Premier League (30e journée - Liverpool-MU) : Le renouveau des Reds, c’est aussi celui de Sakho

Un soir de mi-décembre 2014, Liverpool sombrait à Old Trafford. Une claque contre Manchester United (3-0) et une neuvième place en Premier League, dans la foulée de l’élimination dès la phase de groupes de la Ligue des champions, dessinaient une saison galère. Trois mois plus tard, les Reds s’apprêtent à retrouver MU dimanche (14h30) et ils ne sont vraiment plus les mêmes. Ils n’ont plus perdu en championnat depuis leur naufrage chez le rival, soit une série de treize matches sans défaite, et sont remontés à la cinquième place.

Une victoire ce week-end et Liverpool retrouverait un Big Four qu’il n’a plus fréquenté depuis la première journée. Ce retour en grâce, c’est celui d’un passage au 3-4-3 salvateur et d’autres choix forts opérés par Brendan Rodgers (Mario Balotelli sur le banc, entre autres). Mais c’est aussi celui d’un homme qui a ramé pendant toute la première partie de saison : Mamadou Sakho. Rappelé chez les Bleus jeudi, après avoir manqué les rassemblements d’octobre et de novembre sur blessure, le défenseur international français (25 ans, 21 sélections) a retrouvé son meilleur niveau.

Ce dont convient aisément Didier Deschamps. "Mamadou a été blessé, mais il est revenu et depuis il est de nouveau compétitif, a soufflé le sélectionneur au moment d’annoncer sa liste pour les matches amicaux contre le Brésil et le Danemark. Le plus important, c’est le potentiel du joueur. Sur dix mois, les joueurs ne peuvent pas être à 100% tout le temps." Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Sakho en est l’exemple-type. L’ancien Parisien a ramené de la Coupe du monde au Brésil une cuisse douloureuse et il l’a traînée jusqu’à Liverpool. Elle l’a vite rappelé à l’ordre, l’envoyant à l’infirmerie pour trois mois.

Une blessure survenue fin septembre et qui ne pouvait pas plus mal tomber. Le week-end précédent, Sakho avait claqué la porte d’Anfield en apprenant qu’il n’était pas dans le groupe pour le derby contre Everton. Un coup de sang qui avait fait grand bruit et provoqué la colère des supporters du LFC. Le plus jeune capitaine de l’histoire du PSG s’était alors confondu en excuses. Il a mis du temps avant de mettre derrière lui l’épisode le plus compliqué de sa carrière liverpuldienne, entamée en 2013 après un transfert pour 18 millions d’euros. "C’était un mauvais moment pour moi, une période difficile, estimait-il début février. Je me suis senti mal, mais c’est normal. Je voulais jouer, je veux toujours jouer et j’étais déçu. C’est naturel."

Pas rancunier pour un sou, Rodgers ne lui en a pas tenu rigueur. "Je ne tourne pas le dos aux joueurs quand je sais qu’ils sont impliqués", a indiqué le manager de Liverpool. Ce dernier a mis ses actes en accord avec ses mots et relancé Sakho dès son retour de blessure. Un retour qui coïncide exactement avec le début de la belle série des Reds et de leur folle remontée au classement. Avec Sakho dans son onze de départ (13 matches de championnat sur 29 journées), Liverpool a engrangé 2,08 points en moyenne par rencontre en Premier League. Un rythme de champion, qui tranche avec celui bien plus commun des Reds sans leur numéro 17 (1,69 points par match). Il faut dire que le club de la Mersey fait tout mieux avec Sakho comme titulaire : il encaisse moins de buts (0,85 par match, contre 1,19 sans lui) et complète davantage de clean-sheets (un toutes les deux rencontres, contre un tous les trois matches sans lui).

Des statistiques qui en disent long sur son influence retrouvée. "J’espère que les choses ont tourné pour moi, je veux être un joueur important, souligne le principal intéressé. L’équipe est meilleure maintenant, nous jouons bien mieux. Nous sommes ensemble, avons une bonne mentalité et nous devons continuer ainsi." Sakho reste pourtant ce défenseur aux gestes imprévisibles et au langage corporel parfois suspect. Voilà pourquoi à chaque ballon touché, Anfield retient son souffle. Mais il s’est parfaitement intégré dans la défense à trois. Un dispositif qui convient aux qualités de Sakho, toujours aussi imposant dans les duels et moins sujet à des sautes de concentrations que par le passé. Il est aussi plus efficace dans la relance et a pris de l'assurance techniquement.

Rodgers abonde, son protégé est sur la pente ascendante depuis trois mois. "Il est constant désormais. Il a encore des progrès à faire, mais vous pouvez voir qu’il est très impliqué. C’est un vrai guerrier, il est fort et il joue très bien." Un bel hommage qui éteint les rumeurs d’un départ précipité, surgies cet hiver au plus fort de la tempête pour Sakho. Sauf que le mental n’est pas la dernière des qualités du bonhomme. "Je n’ai jamais eu de doute sur mon retour. Je n’ai jamais pensé à partir. Je ne sais pas si j’ai prouvé que j’avais ma place ici, ce sont aux autres d’en décider. Mais je suis très heureux au club et avec l’équipe. J’ai encore deux ans et demi de contrat, et je n’ai jamais dit que je voulais partir." Surtout, plus personne chez les Reds n’a envie de le pousser vers la sortie. Les temps ont bien changé pour Sakho.