Manchester United : Louis Van Gaal fait mieux que David Moyes mais il est encore loin du compte

"Je n’ai pas fait mieux que David Moyes." Après vingt-et-une journées de Premier League, le constat était implacable : avec 37 points engrangés, Louis van Gaal présentait le même bilan comptable que son prédécesseur. Et le Néerlandais ne se cherchait pas d’excuses.

"Cela faisait longtemps que vous attendiez pour signaler que j'ai le même total de points que Moyes, hein?", lançait-il, ironique, en conférence de presse après une défaite face à Southampton (0-1). Quatorze matches plus tard, LVG a redressé la barre, même si la saison de Manchester United risque de laisser un petit goût d’inachevé.

En ballottage favorable pour retrouver la Ligue des champions (quatre points d’avance sur Liverpool, ndlr), les Red Devils vont rater le podium et la qualification directe en C1 à cause d’un printemps difficile. Un printemps qui, l’an dernier, avait été fatal à Moyes, licencié à l’issue de la 35e journée.

Louis van Gaal est, lui, solidement accroché au banc mancunien malgré trois revers de suite. Son aura y est sans doute pour beaucoup. Mais la différence entre un coach au palmarès quasi-vierge et un entraîneur champion national dans trois pays différents et demi-finaliste de la Coupe du monde n'est pas si évidente. C’est le moment de comparer les bilans.

*Moyes avait un match en retard.Il pouvait donc potentiellement être à 60 points mais ça n'aurait rien changé au classement.

Au soir de la première journée de la saison dernière, United s'installe à la deuxième place du classement. Tout l’inverse de cette année où le United de van Gaal commence laborieusement son championnat sur une défaite et une 14e place. Mais là où le technicien néerlandais tâtonne (seulement trois victoires en 10 journées) avant de trouver un équilibre (six victoires d’affilée entre la 11e et 16e journée) et de se maintenir dans le top 4, l’équipe de David Moyes, elle, se délite tout au long de la saison.

Incapable de trouver la bonne formule, il descend jusqu’à la 12e place avant de naviguer à vue entre la neuvième et la sixième position. Les succès sont trop souvent sans lendemain et c’est le manque de stabilité sur le long terme qui finit par avoir raison de Moyes, lors de l’ultime défaite à Everton. Il n’a pourtant jamais fait vivre aux dirigeants de Manchester ce que van Gaal est en train de connaître : trois défaites d’affilée.

L’an dernier, la presse anglaise et les observateurs avaient accusé MU de produire un jeu ennuyeux. The Guardian expliquait ainsi que Moyes a "une méfiance naturelle envers les joueurs les plus créatifs." L’Ecossais avait une idée en tête : une défense à 4, deux milieux défensifs et une attitude attentiste sur le terrain. La transposition de la recette qui fonctionnait à Everton en somme. Mais, en plus de ne pas prendre auprès de ses troupes, ce style de jeu n’a pas enflammé Old Trafford. Bien au contraire.

Van Gaal est lui aussi arrivé avec ses certitudes (une défense à trois notamment) mais a su adapter ses vues au fur et à mesure de la saison. A force de bricoler en défense, le coach néerlandais a finalement trouvé une assise digne de ce nom. Offensivement, pas sûr que les supporters soient tellement plus satisfaits. Pourtant van Gaal a profité de ce que son prédécesseur n’avait pas : un vestiaire à lui et non dévoué à son encombrant prédécesseur, grâce à un mercato XXL et aux arrivées d’Angel Di Maria et Falcao.

Contre les quatre autres "grands" du championnat l’année dernière (Arsenal, Chelsea, Manchester City, Liverpool), Moyes a terminé avec un bilan famélique : une victoire, une seule lors de la réception d’Arsenal à Old Trafford (1-0) et seulement cinq points gagnés. Son incapacité à diriger et à gagner des grands matches a été pointée du doigt tout au long de la saison. Si certaines défaites peuvent se pardonner, les supporters n’ont, eux, pas oublié l’humiliation subie à domicile face à Liverpool (0-3).

La différence avec van Gaal de ce point de vue est frappante. L’expérience du coach vainqueur de la Ligue des champions en 1995 parle pour lui : le Néerlandais ne s’est quasiment jamais loupé lors des matches importants cette saison. Liverpool a été balayé deux fois, Arsenal une, tout comme City. Seul Chelsea n’a pas été battu par les Red Devils. En tout, MU a remporté 13 points face à ses principaux rivaux (il lui reste à jouer un match contre Arsenal).

Si Sir Alex Ferguson a tiré sa révérence sur un ultime titre de champion d’Angleterre en 2013, ses deux successeurs ont à peine enrichi le palmarès mancunien. Et MU doit ce trophée à… David Moyes.  Alors, oui, ce n’est qu’un Community Shield (et c’est aussi grâce à Fergie que Moyes a pu le décrocher), mais il fait pour le moment mieux que son successeur à la tête de l’équipe. La Premier League est hors de portée et, en coupes, l’exercice actuel a été aussi difficile que le précédent.

Quart-de-finaliste de la Coupe d’Angleterre et éliminé par Arsenal (1-2), MU a surtout été piteusement sorti par Milton Keynes Dons (4-0), pensionnaire de 3e division, en League Cup. La saison dernière, l’Ecossais s’était légèrement mieux défendu que van Gaal (troisième tour de FA Cup et demi-finale de League Cup).