Au bonheur de l'Algérie

24 ans qu'ils attendaient ça. Depuis la Coupe du monde 1986 au Mexique, l'Algérie n'avait plus goûté au rendez-vous planétaire. Il aura fallu passer par toutes les émotions et aller jusqu'à Khartoum pour que les Fennecs finissent par obtenir leur billet pour l'Afrique du Sud. Leur victoire en match de barrage face à l'Egypte dans la capitale soudanaise (1-0) a évité aux Algériens de ruminer pendant quatre ans une immense frustration. Samedi, ils étaient passés tout près de la qualification au Caire avant de concéder un deuxième but au bout du temps additionnel qui les avait alors privés d'un immense bonheur. Provisoirement, seulement.

L'explosion de joie qui a emporté l'Algérie toute entière mercredi soir est à la hauteur du quart de siècle d'attente et du scenario rocambolesque de ces derniers jours. Il a fallu aux Algériens d'énormes ressources morales pour aller au bout de leur rêve. "C’est une revanche sur ces égyptiens, oui, avoue Rabah Saadane, le sélectionneur algérien. C’est une revanche pour le calvaire que nous avons vécu chez eux. C’est Nous avons été récompensés pour tous les efforts que nous avons fournis depuis le début des éliminatoires. Nous méritions amplement cette qualification vu l’ensemble du parcours. Nous avons prouvé que nous sommes l’équipe qui mérite le plus de jouer le Mondial."

L'histoire retiendra Antar Yahia dans le rôle du héros libérateur. Le défenseur de Bochum, en inscrivant l'unique but du match de Khartoum mercredi (et quel but!), a gagné sa place dans la légende. Ce but, Yahia l'a modestement offert, pour ne pas dire attribuer à tous ses compatriotes, comme pour mieux témoigner de sa volonté de le partager avec tout un peuple. "Je ne me considère pas comme le héros, assure-t-il. Il est vrai que j’ai marqué ce but en or, mais c’est la victoire de toute une équipe. Le véritable héros, c’est le peuple algérien, qui a fait des milliers de kilomètres pour venir nous encourager. Grâce à nos chers supporters, nous sommes qualifiés à la plus des prestigieuses des compétitions."

Ils étaient près de 10.000 à avoir effectué le déplacement. Les supporteurs algériens ont pris d'assaut les rues d'Omdurman, en banlieue de Khartoum, mercredi soir après la rencontre. Avec cette qualification, l'Algérie sort donc d'un trop long tunnel. Cette génération doit maintenant tenter de marquer la prochaine Coupe du monde de son empreinte, comme sut le faire la génération Madjer en Espagne en 1982, lorsque les Algériens avaient battu la RFA lors du premier tour. Si le tirage est facétieux, peut-être le destin placera-t-il à nouveau les Algériens sur la route des Allemands. Ou sur celles des Brésiliens, comme en 1986. Ou, pourquoi pas, sur le chemin de l'équipe de France? Peu importe. Aujourd'hui, l'Algérie veut juste savourer son retour dans la cour des grands. Après 24 ans d'une interminable attente, elle l'a bien mérité.