Manchester United - Ashley Young, l’improbable pari gagnant de Mourinho

Parfois, il suffit d’une grosse galère pour se rendre compte de choses qui frôlent l’évidence. Et si José Mourinho a sans doute beaucoup de défauts, il sait généralement bien reconnaître les bonnes idées. Cette saison, le maître tacticien a peut-être réalisé le meilleur recrutement possible en piochant… dans ses remplaçants.

Car avec Ashley Young, le Portugais a trouvé la chaussure idoine pour son côté gauche déchaussé en début de saison. Entre un Matteo Darmian pas assez efficace, un Daley Blind relégué sur le banc et un Luke Shaw jamais vraiment remis de sa grave blessure au tibia et devenu indésirable, le poste de latéral gauche manquait de spécialiste. Alors, Mourinho s’est rappelé qu’il avait un joueur polyvalent dans son effectif apte à faire le job : Ashley Young.

Ce mardi, il ne pourra que constater que l’Anglais lui a donné raison. Déjà sauveur de United face à Brighton (1-0), "l’ancien" de 32 ans a rendu une copie éblouissante face à Watford (2-4). D’abord en ouvrant le score d’une demi-volée magnifique à l’entrée de la surface pour tromper Gomes d’une frappe puissante au ras du poteau (19e). Mais le meilleur était encore à venir. Sur un coup franc que Paul Pogba n’a même pas chercher à frapper tant l’Anglais semblait motivé. Une frappe brossée, un effet exceptionnel et une lucarne plus tard ont laissé les spectateurs du Vicarage Road Stadium sans voix. Et José Mourinho aussi.

Un doublé improbable mais surtout inédit depuis… mars 2012. Une époque où Young régalait plutôt aux avant-postes. Des frappes aux trajectoires géniales, il en a mis un paquet. Mais les recrues mancuniennes des dernières années (Martial, Mata) et l’émergence de talents locaux (Rashford, Lingard) l’ont peu à peu poussé vers le banc. Puis (presque) vers la sortie.

Il faut dire que, la saison passée, il n’avait disputé que douze petits matches de Premier League, se voyant davantage utilisé en Ligue Europa. Un joueur de rotation en somme pour José Mourinho. Pourtant, l’été dernier, quand des clubs sont venus aux nouvelles, Mourinho et Young ont décidé d’un commun accord de continuer ensemble. Et bien leur en a pris.

Car dans le 3-4-3 mis en place par United cette saison, il est le pendant parfait de Valencia. Actif, travailleur et capable de faire les bons choix offensifs. Derrière lui, la présence de trois défenseurs lui permet de prendre au mieux son couloir et permet aussi à Martial de repiquer dans l’axe. En bref, il est idéal pour ce système. Son coffre physique, qualité qu’il a toujours eue, lui permet de répéter les efforts et d’apporter un vrai plus à ce poste.

C’est peut-être lui qui l’expliquait le mieux il y a quelques semaines, à l’heure de retrouver les Three Lions : "Je préférerais jouer plus haut sur le terrain. Mais j’ai été capable de m’adapter et de jouer comme un latéral droit ou gauche", expliquait-il en préambule. "Je lis bien le jeu. J'ai cette expérience aussi, d'être malin, savoir où me placer, quand attaquer, quand défendre", avait-il terminé par résumer. Rien de plus à ajouter.

Et puis, mine de rien, Young est l’un des derniers de l’effectif à avoir connu les joies d’un titre en championnat, en 2013. Et, dans un effectif jeune comme celui de MU, cela joue forcément. Ce n’est pas Mourinho, gagneur invétéré, qui dira l’inverse.

Alors, la suite ? Elle semble passer par ce poste, malgré ses réticences premières. D’ailleurs, MU envisage de prolonger son bail jusqu’en 2019. Pour le récompenser de ses efforts. Mais surtout reconnaître l’évidence : leur meilleur latéral n’est ni gaucher, ni star en devenir. Mais c’est bien le plus complet. Et, souvent, cela s'avère essentiel.