Premier League - Limoger son entraîneur en cours de saison, ça réussit bien à Chelsea

José Mourinho est parti, et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour Paris. Si changer d'entraîneur en cours de saison est une stratégie qui peut s'avérer risquée, elle a très bien réussi à Chelsea sous l'ère Roman Abramovich. C'est la cinquième fois que ce cas de figure se produit depuis le rachat des Blues par l'homme d'affaire russe en 2003. Et les quatre premières expériences de ce type ont été concluantes. Par trois fois, l'entraîneur nommé par intérim a conduit le club anglais à une finale européenne. Et le quatrième n'était vraiment pas loin de les imiter. Adversaire de Chelsea en 8e de finale de la Ligue des champions, Paris peut d'ores et déjà espérer que l'histoire ne se répète pas.

En poste depuis un peu plus de trois ans, deux fois champion d'Angleterre (2005, 2006), Mourinho connaît un début de saison pourtant correct avec Chelsea (3 victoires et 1 nul, à Liverpool). Mais ça se complique en septembre. Les Blues perdent à Aston Villa (2-0) et concèdent un nul à domicile face à Blackburn (0-0). Ils pointent à la 5e place du classement. Surtout, ils commencent mal leur campagne en Ligue des champions en perdant deux points à Stamford Bridge face au modeste Rosenborg (1-1). Deux jours plus tard, Mourinho est limogé et remplacé par le directeur technique de Chelsea, Avram Grant.

Grant commence par un revers dans le choc face à Manchester United (2-0). Mais derrière, son équipe enchaîne 16 matches sans défaite toutes compétitions confondues (12 victoires et 4 nuls). Elle atteint la finale de la Coupe de la Ligue anglaise, perdue face à Tottenham (2-1 a.p.) termine à la deuxième place au classement de la Premier League. Surtout, Chelsea dispute la finale de la Ligue des champions, la première de l'ère Abramovich, après avoir sorti Liverpool, tombeur des Blues en demi-finale en 2005 et 2007, mais s'incline devant Manchester United (1-1, 5-6 t.a.b.). Trois jours plus tard, Grant est remercié. Luiz Felipe Scolari lui succède à l'entame de la saison 2008/09.

Le bilan de Chelsea n'est pas catastrophique avec Scolari. Mais les Blues se font surprendre par Burnley, une équipe de Championship, en Coupe de la Ligue anglaise (1-1, 5-6 t.a.b.) et n'y arrivent pas dans les grands matches en championnat. A domicile, ils sont tenus en échec par Manchester United (1-1) et s'inclinent devant Liverpool (0-1) et Arsenal (1-2). A l'extérieur, après un lourd revers à Manchester United (3-0), ils tombent à Liverpool (2-0) le 1er février. Le nul concédé à Stamford Bridge face à Hull (0-0) la semaine suivante sera de trop, même si Chelsea est alors troisième en Premier League et qualifié pour les 8es de finale de la Ligue des champions. Deux jours plus tard, Scolari est limogé. Et deux jours plus tard, Guus Hiddink est nommé pour le remplacer.

Hiddink ne connaît qu'une seule défaite toutes compétitions confondues, sur la pelouse de Tottenham (1-0), et Chelsea termine troisième en championnat. En Ligue des champions les Blues sortent une nouvelle fois Liverpool (1-3, 4-4) avant de tomber de peu devant le Barça. La demi-finale retour, après le nul au Camp Nou (0-0), est inoubliable avec le but sublime d'Essien, les polémiques d'arbitrage qui entraîneront le célèbre "It's a fucking disgrace" de Drogba, et l'égalisation d'Iniesta à la 93e qui qualifie Barcelone (1-1). Passé très près d'une finale européenne, Hiddink finit quand même en beauté en remportant la FA Cup face à Everton (2-1). Les fans des Blues veulent le voir rester à Chelsea, mais il est remercié. Ancelotti lui succède.

Nommé en juin 2011 après un triplé championnat-Coupe-Ligue Europa avec Porto, André Villas-Boas ne connaît pas la même réussite avec Chelsea. Sa première moitié de saison sans saveur. Si les Blues se qualifient pour les 8es de finale de la Ligue des champions, ils stagnent en championnat autour de la 5e place. Ça se complique encore en février avec une défaite à Everton (2-0) et, surtout, un revers à Naples en 8e de finale aller de la Ligue des champions (3-1). Dix jours plus tard, le 3 mars, c'est la défaite de trop à West Bromwich Albion (1-0). AVB est limogé le lendemain. Son assistant, Roberto Di Matteo, est nommé entraîneur intérimaire.

L'Italien a des résultats honorables en championnat, mais Chelsea ne parvient pas à faire mieux qu'une 6e place au classement final en Premier League. Mais ce ne sera pas reproché à Di Matteo. Début mai, il remporte la FA Cup avec une victoire face à Liverpool grâce à des buts de Ramires et Drogba (2-1). Surtout, Di Matteo décroche le Graal pour Abramovich avec un premier sacre en Ligue des champions. Après avoir renversé la situation face à Naples (4-1 au retour à Stamford Bridge), sorti Benfica (1-0, 2-1) puis le tenant du titre, Barcelone (1-0, 2-2), Chelsea s'impose au bout du suspense face au Bayern en finale (1-1, 4-3 t.a.b.). Et à Munich s'il vous plaît. Di Matteo est porté en triomphe. Et il signe en juin un nouveau contrat de deux ans avec Chelsea.

Si Di Matteo est resté à Chelsea, c'est aussi parce qu'Abramovich n'a pas réussi à convaincre Josep Guardiola de venir s'installer sur le banc des Blues. L'Italien n'est pas l'entraîneur clinquant et expérimenté que souhaite le Russe. La victoire en Ligue des champions ne lui a pas donné autant de crédit. Malgré tout, Di Matteo réalise une très belle entame de championnat et place Chelsea en première position avec sept victoires en huit matches. Mais ça se passe moins bien en Ligue des champions. Chelsea est éliminé de la course aux 8es de finale après une défaite face à la Juventus (3-0) le 20 novembre, trois jours après un revers à West Bromwich Albion (2-1) en championnat. Le lendemain, Di Matteo est démis de ses fonctions. Et remplacé par Rafael Benitez.

Sans surprise, Benitez reçoit un accueil des plus hostiles après avoir entraîné Liverpool pendant les années de rivalité avec Chelsea en Ligue des champions. Les premières semaines sont décevantes, avec en point d'orgue la défaite face aux Corinthians (1-0) en finale du Mondial des clubs. C'est mieux par la suite, même si Benitez annonce dès la fin du mois de février qu'il quittera le club en fin de saison. Chelsea parvient à rester sur le podium en championnat et termine à la troisième place. Surtout, les Blues remportent une deuxième Coupe d'Europe consécutive, la Ligue Europa, en s'imposant dans les derniers instants face au Benfica, grâce à un but de Branislav Ivanovic (2-1). Benitez devient ainsi le troisième entraîneur nommé en cours de saison à Chelsea à conduire les Blues à une finale européenne. Une tendance que le prochain successeur de José Mourinho tentera de confirmer.