Transferts - Alvaro Morata, le choix de secours pour un mercato plein de paris made in Chelsea

Antonio Conte a eu gain de cause. Après des semaines de tractations, Chelsea a réussi à attirer dans ses filets un joueur par ligne. Le souhait du technicien italien au début du mercato en somme. Alors, satisfait de la tournure des évènements, Conte a accepté l’augmentation salariale proposée par les Blues et rangé ses remords de début de mercato.

Car il ne faut pas l’oublier, le mercato des Blues a commencé par un coup de théâtre clairement défavorable. Le transfert surprise de Romelu Lukaku à Manchester United a créé un malaise à Londres alors que le joueur était promis aux Blues depuis des mois. Malaise dissipé et mercato réussi quelques semaines plus tard ? Pas si vite.

Commençons par la défense, le point fort de Chelsea la saison passée. Antonio Conte avait demandé un nouveau défenseur central pour son trio de derrière composé la saison passée de Gary Cahill, David Luiz et César Azpilicueta. C’est donc Antonio Rüdiger qui a signé contre 38 millions d’euros.

Une recrue jeune (24 ans), prometteuse, polyvalente et qui compense le départ de John Terry du côté d’Aston Villa. A priori, une bonne pioche. Solide, le défenseur vient renforcer l’effectif des Blues qui va redécouvrir les joutes européennes et vient donner une dimension physique supplémentaire à cette défense. Il y a cependant un "mais"…

Car, entretemps, Leonardo Bonucci a rejoint l’AC Milan. Et ce n’est pas anodin. Car Chelsea a pisté pendant de longues semaines l’Italien. Il s’est souvent heurté à l’intransigeance de la Juve. Mais, quand la fenêtre s’est ouverte, le champion d’Angleterre a loupé le coche. Pourtant, avec Conte comme argument de séduction et une réelle place à prendre dans l’effectif, le timing était parfait. Les choix de Bonucci et l’offensive éclair des Milanais a fait le reste. Au plus grand dam de Conte.

Paradoxalement, c’est surtout au milieu de terrain que le chantier est le plus indécis. Car si N’Golo Kanté, nommé meilleur joueur de la saison passée, sera évidemment l’atout numéro un des Blues, c’est l’identité de son compère qui pose question.

La saison passée, c’est Nemanja Matic qui officiait à ses côtés. Très bon relanceur, il était l’une des rampes de lancement du jeu londonien alors que Kanté gérait tout le reste (ou presque) à savoir projection, récupération. Un duo complémentaire que Conte a décidé de changer puisque le Serbe est sur le départ (Juventus, Manchester United). En réponse, c’est Tiémoué Bakayoko qui a signé contre près de 45 millions.

Un pari, plus que jamais. Car si le néo-international français a le potentiel pour aller plus haut et a brillé à Monaco la saison passée, son expérience au plus haut niveau et son profil le différencie largement de Matic. Car Bakayoko n’est clairement pas un régulateur, un joueur à même d’organiser le jeu d’une équipe, a fortiori Chelsea. A Monaco, l’ancien Rennais avait laissé le rôle d’homme de jonction à Fabinho et avait eu la chance d’avoir deux ailiers créatifs, en la personne de Bernardo Silva et Thomas Lemar.

A Chelsea, les joueurs de côté (Moses et Alonso) sont davantage des joueurs de transition, ultra rapides qui permettent au bloc de remonter à vitesse grand V. Quant aux ailiers, ils ne deviennent créateurs que dans les trente derniers mètres. En clair, ne vous attendez pas à voir Pedro ou Hazard dans le rond central à organiser le jeu des Londoniens.

Le choix de Bakayoko résulte en réalité d’une vraie mainmise de Conte. Car avec le Français, l’Italien dispose désormais d’un joueur puissant, au volume de jeu impressionnant qui se transformera lui aussi en box-to-box parfait s’il s’acclimate au jeu anglais. Le plan de jeu de Conte sera clair : une récupération rapide et une explosion en contre avec des joueurs de projection par excellence autour d’une pointe capable de dévier des ballons. Cela ne vous rappelle rien ? L’Italie 2016 avait pourtant un visage similaire.

C’est donc lui qui a été choisi. Après plusieurs semaines de tractations et de rumeurs en tout genre, c’est Alvaro Morata qui a rejoint Chelsea. Contre 80 millions. Une somme importante pour un joueur qui n’a jamais dépassé les 15 buts en championnat de toute sa carrière et qui ne connaît pas l’apprêté de la Premier League. Tout l’inverse d’un Romelu Lukaku qui avait tout du profil parfait pour la pointe des Blues.

Surtout, il vient remplacer un Diego Costa déterminant la saison passée dans la quête du titre et qui collait à l’ADN type du buteur habituel des Blues : un 9 physique, déménageur, à même de peser sur les défenses et capables de gestes d’instinct (Drogba, Costa). "Costa a été exceptionnel et un cauchemar pour les adversaires toute la saison" confirme Alex Chick, journaliste à Eurosport.co.uk. Oui, si on regarde ses stats, Morata représente un risque. Mais, si vous jetez un coup d’œil au marché, il y a très peu d’autres options de cette qualité".

En clair, une bouée de secours. Doublé sur Lukaku, Chelsea s’est rabattu sur Morata histoire de ne pas se retrouver complètement le bec dans l’eau. "Je ne pense pas que Conte ait réellement choisi ce profil. Il fallait trouver quelqu’un de qualité plus qu’un joueur au profil parfait" poursuit Alex Chick. En somme, Chelsea a fait ce qu’il a pu.

Et c’est donc avec une armada renouvelée de trois noms que les Blues s’avancent dans la quête d’un improbable quadruplé mis en avant par N’Golo Kanté dans The Evening Standard. Une armada dessinée par et pour Antonio Conte qui devra rapidement légitimer ses choix. Autrement, les augmentations risquent de rapidement s’arrêter.