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Norwich - Youssouf Mulumbu : "En Angleterre, il y a une pénurie de talents"

Alexis Billebault

Mis à jour 24/10/2015 à 00:57 GMT+2

PREMIER LEAGUE - Arrivé en Angleterre en 2009, Youssouf Mulumbu (28 ans) est un des plus anciens joueurs étrangers de Premier League. Aujourd’hui à Norwich City, l’ancien milieu de terrain du PSG, qui est également le capitaine de la RD Congo, a pu mesurer l’évolution du championnat anglais, devenu le plus riche du monde. Sans que le niveau ne s'élève pour autant d'après Mulumbu.

Youssouf Mulumbu (West Bromwich Albion)

Crédit: AFP

Quand vous avez signé à West Bromwich Albion en 2009, comment ce choix avait-il été perçu ?
Youssouf MULUMBU : A l’époque, on m’avait demandé ce que j’allais faire à WBA. Je venais du PSG, et le fait de choisir un club moyen de Premier League surprenait. C’est une question qui a été posée à d’autres joueurs français quand ils sont arrivés dans des formations moins huppées que Manchester United, Chelsea ou Arsenal. Car beaucoup de gens pensaient que nous jouerions peu, que c’était un choix par défaut. Je ne sais pas si vous avez remarqué. Mais depuis quelques années, la tendance s’est inversée. Aujourd’hui, il est habituel de voir un joueur quitter l’OM pour Queen’s Park Rangers (Stéphane Mbia) ou pour West Ham (Dimitri Payet). Et il y a d’autres exemples similaires…
Pourquoi ?
Y.M. : Il y a l’aspect financier. En 2009, mon salaire à WBA était à peine plus élevé que celui que je touchais au PSG. Bien sûr, la fiscalité anglaise est plus favorable, mais je n’avais pas réalisé une grosse opération financière. Il y a six ans, les principaux clubs français pouvaient encore proposer des salaires presque comparables à ceux de la Premier League. Aujourd’hui, à part Paris, les autres doivent faire face à la crise. Aujourd’hui, j’ai un salaire qu’aucun club français ne pourrait assumer, hormis le PSG. Et le fossé financier entre la Premier League et les autres championnats va un peu plus se creuser, en raison de l’explosion des droits télé en Angleterre. Je ne le souhaite pas. Et je pense qu’il faut s’attendre à voir arriver dans des clubs anglais moyens des joueurs arrivant de grandes formations européennes.
En Angleterre, il faut reconnaître qu’il y a une pénurie de talents
Cet afflux de joueurs étrangers rend-il la Premier League meilleure ?
Y.M. : Je vais peut-être vous surprendre, mais j’estime que le niveau a baissé ces dernières années. Regardez les résultats des clubs anglais dans les compétitions européennes : ils sont en baisse. Le fossé financier est peut-être en train de se creuser avec les principaux championnats. Mais sur le terrain, ce n’est pas la même chose. En Angleterre, il faut reconnaître qu’il y a une pénurie de talents. Ok, vous avez de bons joueurs. Mais les très grands joueurs restent rares : vous avez Eden Hazard (Chelsea), Alexis Sanchez (Arsenal), Yaya Touré (Manchester United), Mesut Özil (Arsenal), et quelques autres. La raison est simple : les clubs anglais privilégient les mecs au profil athlétique plutôt que les qualités techniques. Il n’y a encore pas si longtemps, Lampard, Xavi Alonso, Modric, Gerrard, Henry étaient là… Et cela se voyait au niveau de la qualité du spectacle.
Mais on ne cesse de dire que la Premier League est spectaculaire…
Y.M. : Oui, elle l’est, parce que le jeu va vite. Il y a de l’intensité, de la vitesse, des espaces. Mais parfois, devant un Chelsea-Arsenal, on peut s’ennuyer. Prenez le cas d’Hatem Ben Arfa : à Newcastle, on ne l’a pas laissé s’exprimer. Or, on sait que c’est quelqu’un qui est capable de faire des choses extraordinaires avec un ballon. Le football anglais manque de joueurs techniquement très au-dessus de la moyenne. Avant, il y avait moins d’argent, mais plus de talents. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Je trouve cela paradoxal. Avec les moyens dont ils disposent, les clubs anglais peuvent s’offrir qui ils veulent.
Ils font attention à l’argent, ils cherchent à bien l’utiliser
Comment les Anglais vivent-ils ces arrivées massives de joueurs étrangers ?
Y.M. : Ils savent que cela va contribuer à améliorer le niveau. C’est la même chose pour les entraîneurs. Arsène Wenger (Arsenal), Manuel Pellegrini (Manchester City) ou Mauricio Pochettino (Tottenham) apportent une touche plus latine au jeu. Mais à chaque fois que l’équipe nationale est en difficulté, ils disent que les joueurs anglais ne sont pas assez nombreux, que les jeunes ne jouent pas assez car ils sont barrés par les étrangers, etc. C’est un débat récurrent, qui est bien parti pour durer.
En Italie, quand la Série A était l’Eldorado de l’Europe, les infrastructures des clubs ne suivaient pas toujours et…
Y.M. : (Il coupe) Là, je peux vous assurer que les clubs anglais sont très bien équipés. Les dirigeants ont été intelligents. Ils ont profité de la manne financière pour payer des transferts coûteux et offrir des salaires très élevés, mais ils ont aussi amélioré les structures des clubs ces dernières années. Les stades sont la plupart du temps modernes et confortables, et les centres d’entraînement vraiment adaptés. Les clubs anglais sont bien gérés. Ils font attention à l’argent, ils cherchent à bien l’utiliser. Et à en garder. Car on ne sait jamais ce qui peut arriver. Les droits télés sont actuellement très élevés. Mais cela durera-t-il ? C’est pour cela que les clubs font malgré tout attention.
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