Equipe de France - Liste des 23 : Adrien Rabiot, l'évidence qui crève les yeux

C'est un moment qui n'a pas de nom. Un moment où une carrière bascule. Un moment qui fait passer dans une autre dimension. C'est un basculement assez net : quand un espoir n'en est plus un, quand sa progression est trop nette, quand il devient trop gros pour les sélections de jeunes et que l'évidence crève les yeux. Ce moment, Adrien Rabiot est en plein dedans.

Son début de saison au PSG a épaissi son statut. Le voilà devenu incontournable chez les quadruples champions de France au milieu d'un parterre d'internationaux (Marco Verratti, Blaise Matuidi, Thiago Motta, Grezgorz Krychowiak, voire Javier Pastore). Le jeune Parisien est le plus régulier. Unai Emery lui fait une confiance aveugle. Didier Deschamps doit désormais l'imiter. Son jeune âge n'est pas une excuse derrière laquelle peut se retrancher le sélectionneur. DD a déjà lancé quelques pépites beaucoup plus vertes que le Parisien (Martial, Coman ou Dembélé).

Pour la rentrée des Bleus en août, Deschamps s'était réfugié derrière la priorité donnée aux Espoirs. Sauf qu'il a appelé dans la foulée Ousmane Dembélé. La prestation de Rabiot face à l'Islande en qualifications pour l'Euro Espoirs a dû lui donner quelques regrets au staff des Bleus. Auteur de deux passes décisives lumineuses pour Corentin Tolisso, il a pris les clés du camion avec autorité. A un tel niveau, les Espoirs laissent la main aux grands. C'est dans l'ordre des choses, la Coupe du monde 2018 est une perspective qui écrase les autres.

Le moment est venu. Réserviste lors de l'Euro, excellent en Espoir, régulier avec le PSG : les planètes sont alignées. On peut facilement en rajouter une autre : le milieu de l'équipe de France n'est pas le secteur le plus concurrentiel. Si, en attaque, les places sont chères, l'entrejeu est beaucoup plus ouvert à un renouvellement en douceur. Quatre habitués de Clairefontaine sont en nette perte de vitesse : Lassana Diarra, Geoffrey Kondogbia, Morgan Schneiderlin et Yohan Cabaye. Le Marseillais, blessé, n'a toujours pas joué cette saison, le Mancunien n'a démarré qu'une rencontre de League Cup et ne fait pas partie des plans de Mourinho. Le cas le plus sensible reste celui de Yohan Cabaye.

Incontournable dans le onze jusqu'à l'avènement de N'Golo Kanté, il reste un membre indéboulonnable du groupe de Didier Deschamps depuis sa prise de pouvoir en 2012. Mais Cabaye n'a plus démarré un match depuis France-Suisse à l'Euro parce que Kanté était sous la menace d'une suspension en cas de carton jaune. Rabiot n'a pas la gueule d'une rustine. Plutôt celle de celui qui s'installe en douceur mais pour de bon. Voilà quelques temps déjà que les courbes de Cabaye et Rabiot se sont croisées, le temps est venu pour Deschamps de se rendre à l'évidence.

Installer Rabiot aurait une dernière vertu, celle de combattre l'idée selon laquelle un exil à l'étranger crédibilise une candidature en équipe de France. C'est cette thèse qui a failli envoyer Corentin Tolisso à Naples cet été comme il l'admettait dans l'Equipe du 14 septembre : "On sait que beaucoup de joueurs qui partent à l'étranger deviennent ensuite internationaux". Dembélé et Coman en sont les derniers exemples. Rabiot n'a pas besoin de traverser les frontières. Et quand il le fait lors des grandes affiches européennes du PSG (Real Madrid, Chelsea et Manchester City la saison passée en Ligue des champions), il est toujours au niveau. Deschamps ne peut plus l'ignorer.