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"Ici c'est l'Espagne, et celui à qui cela déplaît, qu'il parte"

ParAFP

Publié 06/10/2017 à 22:15 GMT+2

La rencontre entre l'Espagne et l'ALbanie s'est tenue dans un contexte particulier vendreid soir à Alicante, avec en toile de fond la poussée indépendantiste en Catalogne. Pour beaucoup de supporters de la Roja, la fête a été gâchée.

Le public d'Alicante lors d'Espagne-Albanie

Crédit: Getty Images

La fête du football "gâchée" par le climat politique: les supporters de l'équipe d'Espagne pensaient venir célébrer une qualification au Mondial-2018 vendredi mais la crise en Catalogne s'est retrouvée sur toutes les lèvres à Alicante, entre agacement et fatalisme. "Vous voulez la réponse diplomatique ou pas ?" Pour Nacho Ortiz, 23 ans, venu pour "prendre du plaisir" grâce à la "Roja", il est toujours malvenu de mêler sport et politique. "C'est un sujet pénible", renchérit son ami Adrian Peña.
Ces deux étudiants sont venus d'Elche, ville voisine dont le club est le grand rival de l'Hercules Alicante. Et ils ont décidé de siffler Gerard Piqué à l'annonce des équipes, reprochant au défenseur catalan son mélange des genres cette semaine: après avoir voté dimanche dernier lors du référendum interdit par Madrid, le joueur du FC Barcelone et de l'équipe d'Espagne a critiqué sur Twitter les violences attribuées à la police espagnole lors de ce scrutin.
"Piqué s'est chargé de mélanger sport et politique. Mais à Las Rozas (centre d'entraînement de la sélection), il ne porte plus le maillot du Barça, il porte le polo de la sélection, de l'Etat auquel il appartient, et il n'a pas à retweeter des choses contre cet Etat", fait valoir Nacho, lunettes fumées et drapeau espagnol noué autour de la taille. Le jeune homme, supporter du Real Madrid, reconnaît le riche apport de la Catalogne au football espagnol: "Un Catalan, Xavi, a été le phare qui nous a guidés jusqu'à la victoire au Mondial 2010", rappelle-t-il.
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Le public d'Alicante lors d'Espagne-Albanie

Crédit: Getty Images

Qu'ils aillent tous sur une plage
Mais "l'Espagne est une nation, le territoire est ce qu'il est, et s'ils veulent être indépendants, qu'ils aillent tous sur une plage et deviennent indépendants là-bas. S'ils veulent voter, alors nous devons tous voter", assène-t-il.
Cette ambiance polémique et bouillonnante, la sélection espagnole l'a subie toute la semaine. Et les alentours du stade José Rico Pérez d'Alicante en témoignent: ici, une vendeuse brandit une écharpe "Ici c'est l'Espagne, et celui à qui cela déplaît, qu'il parte". Là, un groupe d'amis sautille en entonnant le célèbre air "Je suis Espagnol, Espagnol, Espagnol", hymne du sacre au Mondial 2010.
"Bien sûr que la fête est gâchée, s'indigne Sofia Duperiel, une Franco-Espagnole qui vit à Alicante. C'est vraiment dommage de mêler sport et politique." Cheveux péroxydés et drapeau espagnol noué autour du cou, cette mère de famille prend la défense de Piqué, qui "n'a pas dit qu'il était indépendantiste".
"Il a dit: 'S'il vous plaît, dialoguez'", nuance-t-elle, prônant une sortie de crise entre Madrid et Barcelone, un référendum négocié entre les deux parties. Toutefois, elle n'imagine pas une sélection espagnole privée de ses éléments catalans : "Ce serait incroyable, je ne peux pas l'imaginer. Mais si nous votons tous et qu'il apparaît que la majorité dit qu'ils peuvent partir..."
Dans le tintamarre des cornes de brume, les bus de l'Espagne puis de l'Albanie arrivent au stade. Le véhicule de la "Roja" est très applaudi, dans une ambiance familiale et bon enfant, loin des sifflets essuyés par Piqué en début de semaine à l'entraînement.
Angel, un fonctionnaire de 51 ans qui vit dans l'arrière-pays et qui est venu au match avec son fils Victor, 9 ans, a lui aussi choisi de siffler Piqué. "Il n'a pas dit la vérité en déclarant qu'un indépendantiste pourrait jouer avec l'Espagne", lance-t-il, très remonté. "Après tout ce qui s'est passé, nous voulons soutenir l'équipe d'Espagne avec plus de force que jamais. Nous sommes l'une des nations les plus anciennes d'Europe, alors que la Catalogne n'a jamais été un pays, c'était seulement un comté", fait-il valoir.
Et si tous les supporters semblent souhaiter une issue rapide au conflit, Angel se fait plus sombre sur la suite des événements: lui voit la crise catalane se finir "avec des tanks" dans les rues de Barcelone.
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