Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Pourquoi Arsenal n'est pas près de fêter le "St Totteringham's Day"

Louis Pillot

Mis à jour 17/11/2017 à 17:32 GMT+1

PREMIER LEAGUE - Longtemps maître au nord de Londres, Arsenal est désormais dépassé par son voisin Tottenham. Le North London derby de samedi (13h30) pourrait bien confirmer la nouvelle suprématie des Spurs.

Tottenham célèbre le but de Dele Alli lors du North London Derby d'avril 2017

Crédit: Getty Images

Chaque année depuis 2002, aux alentours d'avril, les fans d’Arsenal avaient pris l’habitude de fêter le” St Totteringham’s Day”. La tradition célébrait le moment de la saison où les Gunners étaient mathématiquement assurés de terminer devant Tottenham en Premier League. Elle était devenue un rituel, un moment presque attendu de la saison anglaise, tant Arsenal semblait supérieur à son voisin honni sous l’ère Wenger. Mais la fête n’a pas eu lieu en 2017. Pour la première fois depuis 1995, les Spurs ont fini devant les Gunners au classement. Sans aucune discussion, tant le rapport de forces au nord de Londres semble s’être inversé entre les deux rivaux avant un nouveau “North London derby” samedi (13h30).
picture

Dele Alli célèbre son but contre Arsenal le 30 avril 2017

Crédit: Getty Images

"Ils ont ce petit reflet dans les yeux"

Déjà, en 2015-2016, Arsenal avait fait illusion. Les Gunners n’avaient chipé la deuxième place aux Spurs qu’à la dernière journée, avec un seul point d’écart. Une manière de retarder l’échéance et de rester devant le rival, comme tous les ans depuis la prise de fonction d’Arsène Wenger en 1996. Un moyen, aussi, de contenter des fans dépités par le sacre de Leicester, alors que le trophée de Premier League semblait plus que jamais à portée des Gunners.
La saison dernière a cependant marqué un tournant, avec la prise de pouvoir de Tottenham au nord de Londres. L’affront a été double pour Arsenal, éjecté de la Ligue des champions pour la première fois depuis plus de 20 ans alors même que son rival y figure. Sans en être figurant : les Spurs sont sortis invaincus de leur double confrontation face au Real Madrid, double champion d’Europe en titre, arrachant même une victoire mémorable à Wembley (1-1, 3-1). Tottenham est assuré de revenir au printemps, et a l’occasion de faire mieux qu’Arsenal, impuissant en Europe depuis sa finale perdue contre le FC Barcelone en 2006 et bloqué au stade des huitièmes de finale depuis sept ans.
La deuxième place des Spurs en 2017 a traduit une tendance, qui s’est exprimée lors des derniers duels de cette rivalité particulière. Dominés de façon presque outrancière par Arsenal sous Wenger, ils se sont équilibrés dernièrement, au point que Tottenham reste invaincu sur les six dernières confrontations en championnat contre le voisin. Pour Lee Dixon, ancienne gloire des Gunners, la raison est toute trouvée. Les Spurs “ont ce petit reflet dans les yeux, qui fait presque peur. [...] A Arsenal, l’intensité de la confrontation s’est peu à peu évaporée dans le vestiaire.” Mais l’inversion du rapport de forces a sans doute un autre coupable : Mauricio Pochettino.

Chacun son "British core"

Nommé à l’été 2014, à la fin d’une saison moyenne où les Spurs ont peiné à se remettre du départ de Gareth Bale, le technicien argentin a contribué à remettre Tottenham dans le droit chemin. Terminés, les recrutements clinquants mais ratés. Exit les Soldado, Paulinho, Capoue : “Poch” confirme Christian Eriksen, lance Eric Dier, et surtout Harry Kane. Les jeunes anglais confirment rapidement, là où, à seulement quelques kilomètres, Arsène Wenger s’entête encore avec Oxlade-Chamberlain…
Wenger voulait créer une base britannique à son équipe. En décembre 2012, le coach des Gunners faisait prolonger son “British core” : Kieran Gibbs, Carl Jenkinson, Alex Oxlade-Chamberlain, Aaron Ramsey et Jack Wilshere. Pourtant, lors du dernier rassemblement de l’équipe d’Angleterre pour les matches amicaux contre l’Allemagne et le Brésil, les Three Lions ne comptaient aucun joueur d’Arsenal… contre six de Tottenham. Jenkinson, sans cesse prêté, Gibbs et Oxlade-Chamberlain, vendus, ne jouent plus avec les Gunners. Wilshere, lui, peine encore à retrouver sa place. C’est bien autour de Wembley - en attendant le nouveau White Hart Lane - que s’est faite l’ossature de l’équipe d’Angleterre, mais avec Eric Dier, Danny Rose, Dele Alli et Harry Kane.
picture

Eric Dier, buteur lors d'Angleterre - Slovaquie le 4 septembre 2017

Crédit: Getty Images

Harry Kane, le "Totti de Tottenham"

Et là où les stars d’Arsenal en fin de contrat, comme Alexis Sanchez et Mesut Özil, regardent vers la sortie, Mauricio Pochettino semble avoir convaincu ses joueurs de s’inscrire dans un projet à long terme. Kyle Walker, parti pour Manchester City, est le seul joueur majeur des Spurs à les avoir quitté cet été. A l’inverse, Tottenham a su conserver Hugo Lloris ou Toby Alderwereild, et surtout Harry Kane, dont Pochettino dit qu’il peut être “le Totti de Tottenham”.
Kane, comme Totti, a compris comment marche un derby : avec des héros. Au bout d’un rush fantastique en 2002, Thierry Henry venait crucifier la défense des Spurs et chambrer les supporters d’une célébration légendaire (3-0). 10 ans plus tard, c’est Robin van Persie qui remettait Arsenal dans le droit chemin d’une belle frappe enroulée, avant d’offrir un but à Walcott sur un plateau (5-2). Le héros passé dans l'autre camp, on ne parle plus que de Kane ces derniers temps. L’Anglais a inscrit 6 buts en 6 matches contre Arsenal, dont un lors de la victoire 2-0 des Spurs l’année dernière sur leur pelouse. Et il en est déjà à 13 en 14 matches cette saison…
Reste aux Spurs à assoir définitivement leur suprématie. Petr Cech, le gardien d’Arsenal, juge que le rapport de forces entre les deux clubs “ne s’est pas inversé” : “Ils doivent gagner quelque chose pour montrer leur progression”. Les Spurs, pas couronnés en Premier League depuis 1961, arrivent à un moment charnière de leur histoire. Le changement de stade, pour Arsenal, a coïncidé avec le début d’une longue traversée du désert. La rénovation de White Hart Lane, elle, doit être contemporaine de nombreux succès pour Tottenham. Histoire que les Spurs puissent, eux aussi, faire la fête tous les ans.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Plus de détails
Publicité
Publicité