Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Kostadinov sur le France-Bulgarie de 1993 : "La défaite de la France n'est pas imputable à Ginola"

ParAFP

Mis à jour 06/10/2017 à 20:23 GMT+2

Emil Kostadinov, auteur du doublé qui prive les Bleus de Mondial1994 lors du fameux match au Parc des Princes en novembre 1993 (2-1), explique à l'AFP que l'épisode a appris à la France, en déplacement samedi à Sofia en éliminatoires du Mondial 2018, à "respecter le foot bulgare". Et à renaître plus forte...

France- Bulgarie 1993 : Emil Kostadinov, bourreau des Bleus.

Crédit: Getty Images

Comment sentiez-vous ce match du 17 novembre 1993?
E.K. : Nous savions que nous avions une chance de nous qualifier si nous gagnions. L'équipe de France était très forte à cette époque, une des plus fortes de son histoire. Mais notre équipe comptait des footballeurs de classe mondiale. La France ouvre le score, mais notre premier but (qu'il marque cinq minutes plus tard, à la 37e, ndlr) nous rassure et rend les Français nerveux. En deuxième mi-temps, la France a joué de façon crispée, c'est du moins ce que nous avons ressenti sur le terrain. Nous avons saisi notre chance.
Quand vous réceptionnez cette passe de Penev qui conduit à votre second but à la 90e, que se passe-t-il dans votre tête ?
E.K. : Dans de tels moments, on ne se dit rien, on essaie d'exploiter la situation de la meilleure façon possible. Et cette fois ça a réussi.
David Ginola a été très critiqué en France pour avoir permis à la Bulgarie de récupérer le ballon sur cette action. C'est à lui que vous devez la victoire ?
E.K. : Je ne pense pas que la défaite de la France soit imputable à Ginola. C'est toute l'équipe qui est responsable. S'ils ne s'étaient pas repliés pour tenter de conserver le match nul, ce ne serait pas arrivé.
Est-il vrai que vous avez failli ne pas pouvoir jouer à cause d'une histoire de visa ?
E.K. : Oui. A cette époque je jouais au FC Porto. Je n'avais pas pu obtenir le visa dans le délai d'un mois, ce qui était agaçant. Finalement avec Penev nous sommes venus en voiture via l'Allemagne...
Qu'est-ce que ce match a changé dans votre vie ?
E.K. : Il m'a permis de participer pour la première fois à une Coupe du monde. C'est le plus grand défi et la plus grande récompense pour un footballeur. La Bulgarie a fini quatrième, le plus grand succès de son histoire. Ca m'a aussi permis de passer au Bayern Munich, un des plus grands clubs au monde.
Depuis ce match, vous faites figure de croquemitaine du foot français...
E.K. : Oh je ne dirais pas croquemitaine... Mais la France a appris à respecter le foot bulgare.
Pour vous, quel a été l'impact de ce match sur le foot français ?
E.K. : Au cours des années suivantes, la France a trouvé la solution pour rendre son équipe championne du monde et d'Europe. Les échecs peuvent servir, et les dirigeants du foot français ont pris les bonnes décisions. D'une certaine façon, nous avons contribué au développement du foot français.
Pensez-vous que le souvenir de 1993 pèsera sur le match de samedi ?
E.K. : La plupart des joueurs français n'étaient pas nés à l'époque... Mais la France sera à nouveau sous pression vu qu'elle a besoin d'une victoire à tout prix. Donc nous avons nos chances. (En bulgare), ballon est un mot féminin. Donc tout peut arriver (sourire).
D'autant que la Bulgarie est invaincue à domicile sur cette campagne d'éliminatoires ?
E.K. : Oui, les gars jouent très bien à domicile et nous gagnons, c'est parfait. Mais c'est une équipe jeune et avec peu d'expérience. Elle a encore du travail pour se hisser à un niveau mondial.
Votre génération avec Stoïchkov et Penev était exceptionnelle. Mais pourquoi n'y a-t-il pas eu de relève ?
E.K. : Parce que l'Etat et les clubs n'ont pas fait ce qu'a fait la France: des écoles de football, la formation des jeunes 24h/24. Sans énormément de travail, on n'aboutit à rien.
C'était différent à votre époque, quand vous avez été formé au CSKA Sofia ?
E.K. : Oui. Tout jeunes, nous étions mobilisés toute l'année, ce qui nous a beaucoup aidés. (Avec Stoïchkov et Penev), on jouait ensemble depuis qu'on était gamins.
Ca s'est relâché avec la fin du communisme ?
E.K. : Il y a de ça. La démocratie n'est pas très bonne pour le sport parce qu'elle gâte la discipline et les jeunes pensent à autre chose (sourire).
picture

David Ginola France Bulgarie 93

Crédit: AFP

Mais vous avez aussi bénéficié de votre passage dans de grands clubs occidentaux ?
R: Oui. Les footballeurs étaient de très haut niveau. Il y avait une autre sorte de discipline - au FC Porto, au Bayern, à La Corogne. Une atmosphère de famille régnait au sein des équipes. On avait aussi la liberté d'aller au restaurant, de prendre un verre. Ici ce n'était pas interdit, mais strictement surveillé. Or (la liberté) contribue aussi à la formation de la personne.
Aujourd'hui, à 50 ans, vous travaillez à la Fédération bulgare comme directeur technique en charge des jeunes. Que pensez-vous de la future génération ?
E.K. : J'essaie de partager mon expérience avec les jeunes, de les aider à grandir. En cinq ans, nous nous sommes qualifiés deux fois pour un championnat d'Europe, ce qui est très bien. Le niveau monte mais il reste insuffisant.
Vous avez également exercé des responsabilités au CSKA Sofia. Est-ce que vous pourriez envisager de revenir en club ?
E.K. : Non, mon travail actuel me satisfait. J'ai la liberté d'action, ce qui compte le plus. Et j'ai le sentiment de faire des choses positives pour le foot bulgare.
Le sélectionneur français Didier Deschamps était votre adversaire en 1993. Qu'avez-vous envie de lui dire avant le match de samedi ?
E.K. : Je ne veux pas lui souhaiter bonne chance. Que le meilleur gagne.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité