Et si l'avenir des Bleus passait par le "jeu de position" ?

Florent Toniutti

Mis à jour 06/09/2016 à 07:53 GMT+2

QUALIFICATION COUPE DU MONDE 2018 - Finaliste du dernier Championnat d'Europe, l'équipe de France n'a pas toujours brillé dans le jeu et dans la construction. La conquête de la Coupe du monde 2018 passe par une évolution : et si c'était le "jeu de position" ? La sélection de Didier Deschamps a les arguments pour.

Blaise Matuidi et Antoine Griezmann

Crédit: Panoramic

L'équipe de France a entamé sa vie post-Euro de la meilleure des manières en ramenant un beau succès d'Italie (3-1). Ce premier déplacement a été l'occasion d'estomper l'énorme déception du 10 juillet dernier, tout en entamant la passation de pouvoir à certains postes (Kurzawa, Sidibé...).
Les Bleus ont bâti leur succès sur un bloc compact et une défense solide. Même si ce n'était qu'un amical, la performance est à saluer tant l'Italie avait montré pendant l'Euro sa capacité à sanctionner les errements tactiques adverses - les Belges s'en souviennent encore.

Du talent à tous les postes

Mais ce n'est évidemment pas une surprise. Depuis ses débuts d'entraîneur, Didier Deschamps a prouvé à maintes reprises qu'il savait bien faire défendre ses équipes. Celles-ci sont toujours "bien en place" et les joueurs répondent présent dans les duels. L'exemple du dernier France-Allemagne est encore dans toutes les têtes ; c'est avant tout grâce à cette solidité que les Bleus ont pu atteindre la finale de l'Euro.
Maintenant, il est temps de montrer autre chose. Les générations 91 (Griezmann, Kanté) et 93 (Aréola, Umtiti, Pogba, Varane) sont là. Celles de 1995 (Martial) et même 97 (Dembélé) tapent à la porte. Et surtout, la plupart de leurs représentants ont pris ou sont en train de prendre leurs marques au sein des plus grands clubs européens... et au contact des meilleurs coachs.
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Dimitri Payet, Paul Pogba et Samuel Umtiti lors de France - Islande à l'Euro 2016

Crédit: AFP

Si le football n'était qu'une question de talent pur, la France aurait certainement battu le Portugal en finale de l'Euro. Mais c'est évidemment plus que ça. Associer les individualités ne garantit pas le succès. Le cas de la Belgique en est le plus bel exemple. Sans véritable cohérence ni plan de jeu, en défense comme en attaque, les Belges ont volé en éclats à l'Euro contre le Pays de Galles, pourtant bien plus faible sur le papier.

Un collectif encore largement perfectible

On l'a dit : l'équipe de Deschamps défend bien. Mais quid de l'attaque ? Bien qu'ils aient inscrit 3 buts en Italie, les Bleus ont eu toutes les peines du monde à franchir les 40 mètres adverses lorsqu'il fallait construire. Résultat, il leur a fallu attendre une énorme erreur et un coup de pied arrêté pour faire la différence. Pourtant, le talent est là, qui plus est avec l'arrivée de Kurzawa et Sidibé sur les flancs. La marge de progression est ailleurs : elle est collective.
Sur la dernière décennie, deux équipes nationales ont eu des résultats sur la durée en Europe : l'Espagne et l'Allemagne. Deux sélections qui ont eu pour point commun d'intégrer le "jeu de position", remis au goût du jour par le FC Barcelone de Pep Guardiola, à leur arsenal tactique. Derrière ce barbarisme se cachent plusieurs principes qui régissent l'animation offensive.

Le jeu de position, outil collectif au service des individualités

De la relance, qui doit être prise en charge par les défenseurs, jusqu'à l'arrivée dans les trente derniers mètres, la structure de l'équipe est rigide, les circuits de passes rodés et les déplacements des joueurs répétés. Et si la progression est impossible, alors on n'hésite pas à revenir en arrière (sur les défenseurs) pour relancer un nouveau temps de jeu de zéro. La construction se fait "pas à pas", afin d'éliminer une à une les lignes adverses (attaque, milieu et enfin défense).
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Anthony Martial et Olivier Giroud après le deuxième but de la France contre l'Italie

Crédit: Panoramic

Jeudi dernier, l'Italie a respecté ses principes posés par Conte avant et pendant l'Euro. Résultat, elle a su aisément sortir de ses trente mètres et est même arrivée jusqu'aux abords de la surface française sans avoir besoin du moindre exploit. Pour elle, c'est justement là que les problèmes commençaient : individuellement, ses attaquants n'ont pas su prendre le dessus sur les défenseurs français. Mais le jeu de position lui a permis de créer ces situations d'égalité numérique qui auraient pu être favorables.
Dit autrement, il s'agit de gammes à répéter afin de mettre les solistes dans les meilleures conditions possibles dans la zone la plus importante : les vingt derniers mètres. Or, la France ne va pas manquer de ce genre de talents dans les prochaines années. Même les défenseurs centraux, dont l'importance est capitale pour assurer la relance, ont aujourd'hui les qualités pour mettre l'équipe dans le bon sens.
Ce que l'on attend désormais de Didier Deschamps et de son staff, c'est la création d'une identité de jeu complète et pas uniquement basée sur la solidité défensive et les transitions, comme on avait pu l'entendre à Bari jeudi dernier. Offensivement, le chantier est encore énorme. Et au vu des individualités qui vont venir renforcer le groupe France dans les prochaines années, il serait presque "criminel" de ne pas s'y atteler.
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