser des transversales au cordeau de l’un ou l’autre pied; et il n’a pas perdu son sens du but: encore six cette saison, dont un en finale de la Coupe de la League contre Tottenham. En lui accordant une année de contrat supplémentaire, les Blues ne lui font pas une faveur, mais s’en font une à eux-mêmes.

Arrière gauche : Ryan Bertrand (Southampton)

Qui aurait pensé que celui qui avait été champion d’Europe avec Chelsea en 2012 finirait dans un "XI de l’année" lorsque les Blues l’envoyèrent en prêt, puis le vendirent à Southampton? Ce choix est, de loin, le plus étonnant de ceux de la PFA. Il a excellé, aucun doute, au sein de ce qui demeure la meilleure défense – ex aequo avec celle de Chelsea – de la Premier League après trente-quatre journées; mais il n’en pas été le meilleur élément. Cet honneur reviendrait plutôt à quiconque de ses trois partenaires les plus réguliers au sein du back-four des Saints, Clyne, Fonte et Alderweireld. Nacho Monreal, devenu titulaire à Arsenal, Aaron Cresswell, l’une des révélations de la saison avec West Ham et, surtout, César Azpilicueta auraient pu et dû lui être préférés. L’ancien de l’OM est tout simplement énorme, l’un des meilleurs latéraux européens en situation de un-contre-un, un joueur de devoir dont la réussite est d’autant plus admirable qu’il évolue sur son "mauvais" côté. Mourinho l’adore, et on peut comprendre pourquoi.
picture

Ryan Bertrand en action

Crédit: Reuters

Milieu défensif : Nemanja Matic (Chelsea)

Nemanjamatix est tombé dans un chaudron de potion magique quand il était petit garçon. Comme pour Terry, un choix qui va de soi. Un montage vidéo des placements - et déplacements et interventions - de Matic serait un outil éducatif des plus précieux dans les écoles de football; car il n’est pas qu’un destructeur, de loin s’en faut: vingt-deux occasions de but créées pour ses coéquipiers en championnat en sont la preuve, ainsi que plus de 86% de réussite dans ses passes. Sa morphologie (1,94m pour 84 kg) en fait un adversaire de cauchemar dans les duels. Bref, malgré le mérite du duo de Southampton Wanyama-Schneiderlin, l’émergence de Francis Coquelin et la saison splendide (hélas tronquée) de Michael Carrick, sa présence dans l’équipe de l’année ne souffre aucune contestation.

Milieu offensif : Eden Hazard (Chelsea)

Zinédine Zidane s’est peut-être enflammé un peu vite en parlant du Belge de 24 ans comme du meilleur joueur de la planète après Cristiano Ronaldo et Lionel Messi (même si l’on sait pertinemment pourquoi il l’a fait); qu’il soit le meilleur de la Premier League ne fait par contre aucun doute, pour ses collègues qui l’ont élu "Joueur de l’année" dimanche soir comme pour les médias, qui en feront certainement leur "Footballeur de l’année" le 21 mai prochain. "Il était un grand talent, il est en passe de devenir un grand joueur", a dit très justement José Mourinho de son "garçon en or". Ce ne sont pas que les statistiques qui impressionnent (treize buts et huit passes décisives rien qu’en championnat), c’est aussi sa maturité, son coffre (trente-trois titularisations en trente-trois matches de championnat, sans connaître la moindre baisse de régime), ses progrès dans la finition et la façon dont il a pesé dans des matchs cruciaux des Blues, particulièrement lors de ces dernières semaines, quand ses coéquipiers tiraient la langue et qu’il a été décisif plus souvent qu’à son tour. Son hygiène de vie est impeccable. Lui ne truque pas, ne brandit pas de cartons jaunes imaginaires, se relève aussitôt lorsqu’il est coupé illégalement dans sa course (ce qui lui arrive plus souvent qu’à quelque autre joueur en Angleterre); bref, Eden est grand, un role model que la Premier League espérera conserver bien longtemps, quoi que désire Zizou.

Milieu offensif : Philippe Coutinho (Liverpool)

Quand l’inspiration est là, Coutinho est un régal pour les yeux, et un cauchemar pour ses adversaires, le rayon de soleil qui a traversé le ciel si changeant de la saison de Liverpool. Quelques frappes superbes auront sans doute pesé dans les esprits des votants – mais, avec celui de Ryan Bertrand, ce choix est le plus surprenant du collège électoral de la PFA, encore qu’il ne constitue pas un scandale. Dans ce rôle de numéro 10, il est difficile de comprendre comment le jeune Brésilien (quatre buts, quatre passes décisives) a pu être préféré à David Silva (onze buts, six passes décisives – nous ne parlons que du championnat) ou à Cesc Fabregas, superbe jusqu’aux fêtes, voire à Mesut Özil, revenu à son tout meilleur niveau depuis.

Milieu offensif : Alexis Sanchez (Arsenal)

Une place dans le XI de l’année est la récompense logique d’une première saison tonitruante en Angleterre pour le Chilien, qui revenait pourtant d’une Coupe du monde dans laquelle il n’avait pas ménagé ses efforts. Jamais un joueur étranger ne s’est adapté aussi rapidement, et aussi efficacement (vingt-deux buts toutes compétitions confondues) à l’environnement si particulier de la Premier League. Il a tenu Arsenal à bout de bras quand la machine était grippée lors des premiers mois de la saison, il l’a dynamisée tout au long, malgré une légère baisse de régime début 2015. Le Barça a cru pouvoir se passer de lui; les Gunners en seraient incapables aujourd’hui.

Attaquant : Harry Kane (Tottenham)

C’est le conte de fées de la saison, le fan qui descend des tribunes pour sauver son club de coeur. Et marque trente buts. Beaucoup de ceux-là, d’ailleurs, firent tourner le cours d’un match mal engagé pour les Spurs, souvent alors qu’il ne restait plus que quelques instants à jouer. Rien dans ce qu’avait fait Kane précédemment ne laissait prédire une telle explosion; mais explosion il y a eu. La crainte est qu’il s’agirait d’un feu de paille; ce qui rassure est, d’une part, le bagage technique complet de ce beau gabarit, capable de marquer du gauche comme du droit ou de la tête, de l’autre, le naturel et l’humilité avec lesquels il a géré sa fulgurante ascension. L’Angleterre tient un joyau.

Attaquant : Diego Costa (Chelsea)

L’Hispano-Brésilien est pour beaucoup dans le début de saison tonitruant de Chelsea (neuf buts lors des sept premières journées), et a clairement trouvé en José Mourinho et en Chelsea un entraîneur et un club taillés sur mesure pour son énergie, sa combativité, son agressivité, même. Sans une suspension et des blessures qui lui ont fait manquer neuf matches de championnat, il aurait sans doute déjà ajouté le Soulier d’Or de la PL à sa collection de trophées. J’aurais pourtant penché pour Sergio Agüero, tout aussi létal en championnat, mais également efficace en Ligue des Champions, une compétition dans laquelle Costa n’a tout simplement pas existé, tandis que l’Argentin marquait six buts en sept matches, dont un triplé contre le FC Bayern. Dans une équipe dont les patrons supposés ont si souvent disparu aux moments les plus cruciaux, il a toujours été là, sans avoir le soutien dont Costa a bénéficié tout au long de la saison.
picture

Diego Costa (Chelsea) face à Southampton

Crédit: AFP

L'équipe de Philippe Auclair

L'équipe de l'année par Philippe Auclair
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité