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La vidéo, éternel débat

Eurosport
ParEurosport

Publié 24/11/2009 à 10:46 GMT+1

La main de Thierry Henry face à l'Irlande a relancé le débat de l'utilisation ou non de la vidéo lors des matches de football. Un véritable serpent de mer qui oppose les "Anciens" et les "Modernes" et qui n'est pas près de trouver son épilogue.

Tout ce qui touche à l'image, à l'enregistrement d'un match, et particulièrement à l'arbitrage vidéo, est un débat sensible. A première vue, c'est simple comme un coup de sifflet : on pose des caméras un peu partout, on ajoute des ordinateurs, et quand quelque chose ne va pas sur un terrain, on appelle l'arbitre télé qui consulte son ralenti et donne son avis comme tout le monde. C'est tellement simple et à la mode, que le porte-parole de l'UMP en personne, Frédéric Lefebvre, a demandé samedi l'introduction de la vidéo dans l'arbitrage des matches de football, dans une lettre adressée à Michel Platini. Michel Platini étant président de l'UEFA (instance européenne), ce qui ne lui donne aucun pouvoir sur la gestion de la FIFA (instance mondiale). La lettre, rendue publique via facebook, s'adresse surtout au fervent défenseur de l'arbitrage dit humain."Pourquoi le refus d'un tel progrès dans un monde qui a changé ? Le rugby et le tennis ne s'y sont pas trompés, eux qui l'ont introduit récemment", interpelle M. Lefebvre avant d'insister : "La vidéo est un passage obligé vers l'exemplarité".
Platini et l'arbitrage Playstation
Il faudrait donc distinguer, comme la rhétorique du football le veut si souvent, deux écoles : les Anciens et les Modernes. Nous allons voir que c'est encore plus compliqué que cela, et que la question de l'arbitrage vidéo se pose plus que jamais dans les assemblées politiques comme à la FIFA. Les Anciens seraient cette catégorie de dirigeants un peu nostalgique des grossières erreurs d'arbitrage assumées tête haute, réticents face aux nouvelles technologies. Imaginez-vous Michel Platini ne pas souffrir en regardant les décisions de Monsieur Corver (arbitre de France-RFA 82) ou en train de regarder la Ligue Europa sur une télévision en noir et blanc ? Et de l'autre côté, des Modernes rompus aux actions jouées sur Playstation, trop pris par le feu de l'action pour s'inquiéter de règles du jeu ? Tout cela mérite des explications.
Michel Platini a eu la chance d'être à la fois acteur du sport professionnel et décideur. Nommé sélectionneur de l'équipe de France au début des années 90, il avait expliqué lors d'un entretien (que l'on peut voir sur le site de l'INA) qu'il était en faveur de l'arbitrage vidéo pour la Coupe du monde. Le compétiteur de l'époque rejoint alors les sportifs interrogés ces derniers jours : il y a des faits de jeu qui échappent aux joueurs, des erreurs de jugements et avec la vidéo ce serait mieux. En tant que président de l'UEFA, et depuis plusieurs années, Platini a pourtant défendu le contraire avec fermeté, au point de décider d'ajouter des arbitres supplémentaires pour ne pas faire appel à la vidéo. C'est qu'il ne veut pas "tuer le jeu", selon ses propres mots. Il ne faut pas entendre là qu'il ne faut pas "hacher le jeu par des interruptions", mais plutôt qu'il ne faut pas dénaturer le football de haut niveau.
La contradiction que l'antienne de la vidéo éclaire ici, est que l'élite du football n'a déjà plus rien à voir avec le football amateur. Platini a vécu toutes les étapes de la métamorphose du football professionnel. Il est encore convaincu qu'une norme commune existe encore. Le football semble pourtant plus se rapprocher aujourd'hui des modèles nord-américains, où la distinction entre sport spectacle et sport amateur est plus claire. Où la vidéo est intégrée à part entière (football américain par exemple).
Les exemples du rugby et du tennis
Les tenants de l'arbitrage vidéo ne sont pas plus des gens prêts à suivre des compétitions entre robots n'ayant aucune notion d'éthique et recevant une décharge électrique à chaque mauvais geste. L'utilisation de la vidéo comme appoint en rugby et au tennis a fait ses preuves. On n'élimine pas tout à fait l'erreur (pensez au cas extrême du penalty accordé contre toute évidence télévisuelle à la Norvège à Marseille en 1998, puis validé par une caméra quelques jours plus tard) mais on optimise les décisions du corps arbitral.
Le sport est une industrie, gérée comme une industrie (il faut investir et minimiser les risques, sinon pourquoi aurait-on imis en place un système de têtes de série pour les barrages de la coupe du monde ?) et les nouvelles technologies sont plutôt fiables. Pensez qu'au tennis, même Roger Federer, qui a longtemps refusé le "Hawk Eye" (challenge vidéo) se prend maintenant au jeu. Ce sont des nouveaux jeux, quelques fois proches du divertissement que du sport, mais pas tout à fait dénaturés. Sport ou "entertainment", la société dose en permanence suivant ses besoins. On attend cela dit plus de clarté des discours et des définitions que l'on donne au sport, fut-il "à plusieurs vitesses". Si les Anciens doivent accepter l'évolution du sport-spectacle, les Modernes doivent éviter la confusion entre le divertissement produit par le sport et les valeurs morales qu'une pratique sportive suppose. Une réflexion similaire pourrait d'ailleurs s'engager quant au problème du dopage.
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