Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Premier League - Manchester United-Everton : A quoi sert Everton ?

Philippe Auclair

Mis à jour 02/04/2016 à 16:52 GMT+2

PREMIER LEAGUE - A une époque, les Toffees, qui affrontent Manchester United dimanche, pratiquaient le "Total football", mais ça, c'était avant, juge Philippe Auclair.

Everton - Manchester United en octobre 2015, après le décès de Howard Kendall

Crédit: AFP

J’eus la chance de rencontrer Howard Kendall, qui était à Everton ce que Bill Shankly fut pour Liverpool, peu de temps avant sa disparition, survenue en octobre dernier. "Rencontrer", en ce cas précis, nécessitait une certaine préparation; car "rencontrer" Kendall impliquait partir à la découverte du Liverpool des leveurs de coude, comme l’ami qui m’avait pris sous son aile eut le soin de me le préciser avant que notre train s’arrête en gare de Lime Street. Nous passâmes alors le genre de soirée dont, soit on a tout oublié le lendemain matin, soit on se souvient pour le restant de la vie. Grâce à Dieu, et à un rien de prudence, le souvenir m’en est demeuré intact.
Nous avons dû parler huit ou neuf heures d’affilée. Enfin, Howard, puisqu’il devint "Howard" dès le premier verre, dut parler pendant tout ce temps, et nous ne demandions pas mieux; car de quoi voulait-il ou pouvait-il parler sinon de son Everton bien-aimé, dont il fut l’un des plus grands joueurs, et sans nul conteste le plus grand entraîneur? Et pourtant, le nom de Kendall n’est pas des plus connus en France, pour la plus tragique des raisons: le Heysel.
picture

Une plaque rend hommage à Howard Kendall à Goodison Park

Crédit: AFP

Le Heysel, coup d'arrêt dans l'ascension des Toffees

Le Heysel, synonyme de suspension des clubs anglais en Europe, pile au moment où Everton menaçait de supplanter Liverpool sur les bords de la Mersey et, à en croire son manager, sur le continent également. Pendant quatre saisons, de 1984 à 1987, c’étaient les Toffees qui avaient fait la loi, avec deux titres de champion et trois finales de Cup consécutives (celle de 1984 s’avérant la seule victorieuse) – plus une Coupe des Coupes, après avoir éliminé le Bayern en demi-finale, laquelle demeure le dernier trophée européen remporté par un manager anglais avec un club anglais. Kendall. Il y aura bientôt trente-et-un ans de cela…
On ne se demandait pas "à quoi sert Everton?" à l’époque, c’est sûr. Pas plus que du temps de "Dixie" Dean (60 buts en 39 matchs pour le titre de 1927-28) ou lorsque Kendall – le joueur, cette fois – formait l’une des bases de ce triangle parfait, la Holy Trinity d’Everton, les autres étant Colin Harvey et le champion du monde Alan Ball. Tâchez de trouver des images de cette équipe qui fut championne d’Angleterre en 1969-70 avec neuf points d’avance sur Leeds United, quand une victoire ne valait que deux points, et vous vous demanderez peut-être si le Total Football n’était pas pratiqué à Goodison avant de l’être à Amsterdam.
picture

Goodison Park à Liverpool

Crédit: AFP

Ces hooligans "qui ont tué mon équipe"

Kendall nous parla de tout cela, du crève-coeur d’être exclu de l’Europe par la faute des hooligans de Bruxelles, "qui ont tué mon équipe", mais aussi de l’Everton d’aujourd’hui, auquel il demeurait fidèle, mais qui ne le convainquait pas tout à fait, pour rester poli. "Où allons-nous?", répétait-il. La question se pose avec encore plus d’acuité aujourd’hui, presque cinq mois après son décès. Du temps de David Moyes, on savait au moins à quoi s’attendre. Le manager écossais faisait bien mieux que maintenir à flot un club ne disposant pas des moyens du voisin de l’autre côté de Stanley Park; le temps d’une saison, en 2004-05, il était même parvenu à lui donner une place dans le Top 4 et à faire goûter au public un rien difficile de Goodison un soupçon de Ligue des champions. Cet exploit ne put servir de tremplin, mais personne n’en tint rigueur à Moyesy. L’argent manquait. Bill Kenwright, président-supporter, cherchait désespérément un acheteur qui puisse financer le "grand bond en avant" désiré par tous, mais sans trouver d’investisseur qui réponde à ses critères.
De ce temps-là, on ne se demandait pas non plus "à quoi sert Everton, exactement?" On le savait. Everton, le people’s club, représentait dignement une communauté qui n’a jamais oublié que c’est d’elle qu’est issu le football de Liverpool. L’équipe, elle, était beaucoup plus qu’un marchand de poil à gratter. Everton avait un style, pas toujours des plus élégants, une personnalité, parfois un peu rébarbative, et des résultats qui dépassaient régulièrement l’attente des analystes, même si aucun trophée n’est venu s’ajouter à la FA Cup gagnée face à Manchester United en 1995.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité