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A Everton, Tom Davies et ses copains perpétuent la tradition de la jeunesse triomphante

Bruno Constant

Mis à jour 19/01/2017 à 11:35 GMT+1

PREMIER LEAGUE - A seulement 18 ans, Tom Davies a illuminé la rencontre face à Manchester City (4-0) dimanche et humilié les stars de Guardiola. Avec Mason Holgate, 20 ans, et Ademola Lookman, 19 ans, il perpétue la tradition de la jeune classe d'Everton.

Tom Davies buteur lors de Everton - Manchester City en Premier League le 15 janvier 2017

Crédit: Panoramic

"C'était mon terrain, interdit de s'y garer ! On avait l'habitude de jouer à cinq contre cinq, dix contre dix, vingt contre vingt. S'il y avait du monde quand je sortais de la maison, ils devaient dégager. On l'appelait Anfield, Goodison et Wembley, tout à la fois." C'est ainsi que Steven Gerrard décrivait le carré d'herbe situé devant sa maison de la cité de Bluebell, à Huyton, dans la banlieue est de Liverpool, et qui fut le théâtre de ses premiers exploits.
Tom Davies a grandi à six kilomètres de là, à West Derby, là où Wayne Rooney a fait construire sa villa. Tom Davies ? Mais si, le gamin d'Everton qui humilia les stars de Manchester City. Un coup de patte derrière la jambe d'appui pour se débarrasser de Gaël Clichy et envoyer Yaya Touré en tribune, un une-deux avec Ross Barkley et une petite balle piquée devant Claudio Bravo. Il se souviendra longtemps de son premier but. A seulement dix-huit ans. Gonflé, le gamin ! "Marquer un tel but après une telle course et piquer son ballon avec une telle arrogance, une telle qualité, un tel culot, c'est incroyable", s'enthousiasmait Alan Shearer à Match of The Day. "Une victoire sur le système, écrivait Paul Hayward du Daily Telegraph, alors que seulement 30% des joueurs évoluant en Premier League sont Anglais."
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Everton's English midfielder Tom Davies (R) celebrates with Everton's English midfielder Ross Barkley after scoring their third goal during the English Premier League football match between Everton and Manchester City at Goodison Park in Liverpool, north-

Crédit: AFP

Chaussettes baissées, comme son oncle, ancien joueur d'Everton

Davies m'a tout de suite fait penser à Jaroslav Plasil. Allez savoir pourquoi ! Son look sans doute - tignasse blonde et barbe négligée - et sa façon de ressortir le ballon proprement malgré la pression. Une élégance naturelle relevée par ses chaussettes baissées qui renvoie à la nostalgie de ces joueurs qui n'avaient peur de rien avec le ballon et surtout pas des mauvais coups. On pense à Mario Kempes, Osvaldo Ardiles, Safet Susic, Juan Sebastian Veron, Rui Costa, Laurent Blanc ou encore Alan Whittle, son oncle qui porta comme lui les couleurs d'Everton (1968-1972).
Comme Rooney et Barkley, Davies a du sang bleu dans les veines, depuis tout petit. Et, s'il a débuté de l'autre côté de la Mersey, à Tranmere Rovers, il a rapidement rejoint l'Academy des Toffees, dès l'âge de 11 ans contre une certaine somme d'argent. Mais il n'a pas pour autant tourné le dos au schoolboyfootball ("football d'écolier"). Ce championnat interscolaire qui a également vu sortir Steven Gerrard, Robbie Fowler, Jamie Carragher et Wayne Rooney. Un système qui tente de résister au formatage des centres de formations des grands clubs en préservant le talent naturel tout en renforçant le jeu d'équipe, celui de réussir avec ses copains d'école. Ce qui peut expliquer la simplicité du jeu de Davies, toujours vers l'avant, et cette même fougue déployée par Gerrard, Fowler ou Rooney.

Appele par Hodgson en 2015 pour s'entrainer avec l'Angleterre

Mais ceux qui suivent le football anglais et particulièrement Everton connaissaient déjà Davies. Il n'avait pas encore 18 ans lorsqu'il a honoré sa première titularisation chez les Toffees - pour sa deuxième apparition seulement - lors de l'ultime journée en mai dernier. Davies a toujours été en avance sur les autres, doté d'une maturité déconcertante et d'un leadership naturel. Capitaine dans l'âme, en club comme dans les sélections de jeunes (U16, U17 et aujourd'hui chez les U19), et joueur modèle au point d'être appelé par Roy Hodgson en octobre 2015 pour s'entraîner avec l'équipe d'Angleterre.
Tom Davies a un culot monstre. Mais, contre City, il en fallait aussi à Ronald Koeman pour aligner ce gamin de 18 ans, préféré à Morgan Schneiderlin qui venait de débarquer de Manchester United pour 24 M£, ou titulariser Mason Holgate, 20 ans, dans une défense à trois ou encore lancer dans le grand bain Ademola Lookman, 19 ans et auteur de son premier but dès sa première apparition. Dans la pure tradition d'Everton. Car, si je vous demandais quel est le club anglais à donner le plus sa chance aux jeunes ? Vous répondriez Arsenal, sans doute, ou Manchester United, avec le souvenir de la "génération 92" (les Neville, Beckham, Giggs, Scholes, Butt). Perdu ! Depuis la création de la Premier League (1992), le club à avoir aligné le plus souvent des teenagers se nomme... Everton, avec 668 apparitions concernant 40 joueurs et également le plus grand nombre de buts marqués (17). De Dixie Dean à Joe Royle, de Wayne Rooney à Ross Barkley, Everton s'est toujours attaché à donner sa chance aux "local boy", ces gamins du coin.
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Wayne Rooney au duel avec Pascal Cygan lors de Arsenal - Everton en Premier League le 23 mars 2003

Crédit: Panoramic

Holgate, Lookman, Dowell...

Derrière Davies émergent déjà d'autres talents. Holgate, dont la comparaison avec John Stones n'est plus un compliment par les temps qui courent, est en train de se faire une place au sein de la défense de Koeman, au point de reléguer Phil Jagielka, capitaine des Toffees et international anglais, sur le banc ! Impressionnant de maturité, il est promis à un grand avenir, selon Phil Neville, passé par le club et le staff de l'équipe Espoirs d'Angleterre.
Anglais d'origine nigériane, Lookman n'a pas été formé à Everton mais il a déjà laissé entrevoir pourquoi le club était allé chercher cette pépite à Charlton cet hiver contre 11 M£. Contrairement à Davies, Lookman n'a pas suivi le cursus modèle. Il y a deux ans, cet attaquant au visage juvénile évoluait encore en amateur au Waterloo FC avant de passer, à Charlton, entre les mains de Karl Robinson, qui lança Dele Alli en pro à MK Dons à l'âge de 16 ans. Il faudra également suivre Dominic Calvert-Lewin, attaquant prometteur débarqué de Sheffield United l'été dernier jusqu'à sa blessure à une cheville qui devrait l'éloigner des terrains pendant deux mois, et Brendan Galloway, parti s'aguerrir en prêt à West Bromwich.
Mais l'autre prodige attendu s'appelle Kieran Dowell, meneur de jeu de 19 ans au pied gauche magnifique dont vous trouverez facilement les exploits sur internet. Comme Davies dont il est très proche, il respire le football mais n'a toujours pas trouvé grâce aux yeux de Koeman et devrait être prêté en janvier.
Une source de talents intarissable qui pourrait susciter la jalousie de son voisin, Liverpool. Les Reds ont bâti leurs plus grands succès grâce à une forte fibre locale (de Phil Thompson à John Aldridge, Terry McDermott, en passant par Robbie Fowler, Jamie Carragher et Steven Gerrard) mais sont, aujourd'hui, orphelins du départ de Gerrard. Avec sa fougue et son accent de scouser - on surnomme ainsi les habitants de Liverpool -, Jon Flanagan aurait pu être celui-là mais les blessures à répétition l'en ont empêché, ce qui a poussé les dirigeants à prêter le défenseur à Burnley en attendant de trouver un nouveau local boy, made in Liverpool.
Bruno Constant fut le correspondant de L'Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd'hui avec RTL, Europe 1 et Rfi en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté.
Pour approfondir le sujet,
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