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Huddersfield, le vieux champion et le "petit Klopp"

Bruno Constant

Mis à jour 26/08/2017 à 12:28 GMT+2

PREMIER LEAGUE - Avec deux victoires en autant de journées, le promu, absent de l’élite depuis 1972 et favori à la relégation pour beaucoup, s’invite à la table des grands grâce à un football champagne d’un autre technicien allemand.

Joie de Mounié et des joueurs d'Huddersfield

Crédit: Getty Images

Cette saison, le record de passes consécutives précédant un but en Premier League est de vingt-six. D’après vous, qui l’a signé ? Manchester City et la reproduction du tiki-taka barcelonais voulue par ses dirigeants ? Non. Arsenal et son jeu (parfois) léché ? Non plus. Tottenham, connu pour faire tourner ses adversaires en bourrique avec de longues phases de possession ? Toujours pas. C’est Huddersfield Town. Vous vous en doutiez un peu car c’est l’objet de ma chronique, mais c’est quand même bien de l’entendre. Huddersfield, l’un des trois promus avec Brighton et Newcastle, contre qui Mooy a conclu cette longue séquence de jeu par un une-deux avec Kachunga, est la belle surprise de ce début de saison.
Les Terriers sont la première équipe "promoted" à remporter leurs deux premiers matches de championnat depuis que la mémoire des statisticiens s’est arrêtée à la création de la Premier League (1992). Résultat : le club, qui compte le même nombre de points que le leader Manchester United, s’est invité à la table des grands et la perspective de recevoir à nouveau (Southampton) dans son joli John Smith’s Stadium lui fait caresser l’espoir de poursuivre sa belle série. Attention, il n’est pas question ici d’annoncer le prochain Leicester dont la cote pour le titre (2000 contre 1) est finalement bien plus basse que celle des Foxes en 2015 (5000/1). Un tel début de saison, aussi bon soit-il, n’est même pas la garantie d’un maintien à la fin. Hull, qui avait entamé l’exercice de la même manière avant d’être relégué, peut en témoigner. Mais il porte la lumière sur ce club anglais vieux de 109 ans et cette région du football sinistrée - le comté du Yorkshire, situé dans le nord est - par le yoyo de Middlesbrough et les déboires de Leeds et des deux Sheffield.
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Huddersfield

Crédit: Getty Images

Plus de titres de champions que Tottenham…

Huddersfield est le Petit Poucet de la Premier League, c’est un fait. Et pourtant, le club, dont le supporter le plus connu a joué dans Star Trek - la célèbre série des années 80, pas le film -, compte plus de titres de champion d’Angleterre (3) que Tottenham (2). Les trois à la suite (1924, 1925, 1926), record égalé mais jamais battu ! Certes, ils ne datent pas d’hier mais ils sont l’œuvre de Herbert Chapman, le plus grand entraîneur de l’histoire du football anglais, qui a révolutionné le jeu en son temps et donné ses premières lettres de noblesse à Arsenal (1925-1934). Les Terriers font partie de ces clubs anglais qui ont failli disparaître avant de retrouver la lumière. Je pense aujourd’hui à Southampton et Bournemouth. Il y a quatorze ans, le club avait failli mettre la clé sous la porte, placé sous administration judiciaire et incapable de payer ses joueurs pendant cinq mois. Le voilà donc de retour au sein de l’élite après quarante-cinq ans d’absence. Une promotion pleine de paradoxes et gagnée sur un fil : cinquième du dernier Championship malgré une différence de buts négative et acquise à l’issue de deux séances de tirs au but en demi-finale, face à Sheffield Wednesday, puis en finale des play-offs, contre Reading.

Wagner-Klopp, une ressemblance frappante

La dernière fois que le club a goûté à l’élite, Brian Clough venait de porter l’inattendu Derby County sur le trône d’Angleterre. Cette saison-là marquait sans le savoir un autre événement important de son histoire, la naissance de son futur manager, du côté de Mayence, en Allemagne. Le magicien a un nom de compositeur allemand : David Wagner. Mais, comme l’un de ses compatriotes, il préfère le heavy metal à l’opéra. Avec sa barbe courte, ses lunettes transparentes et sa casquette, il ne manque qu’une perruque blonde et vous aurez l’impression de voir Jürgen Klopp. La pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre et la ressemblance ne s’arrête pas au physique. Le technicien de 45 ans partage la même philosophie que son aîné, qu’il a fréquenté lorsqu’il dirigeait la réserve de… Dortmund au moment où Klopp, lui, triomphait avec l’équipe première.
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David Wagner, l'entraîneur d'Huddersfield

Crédit: Getty Images

Wagner a repris Huddersfield aux portes de la relégation en League One (D3 anglaise) en novembre 2015 avant de le ramener en Premier League dix-huit mois après son arrivée. Ce diplômé en biologie et en sciences du sport a insufflé un régime sec sur la préparation physique et la récupération ainsi qu’un état d’esprit conquérant. Son football champagne, très porté vers l’avant, apporte autant de plaisir et de déséquilibre défensif que le Liverpool de Klopp. Mais Huddersfield ressemble davantage à un mélange de Burnley, par son jeu parfois direct et ses jeunes joueurs anglais talentueux, et Bournemouth, par son jeu léché et son jeune entraîneur prometteur, qui ont chacun fait leurs preuves au sein de l’élite. "Le mot d’ordre du boss est de ne se fixer aucune limite et nous sommes tous d’accord", glisse sa nouvelle star, l’Australien Aaron Mooy, l’homme qui "ne parle pas", "ne sourit pas beaucoup" mais fait la joie de son entraîneur cette saison.
Mounié a tout pour briller en Angleterre (A.Shearer)
Preuve de cet état d’esprit, Huddersfield a remporté vingt de ses vingt-deux succès par un seul but d’écart la saison passée. En revanche, son équipe ne présentait que la quatorzième attaque du championnat, ce qui fait craindre le pire à beaucoup d’observateurs sur ses chances de maintien cette saison. Néanmoins, le joli visage affiché lors des deux premières journées et l’arrivée de l’attaquant béninois Steve Mounié a quelque peu changé la donne. "Ce sera compliqué, admet Alan Shearer, recordman du nombre de buts en Premier League, mais Huddersfield a ce qu’il y a de plus important quand vous luttez pour le maintien : un buteur. Mounié a tout pour briller dans ce championnat."
Bruno Constant fut le correspondant de L’Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd’hui avec RTL et Rfi en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté.
Pour approfondir le sujet,
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Aaron Mooy scores for Huddersfield against Newcastle

Crédit: Getty Images

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