Eliminatoires Coupe du monde 2018 - L'Argentine, sans Messi, craint le Brésil de Neymar

Messi pourrait en être. Du Clasico Real Madrid-FC Barcelone, qui se disputera le 21 novembre. C'est, tout du moins, ce qu'avancent certains media espagnols, alors que le quadruple Ballon d'Or a retouché au ballon mardi dernier. Mis sur le bas-côté, le 21 septembre, Messi ne sera toutefois pas, c'est une certitude, d'un autre sommet : le superclasico des Amériques entre Argentine et Brésil, qui se disputera finalement dans la nuit de vendredi à samedi(01h00), suite au report de 24 heures en raison des conditions climatiques à Buenos Aires. Une immense épine dans le pied de Gerardo Martino et de l'Albiceleste. Car, orpheline du Barcelonais lors des deux premières journées éliminatoires, l'Argentine avait fait peine à voir. Au-delà de son humiliante défaite à domicile face à l'Equateur (0-2), et de son triste nul au Paraguay (0-0), aucune esquisse d'une vie pérenne sans Messi n'avait été entrevue. En deux matches, l'Argentine n'avait pas marqué le moindre but, malgré les Di Maria, Tévez, et autres Pastore.

L'Argentine peut-elle réussir sans Messi ? La question mérite d'être posée, et n'a pas manqué de l'être après cette piteuse entame d'éliminatoires. Car, telle est la paradoxale problématique argentine : quand la sélection perd avec Messi, le quadruple Ballon d'Or devient immédiatement le coupable tout trouvé, mais quand il n'est pas là, c'est son absence qui se convertit en principale variable d'explication de toute déconvenue. "Sans Messi, l'Argentine est une sélection comme les autres" a ainsi considéré l'ex-portier, Hugo Gatti. Cette normalisation d'une sélection qui reste sur deux finales de poids - Copa América et Coupe du monde - est d'autant plus redoutée au pays de Maradona, que Martino a vu se réduire considérablement son champ des possibles pour trouver une formule gagnante face au Brésil.

A l'absence de Messi et d'Agüero, forfaits de longue date, s'est ajoutée celle de Carlos Tévez (entorse genou gauche), annoncée mardi, alors que Javier Pastore, gêné au mollet droit, n'a pas pris part aux entraînements avec le groupe. Dans ces circonstances, Martino, dont la situation pourrait devenir critique en cas de nouveau faux-pas, va miser, selon la presse argentine, sur un trident d'expérience formé par Gonzalo Higuain, flanqué de deux Parisiens : Angel di Maria et Ezequiel Lavezzi. Sur le banc, Nicolas Gaitan, Angel Correa, et Paulo Dybala, feront office de roues de secours.

"L'absence d'un joueur hors pair comme lui se ressent forcément, avait considéré l'ex-sélectionneur, Alejandro Sabella, en mai 2013, même le Barça, la meilleure équipe de ses dernières années, a souffert d'une Messi-dépendance." Sous Sabella (2011-2014), Messi avait justement brillé comme jamais avec l'Argentine : 24 buts en 32 matches. Reste qu'évaluer la Messi-dépendance en sélection relève de l'exercice hasardeux, puisque la Pulga a joué la quasi-totalité des matches officiels depuis quatre ans. Seules exceptions : le dernier match éliminatoire de la précédente campagne face à l'Uruguay (défaite 3-2), que l'Albiceleste avait abordé dans un fauteuil, puisqu'assurée de sa première place, et les deux premiers matches de la présente campagne.

Face au Brésil, alors que Martino va miser sur un trident de milieux au profil défensif (Mascherano-Biglia-Banega), Angel di Maria évoluera avec le numéro 10 de Messi dans le dos. Pas un hasard, c'est du Parisien qu'est attendu l'étincelle. Pas à son avantage face à l'Equateur et au Paraguay, Di Maria se trouvait toutefois loin de sa forme optimale et les supporters argentins espèrent récupérer, face au grand ennemi, le Di Maria de la deuxième phase de la Coupe du monde, où il avait toutefois profité de la vigilance resserrée dont fait toujours l'objet Lionel Messi pour briller. Finalement, et si l'homme capable de faire oublier la Pulga se trouvait plutôt dans le camp d'en face ?

Il est le joueur du moment. Celui qui a émerveillé le monde pour son but de funambule-équilibriste, dimanche dernier, face à Villareal. Celui qui pointe aussi en tête du classement des buteurs de la Liga, longtemps propriété exclusive de Messi et Ronaldo. Celui qu'il faudra "mettre en échec", comme l'a titré le quotidien sportif argentin, Olé. Avec la complicité active de Luis Suarez, Neymar, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est indéniablement parvenu à faire oublier l'absence de Lionel Messi au Barça, tout du moins à la rendre neutre en terme de résultats. De retour de quatre matches de suspension, consécutifs à son expulsion face à la Colombie lors de la Copa América, Neymar est attendu comme le messie par les siens au moment d'affronter l'Argentine au stade Monumental.

Car, pour le Brésil, la vie sans Neymar a tourné au drame depuis 2014. Il y a bien entendu cette demi-finale en forme de claque reçue face à l'Allemagne, mais aussi cette élimination calamiteuse en quart de finale de la Copa América face au Paraguay. Sans sa star, la Seleçao l'a tout de même emporté deux fois, mais c'était à chaque fois face au médiocre Venezuela : de manière laborieuse lors de la Copa América (2-1), de manière plus convaincante lors du dernier match éliminatoire (3-1). Ce dernier rendez-vous a d'ailleurs constitué la première éclaircie entrevue dans le ciel brésilien depuis son Mondial. Le 13 octobre dernier, la Seleçao a enfin rompu avec sa récente d'habitude d'ennuyer, et la performance de Douglas Costa, dans la tonalité de ce qu'il réalise avec le Bayern depuis le début de saison, a été remarquée. Le joueur bavarois avait remplacé Neymar poste pour poste, sur le côté gauche de l'attaque, mais ne devrait toutefois pas faire les frais du retour de la star. Car le Brésil ne peut se permettre ce luxe. Ou alors, ce serait encore déléguer toute la responsabilité de déséquilibrer l'arrière-garde adverse au seul Neymar.

Il existe encore un doute sur l'endroit où la grande star brésilienne fera son retour. L'attaquant du Barça retrouvera-t-il son cher côté gauche, d'où il aime amorcer ses rushs, ou pourrait-il être aligné dans l'axe, en lui laissant une grande liberté de mouvement ? Quelle que soit la réponse donnée par Dunga, Neymar sera assurément l'élément moteur de l'attaque brésilienne et l'homme à surveiller comme le lait sur le feu pour les Argentins. "Il n'y a pas de recette pour stopper Neymar, estime le défenseur central argentin, Jonathan Maidana (River), sinon tous l'utiliseraient". L'Argentine craint Neymar. Autant que de jouer sans Messi ?

Argentine : Romero, Roncaglia, Otamendi, Funes Mori, Rojo, Biglia, Mascherano, Banega, Di Maria, Lavezzi, Higuain
Brésil : Alisson, Daniel Alves, Miranda, David Luiz, Filipe Luís, Luiz Gustavo, Elias, Willian, Douglas Costa, Neymar, Ricardo Oliveira