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Carlos Tévez : le "joueur du peuple" qui préfère Boca à la Ligue des champions

Thomas Goubin

Mis à jour 20/07/2015 à 14:16 GMT+2

TRANSFERTS - Carlos Tévez est revenu dans son club de toujours, Boca Juniors. Un choix dicté par son cœur plus que pour le côté sportif. Mais l'Argentin voulait rentrer "à la maison" et a tout fait pour. A la grande joie des habitués de la Bombonera.

Carlos Tévez lors de son premier match après son retour à Boca Juniors - 2015

Crédit: AFP

Il fallait le voir là, profondément ému, au milieu d'une Bombonera qui lui voue un culte, pour comprendre comment un joueur finaliste de la dernière Ligue des champions a choisi de laisser derrière lui le confort d'un top-club européen pour revenir batailler dans le tumultueux championnat argentin. Un championnat gangréné par la violence, où les joueurs peuvent être rackettés par les barras bravas (ultras), mais dont la passion n'a sans doute pas d'égale dans le monde.
Ils étaient ainsi près de 50000 à avoir blindé la Bombonera en ce froid lundi d'hiver austral pour accueillir Carlos Tévez. Le fils prodigue revenu à la maison. "Il n'y a rien de mieux que cela, c'est incomparable, a glissé Tévez lors de sa conférence de presse de présentation, d'abord, car je suis au milieu des miens, et deuxièmement, car je n'ai pas à parler anglais ou italien ..." Le cœur a ses raisons que la raison n'entend pas.
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Carlos Tévez embrasse la pelouse de la Bombonera - 2015

Crédit: AFP

A City, United ou à la Juve, il n'a jamais oublié Buenos Aires

Arrivé en Europe en 2006, Carlos Tévez a toujours eu le mal du pays. Pas une saison sans qu'El Apache ne déclare qu'il souhaitait revenir à Buenos Aires, vivre au milieu de sa famille, défendre le maillot bleu et jaune de Boca Juniors, son club de cœur. Pour l'Argentine qui débat encore du degré d'attachement de Lionel Messi à sa mère Patrie, Tévez a toujours été "le joueur du peuple", pour son style généreux et son attachement revendiqué à ses origines populaires. Vainqueur de la Copa Libertadores et de la Coupe Intercontinentale 2003 face à l'AC Milan, à 19 ans, puis champion olympique avec l'Albiceleste en 2004, Tévez a de suite été adopté par un pays qu'il n'a jamais oublié.
Ses buts avec Manchester City, Manchester United, ou la Juventus, il les ainsi souvent dédiés à Fuerte Apache, le quartier miséreux où il a grandi, ou à d'autres barrios populaires de Buenos Aires. Le jour de sa présentation à la Bombonera, le lundi 13 juillet, les supporters de Boca étaient invités à donner des denrées alimentaires non périssables en guise de billet d'entrée. Vingt tonnes ont été recueillies qui ont été distribuées, la semaine dernière, à Fuerte Apache. Devenu le symbole du joueur millionnaire qui ne s'appartenait pas vraiment quand le sulfureux homme d'affaires Kia Joorabchian avait mis la main sur lui, le baladant de Corinthians à West Ham, El Apache n'a jamais perdu racine. La Juve voulait le conserver et l'Atlético Madrid de Diego Simeone le désirait, comme il l'a confié lors de sa conférence de presse de présentation, mais Tévez ne rêvait que d'une chose : revenir à Boca.
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Carlos Tevez a été accueilli comme une star pour son retour à Boca Juniors - 2015

Crédit: AFP

Les fans de Boca gâtés par un joueur de classe mondiale

Oubliez la soif de titres et de Ballon d'or de Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi. Carlos Tevez, le joueur du peuple, a besoin de danser au son de la cumbia, de partager un asado au milieu des siens, et de gagner des titres avec Boca Juniors, pour être heureux. "Tu peux nous promettre de gagner contre River Plate et de gagner le championnat ?" lui a demandé l'animateur de la conférence de presse, le jour de sa présentation. "Bien sûr, je suis venu pour ça", a répondu l'idole, qui s'était fait expulser en 2004 après avoir inscrit un but égalisateur en demi-finale de Copa Libertadores sur le terrain de River Plate, pour avoir chambré les fans adverses, en faisant la "gallina", la poule, surnom péjoratif du club ennemi de Boca.
Alors que les fans de l'OM attendent toujours Didier Drogba, ou ceux du PSG, les fans de Boca vont avoir le privilège de jouir de l'un des meilleurs attaquants du monde, encore dans la pleine force de l'âge. Pour Tévez, 31 ans, il s'agit d'une revanche, lui qui n'avait jamais vraiment digéré son départ précipité de Boca pour les Corinthians, en 2005, où l'a rejoint Javier Mascherano, lui aussi détenu par Kia Joorabchian. Le transfert d'El Apache était alors la transaction la plus onéreuse de l'histoire du football sud-américain : près de 15 millions d'euros.
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Diego Maradona était dans les tribunes de la Bombonera pour le retour de Carlos Tevez - 2015

Crédit: AFP

La banderole de Maradona

Samedi, face à Quilmes, Carlos Tévez a joué son premier match avec Boca depuis onze ans, numéro 10 dans le dos, comme les deux grandes idoles du club : Juan Roman Riquelme et Diego Armando Maradona. Ce dernier était d'ailleurs présent à la Bombonera, comme lors de sa présentation, et lui a dédié une banderole pour le remercier "d'avoir renoncé à l'argent pour l'amour du maillot". Une banderole qu'il lancera à Tévez, sous les acclamations de la Bombonera, dans une scène d'adoubement aux relents populistes. Après 17 journées (sur 30) Boca est en tête de la PrimeraA après sa victoire face à Quilmes (2-1), où Tévez s'est fait voler la vedette par un but en coup du foulard de Jonathan Calleri, célébré par Maradona.
Bien entendu, tout n'est pas que romantisme dans ce transfert sensation. La venue de Tévez est ainsi un énorme coup politique réussi par le président de Boca Juniors, Daniel Angelici, alors que son équipe avait perdu sa dernière idole avec le départ de Riquelme à l'été 2014, et que les supporters Xeneizes n'ont toujours pas digéré leur double élimination par River Plate, en demi-finale de la Copa Sudamericana (la Ligue Europa sud-américaine), en novembre dernier, puis en huitièmes de finale de la Copa Libertadores 2015, au mois de mai. Un coup réussi en hypothéquant quatre talents du centre de formation, sur lesquels la Juventus aura une option jusqu'en 2017-2018, et en différant le paiement du transfert sec (6,5 millions d'euros) en décembre 2016.
Le jour de la présentation, des drapeaux remerciant le président Angelici ont curieusement fleuri autour de la Bombonera … Selon le boss de Boca, Tévez a fait des sacrifices financiers pour revenir "à la maison", même si l'on sait que dans ce genre de transactions, des pourcentages sur le marketing ou la billetterie, permettent parfois aux idoles de s'y retrouver. Quoiqu'il en soit, Tévez, qui, sans le football, serait "mort, drogué, ou en prison", comme il l'a déclaré, a fait le choix du cœur. Samedi, face à Quilmes, il a semblé "lutter constamment entre le rationnel et l'émotionnel", comme l'a écrit le site argentin Canchallena. Le cœur de Carlos Tévez a ses raisons qui le mènent à la Bombonera ...
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