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Comment l'Italie en est-elle arrivée là ?

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 10/11/2017 à 17:16 GMT+1

COUPE DU MONDE 2018 - La Squadra Azzurra va en passer par les barrages et la Suède pour se qualifier à la prochaine Coupe du monde. Un ballotage qui ne l'effraie pas trop étant donné les nombreuses excuses à cette situation...

Le sélectionneur de l'Italie, Gian Piero Ventura, le 7 octobre 2017 à Turin

Crédit: Getty Images

Foutu brouillard. L'arbitre hongrois Zsolt est resté bloqué à l'aéroport de Londres, le match Irlande du Nord-Italie valable pour les éliminatoires de la Coupe du monde 1958 se déroule sans lui et se transforme en amical. La vraie rencontre se rejoue un mois plus tard. Une Nazionale offensive et bourrée d'oriundi talentueux (dont deux champions du monde Uruguayens, Ghiggia et Schiaffino) se présente la fleur au fusil à Belfast. Elle est rapidement menée au score 2-0 et réussit seulement à réduire la marque en seconde période. Défaite 2-1 alors qu'un nul suffisait pour se qualifier, ce fut d'ailleurs le score lors de l'amical improvisé (2-2). Ce court récit daté de 60 ans est celui du seul échec de l'Italie au stade des éliminatoires de la Coupe du monde.

L'Espagne avait pourtant été battue

La seule fois que l'Italie avait dû faire un détour par la case barrages, pour un Euro ou une Coupe du monde, c'était en 1997 contre la Russie après s'être classée deuxième de son groupe donc. Pardonnable puisque l'Angleterre, première, avait été demi-finaliste du précédent Euro et la Squadra Azzurra sortie dès les poules. Aujourd'hui, le sélectionneur Giampiero Ventura utilise volontiers la même échappatoire, un genre de "terminer deuxième et finir en barrage était prévisible vu le tirage". Pas une façon de se dédouaner, mais presque.
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Gianluigi Buffon le 7 novembre 2017 à Florence

Crédit: Getty Images

L'admission en tout cas que son équipe était plus faible que son adversaire directe. Mais malgré un contingent de talents encore élevé, la Roja ne vit pas la meilleure période de son histoire. Ses deux dernières compétitions se sont soldées par une élimination en phase de poule au Mondial et une en 8èmes de l'Euro…contre l'Italie. La bande à Conte l'avait parfaitement muselée en misant sur ses qualités : solidarité, solidité, efficacité. Un superbe succès 2-0 avec Chiellini en ouverture et Pellè en apothéose. En deux rencontres face aux Espagnols, Ventura n'a obtenu qu'un point, inscrit un but sur penalty et encaissé quatre dont trois lors de la rencontre décisive au Bernabeu, reléguant le match du Stade de France à un simple coup d'éclat. L'autre option était de les tenir deux fois en échec et tout miser sur la différence de buts générale. L'écart sera de 20 pions en faveur de la Roja, +33 contre +13.

Un barrage qui vient de loin

L'autre excuse avancée par Ventura concerne la position de la Squadra Azzurra au classement FIFA, il s'en lave même carrément refusant toute responsabilité. Si l'Italie a atterri dans le même groupe que l'Espagne, c'est à cause de sa présence dans le chapeau 2 au moment du tirage au sort. La répartition avait été basée sur le dernier classement FIFA en date, celui du 9 Juillet 2015, et la Nazionale figurait alors au 17ème rang. Ce "ranking", beaucoup le fustigent sans avoir jamais consulté une fois les critères, facilement accessibles par ailleurs. Il y a pourtant peu à redire entre l'importance du match, le coefficient de la confédération, la valeur de l'adversaire et l'influence decrescendo des résultats des quatre dernières années. Or, on oublie que, pendant cette période, et même après, l'Italie gagnait tout juste un match sur deux et souvent contre les petites nations dans les qualifications.
Plutôt que de regarder la vérité en face, le président de la fédération Carlo Tavecchio a proposé d'ajouter le palmarès des équipes comme critère supplémentaire. Grotesque, surtout quand 2 des 4 Coupes du monde remportées par sa sélection l'ont été avant-guerre. Cela étant, ce classement mériterait quelques retouches. Primo, et même s'il s'agit d'une moyenne par match, les nations sud-américaines disputent plus souvent de rencontres importantes (2 Copa America en 2 ans par exemple). Secondo, cela manque de bonus pour les tours passés (comme pour l'indice UEFA), ce qui aurait valorisé le parcours italien à l'Euro 2012 concrètement composé de 2 victoires, 2 nuls et une défaite. L'Italie n'a grappillé que deux places et ne sera toujours pas tête de série en cas de présence au tirage du Mondial. Mais pas d'injustice, juste la conséquence de nuls contre la Macédoine, la Roumanie, le Luxembourg, la Bulgarie et le Nigeria, de défaites contre le Costa Rica et l'Irlande et de résultats rarement positifs face aux grosses nations (3 Victoires, 4 nuls et 6 revers contre l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France, l'Angleterre et le Portugal).
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Les joueurs de la sélection italienne le 5 octobre 2017 à Florence

Crédit: Getty Images

Une élimination est-elle envisageable ?

On le dit pour se rassurer, mais il y a un fond de vérité, une surprise est possible sur 90 minutes, moins sur 180, et la Suède est un adversaire abordable. Néanmoins, l'Italie est une sélection en perte de confiance, elle reste sur une gifle au Bernabeu, un nul à domicile contre la Macédoine et deux victoires sur le plus petit des scores contre l'Israël et l'Albanie. Une élimination aurait évidemment des conséquences sportives et extra sportives importantes. Ventura, qui vient de prolonger, démissionnerait de suite, il faudrait se mettre à la recherche d'un successeur, chose peu aisée vu ce qu'offre le marché et les salaires demandées (pourquoi Ancelotti viendrait prendre 3 Millions d'€ par an alors qu'on lui propose le triple ailleurs ?).
Concernant les joueurs, les plus jeunes feraient une croix sur une première et importante grande expérience. Pas mieux pour la fédération qui passerait à côté d'une cagnotte d'une dizaine de millions minimum et verrait sa marque dévaluée auprès des sponsors, de son équipementier et des télévisions. Enfin, nous, tifosi, découvririons la triste sensation de vivre l'événement sportif le plus important de la planète sans pouvoir supporter la Nazionale. Et ça, ce n'est vraiment pas envisageable.
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