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Manchester City, Liverpool, Tottenham... La Premier League à l'ère du pressing

Bruno Constant

Mis à jour 05/10/2016 à 10:29 GMT+2

PREMIER LEAGUE - Manchester City, Liverpool ou Tottenham ont un point commun dans leur excellent début de saison en Premier League : le pressing incessant imposé à l'adversaire. Encore faut-il tenir le rythme sur la distance d'une saison éreintante, particulièrement dans le championnat anglais.

Tottenham head coach Mauricio Pochettino (R) shakes hands with Manchester City manager Pep Guardiola

Crédit: AFP

Depuis mon retour en France, après neuf saisons passées outre-Manche, je suis étonné par le peu d'intérêt des médias français pour le jeu. L'analyse pure et simple du jeu, j'entends. Tout le contraire des deux émissions phares en Angleterre : Match Of The Day (MOTD), de la BBC, et le Monday Night Football (MNF), sur Sky.
La première (sorte de Téléfoot du samedi et dimanche soir) a bâti son succès historique sur l'analyse de chacune des rencontres de Premier League par deux anciennes gloires réunies autour de Gary Lineker : d'Alan Shearer à Martin Keown, en passant par Ruud Gullit ou le tout jeune retraité Jermaine Jenas, ex-Tottenham, qui serait probablement élu meilleur consultant s'il était en France.
La seconde, qui comme son nom l'indique accompagne la rencontre du lundi soir, fait place belle au meilleur duo qui puisse exister, l'ancien défenseur de Liverpool Jamie Carragher et son ennemi de United Gary Neville. Un programme dans lequel Jürgen Klopp, invité en plateau lundi dernier, a crevé l'écran en décortiquant son football sur palette géante.

Liverpool et City pris à leur propre jeu

Et qu'a-t-on appris de ce dernier week-end de championnat anglais ?
1. Le Manchester City de Pep Guardiola n'est pas imbattable.
2. Le pressing haut et le harcèlement du porteur du ballon dans sa moitié de terrain semblent devenus l'apanage des forts comme l'était il y a peu le jeu de possession cher au Barça de Guardiola et sur lequel l'Espagne a construit sa domination sans partage (2008, 2010, 2012).
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Liverpool manager Juergen Klopp looks on during the warm up.

Crédit: Eurosport

C'est sur ce terrain, le pressing donc, que Jürgen Klopp et Pep Guardiola ont façonné leur principe de jeu et réussi leurs débuts à Liverpool et Manchester City, à n'en pas douter les deux meilleures équipes du royaume sur les deux mois écoulés. Mais, le week-end dernier, leurs couronnes ont vacillé à Swansea (victoire des Reds 1-2) et Tottenham (défaite des Sky Blues 2-0) qui les ont pris à leur propre jeu en allant les chercher très haut, les forçant à jouer long ou à commettre l'irréparable dans la relance courte qu'ils aiment effectuer depuis leurs gardiens respectifs.
Dans ce qui ressemblait à de véritables combats, "cygnes" gallois et "coqs" londoniens - bien que l'oiseau figurant sur l'écusson des Hotspurs ressemble davantage à une poule d'eau (waterhen) - ont montré la voie aux autres pour détrôner les deux favoris désignés au trône par la cour. Cela demande une concentration et une cohésion collectives considérable, une rigueur tactique implacable et un investissement physique extrême. Et ce n'est pas donné à tout le monde. Si les Swans ont logiquement battu de l'aile en seconde période et succombé au retour des Reds, les Citizens, en revanche, ont été littéralement étouffés par les Spurs à White Hart Lane où les coéquipiers de Hugo Lloris, très bon au passage, ont su maintenir leur rythme effréné durant quatre-vingt-dix minutes.
Courir cinq mètres vers l'avant ou cinquante mètres vers l'arrière ?"
La bataille tactique marquant les retrouvailles entre Pep Guardiola et Mauricio Pochettino, qui s'étaient croisés à Barcelone lorsque le second dirigeait l'Espanyol, a tenu toutes ses promesses. Et c'est le plus jeune (44 ans) qui a donné une leçon au plus âgé (45 ans). Ce n'est pas nouveau chez l'Argentin qui a épousé l'une des maximes de son mentor, Marcelo Bielsa : "Courir, c'est de l'engagement.Courir, c'est de la compréhension. Courir, c'est tout". Pochettino, dont la préparation estivale est digne des clubs italiens des années 90 (jusqu'à trois séances par jour !), demande à ses joueurs de dicter un haut tempo à l'adversaire.
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Mauricio Pochettino et Pep Guardiola

Crédit: AFP

Au Lane, c'était formidable à voir, presque aussi coordonné qu'un ballet au Royal Albert Hall. L'attaquant sud-coréen Son, brillant en pointe en l'absence de Harry Kane, était le premier déclencheur du pressing, suivi de près par Lamela, Eriksen, Sissoko et dans lequel Wanyama fut un formidable "arracheur" de dents... pardon, de ballons.
Ce jeu, entre-aperçu lors de son passage à Southampton (janvier 2013 à mai 2014) et instauré depuis maintenant deux saisons à Tottenham par l'Argentin explique d'autant plus les difficultés rencontrées par les Londoniens en Ligue des champions face à Monaco (1-2) à Wembley où la superficie plus grande du terrain les oblige à couvrir 545 mètres carrés de plus et où il est donc impossible d'appliquer le même travail de pressing avec efficacité.
A City, la réputation et l'aura de Guardiola ont sans doute aidé les joueurs à adopter cette nouvelle philosophie. Et pour les autres, il y a les mots qui font mouche, relayés ainsi par Raheem Sterling, métamorphosé depuis l'arrivée du technicien : "Vous préférez courir cinq mètres vers l'avant ou cinquante mètres vers l'arrière ?"
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Christian Eriksen (Tottenham) behauptet den Ball gegen Raheem Sterling (Manchester City)

Crédit: Imago

Une ère nouvelle, mais pas novatrice

Le football anglais semble donc entrer dans une nouvelle ère, celle du pressing et du harcèlement, celle où il faut courir, mais pas n'importe comment. Elle n'a pourtant rien de novatrice. Dans le Barcelone de Guardiola (2008-2012), le travail de récupération à la perte du ballon était sensationnel. A Madrid, il est devenu la principale arme de l'Atlético de Diego Simeone. A l'Euro, on garde en mémoire la formidable première période de l'Italie d'Antonio Conte face à l'Espagne. Cette saison, Arsenal a livré sa meilleure performance, face à Chelsea (3-0), grâce à une entame de match qui a étouffé les Blues. Samedi, à Hull (2-0), la formation de Conte a retrouvé des couleurs grâce au passage (enfin !) à une défense à trois mais aussi et surtout grâce à une plus grande agressivité collective dans la quête du ballon.
C'est peut-être une mode qui passera vers une autre mais c'est en tout cas un nouvel ordre en Premier League. Et la question, qui était de savoir si ce principe était applicable sur quatre-vingt-dix minutes après les baisses de régime de Liverpool et Manchester City au cours de leurs rencontres, a été balayée par Tottenham, dimanche. Désormais, la question est de savoir si celui-ci est transposable sur toute une saison, anglaise qui plus est, sans trêve hivernale et face à des adversaires qui ne s'avouent jamais vaincus.
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