Chelsea-Liverpool : José Mourinho contre Jürgen Klopp, le "Special one" contre le "normal one"

L'un n'est plus tellement spécial et l'autre est vraiment normal. Le "special one", José Mourinho, s'accroche encore un peu à son piédestal, lui le technicien aux 23 trophées dans trois pays différents. Mais plus la saison avance et plus il perd de sa superbe. Les défaites s'accumulent (sept déjà, toutes compétitions confondues), les performances ne s'améliorent pas et les Blues restent coincés à la 15e place du classement, plus près de la relégation (cinq points) que de la place de leader (11 longueurs). Le "normal one", Jurgen Klopp, l'est vraiment depuis son arrivée à Liverpool le mois dernier en remplacement de Brendan Rodgers. Trois nuls (tous 1-1) pour commencer avant une victoire sur Bournemouth mercredi en Coupe de la ligue (1-0). Un succès laborieux mais important pour entrevoir le début d'une dynamique positive. Pour le Portugais et l'Allemand, la rencontre est cruciale.

Depuis le début de la saison, le technicien donne l'impression qu'il ne maîtrise plus rien, tant sur le terrain qu'en dehors. Tactiquement, il est dépassé et rien de ce qu'il tente ne fonctionne. Sa décision d'écarter John Terry du onze titulaire en début de saison a eu des conséquences catastrophiques dans le vestiaire et dans les résultats. Sa remise en question publique du rendement d'Eden Hazard, son meilleur joueur, aussi. Son attitude, surtout, est le plus gros des soucis. En cause, ses coups de gueule contre les arbitres, ses critiques envers Arsène Wenger, son comportement déplorable dans l'affaire Eva Carneiro, la kiné du club qu'il avait insultée devant le monde entier lors du match contre Swansea parce qu'elle était entrée sur le terrain pour soigner Hazard alors que Mourinho considérait que ce dernier n'en avait pas besoin. Carneiro n'est plus en poste mais Mourinho, sur ce point-là comme sur tous les autres, a perdu.

Que se passera-t-il si Chelsea s'incline encore samedi sur sa pelouse de Stamford Bridge ? A priori, pas grand chose. La pression médiatique s'intensifiera encore sur "JM" mais Roman Abramovich, le propriétaire du club, ne devrait rien changer. Il y a plusieurs raisons à cela. La première: depuis la prolongation de son contrat jusqu'en 2019 cet été, Chelsea doit verser 50 millions d'euros au Portugais en cas de licenciement. La seconde: qui pour le remplacer ? Si le fantasme d'Abramovich s'appelle Pep Guardiola, il semble impossible pour le milliardaire russe de le débaucher en cours de saison au Bayern Munich. Hiddink ? Ancelotti ? Capello ? Changer d'entraîneur pourrait rendre la suite de la saison encore plus incertaine. Car un sentiment persiste: à un moment, Mourinho va parvenir à inverser la tendance et Chelsea va se remettre à gagner pour remonter au classement. D'autant que, dans le contenu des rencontres, il semble pour l'instant que les joueurs n'ont pas lâché leur manager. Un entraîneur est grand quand il est capable de sortir son équipe de la crise. A Mourinho de prouver sa valeur.