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Italie-Espagne : l'héritage de Conte est contrasté, Ventura a du pain sur la planche

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 05/10/2016 à 09:29 GMT+2

ÉLIMINATOIRES MONDIAL 2018 - Au sortir d’un Euro durant lequel elle a agréablement surpris, la Squadra Azzurra, hôte de l'Espagne jeudi (20h45) dans un groupe G compliqué, doit maintenant assurer sa qualification pour la prochaine Coupe du monde. Mais ce n’est pas forcément la principale mission de Giampiero Ventura, son nouveau sélectionneur.

Giampiero Ventura, le nouveau sélectionneur de l'Italie.

Crédit: AFP

Fut un temps, un quart de finale d'un l’Euro aurait été un résultat acceptable pour l’équipe d’Italie. C’est d’ailleurs à ce stade de la compétition qu’elle fut éliminée à l’Euro 2008, par l’Espagne. Et le fait que cet adversaire ait tout gagné les quatre années suivantes n’a jamais vraiment réhabilité cette performance. Tout l’inverse de la dernière édition et ce "Top 8", considéré comme un résultat excellent, un constat également conditionné par le pessimisme qui entourait la Nazionale avant le début de la compétition. Or, ce sentiment de satisfaction n'est-il pas en quelque sorte une façon d’admettre que cette sélection a désormais changé de statut ?
Un championnat de troisième division avec Lecce et deux de quatrième division avec Entella et la Pistoiese, et encore, il s’agissait d'une première place d'une des quelques poules composant ces championnats. Voici le palmarès de Giampiero Ventura, 68 ans dont plus de la moitié passée sur un banc de touche. On peut l’affirmer, un véritable inconnu pour ceux qui ne suivent pas de près l’actualité du football italien.

Ventura dans la lignée de Conte

Ce poste de sélectionneur est le couronnement d’une carrière partie de tout en bas et culminant avec une 7e place accrochée aux commandes du Torino il y a deux saisons (avec qualification en Ligue Europa League). Le pedigree ne pèse pas lourd par rapport à celui de son prédécesseur, beaucoup plus jeune et alors embauché en tant que triple champion d’Italie en titre. De fait, la Fédération italienne a justement voulu effectuer un choix de rupture. Ventura ne coûte pas cher (l'équipementier Puma avait dû compléter le salaire de Conte) et peut finir sa carrière sur cette expérience. Possibilité donc de travailler sur le long terme - au moins un cycle de quatre ans hormis catastrophe - quand l’actuel entraineur de Chelsea avait clairement fait comprendre qu’il n’était que de passage.
Néanmoins, ce choix s’inscrit aussi dans une certaine continuité. Elle est d’ordre tactique. Lorsque Ventura débarque à Bari en 2009 pour y prendre, là aussi, la succession de Conte, il trouve dans son nouveau bureau de nombreux DVDs analysant le jeu de son ancienne équipe de Pise. Les deux techniciens sont sur la même longueur d’onde. C’est d’ailleurs pour cette raison que Ventura ne compte pas toucher à l’excellent châssis dont il a hérité.

Le trio Barzagli-Bonucci-Chiellini conditionne la tactique

Ce 3-5-2 qui est maintenant devenu une marque de fabrique du calcio entre la Squadra Azzurra et la Juventus. En outre, le groupe des 23 a absorbé la culture du travail made in Conte. Les Juventini possédaient déjà cette mentalité, et les autres se sont volontiers mis au diapason. Leurs éloges publics mettant d'ailleurs leurs entraîneurs de club dans l’embarras. Voici donc une excellente base de travail, mais le risque est de s'y limiter.
Ventura a clairement annoncé qu’il ne toucherait à rien pendant au moins un an pour ne pas mettre en péril les chances de qualification à la prochaine Coupe du monde. Ainsi le trio Barzagli-Bonucci-Chiellini conditionne la mise en place tactique, mais aussi les convocations. Si Berardi, El Shaarawy et Insigne étaient absents de la liste de septembre, c’est parce que les ailiers n’ont pas leur place dans le fameux 3-5-2. Or, c’est pourtant le poste qui offre les meilleures individualités.
En outre, en l’absence d’un membre de la BBC, la solidité défensive en prend en coup puisque les autres défenseurs axiaux (Acerbi, Astori ou Romagnoli) ne sont pas à la hauteur ou manquent tout simplement d’automatismes. On l'a vu contre la France (1-3), début septembre. Sans sa rigueur défensive, l’Italie perd beaucoup. Avec, elle est contrainte de jouer d’une seule façon. Elle est comme prise en otage mais atteinte par le syndrome de Stockholm.

Renouvellement quasiment obligatoire

Le constat est que, depuis dix ans, l’Italie sort des joueurs de premier rang au compte-gouttes et qui peinent à devenir des cadres en sélection. On peut penser à Mario Balotelli, dont le cas est particulier mais aussi à Marco Verratti, jamais vraiment mis dans les conditions de bien faire avec son pays alors qu’il a déjà 24 ans. Comme-ci la Squadra Azzurra était condamnée à se baser avant tout sur un état d’esprit irréprochable et une solidarité à toute épreuve. C’est le secret de la réussite de Conte dont le caractère facilite la création d’un environnement de travail aussi tendu que fructueux. Ventura mise plus sur ses compétences tactiques, mais comme pour la mentalité, cela ne masque pas toujours le manque de qualités intrinsèques ou de fraicheur.
Le néo-sélectionneur a hérité d’un groupe à la moyenne d’âge extrêmement élevé, 30 ans et 4 mois contre l'Israël en septembre. Cependant, par ses choix, il montre qu’il a l’intention de prolonger au maximum l’effet Euro en se basant sur ses protagonistes. La situation de Graziano Pellè, titulaire indiscutable mais en Chine depuis quelques mois, illustre parfaitement cet état de fait. L'idée n'est pas de virer les vétérans, mais Il va falloir forcément injecter du sang neuf.
Si on s’en tient aux premières listes de convoqués, les nouveautés s’appellent Donnarumma, Romagnoli, Gabbiadini, Belotti, Rugani et Sansone. Ajoutez-y Bernardeschi, Verratti, Florenzi et De Sciglio ainsi que Bonaventura, Immobile et Darmian en ratissant large et vous avez la relève italienne selon Ventura. Des éléments qui doivent encore passer un ou plusieurs paliers afin de constituer un contingent d’individualités pouvant permettre à la Squadra Azzurra de prétendre à une cinquième couronne mondiale. Et si un certain attaquant niçois poursuit sur sa lancée, cet objectif deviendrait encore plus réaliste.
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