Maîtrise et autorité : les Bleus ont lancé le troisième étage de leur fusée

Soudain, le chemin est moins escarpé. La petite route de montagne s'est transformée en boulevard et Moscou n'a jamais été aussi proche de Paris. La victoire des Bleus aux Pays-Bas (0-1) marque, déjà, un tournant dans cette campagne de qualification. L'équipe de France a éloigné son adversaire principal. Le résultat est une chose, la manière une autre. Les Bleus ont réuni les deux. Et cette rencontre, si elle reste un match parmi d'autres de qualifications, s'apparente malgré tout à une référence pour la bande à Didier Deschamps.

Jusqu'ici, il me paraissait clair que cette équipe s'était construite sur deux dates :

Ce 10 octobre, dans la froideur d'Amsterdam, n'a pas l'éclat de ses deux devanciers ni leur valeur décisive. Ce n'est rien qu'un match de championnat coincé dans un mois d'octobre qui n'a pas la saveur d'un été passionnel comme celui que les Bleus ont vécu en juin et juillet dernier. Il ne faut pas s'arrêter sur le décor mais décortiquer le contenu. Les Bleus version Deschamps ont jusqu'ici construit leur réussite sur des coups de génie. Une transversale de Payet face à la Roumanie, une ouverture de 40 mètres de Pogba face à l'Arménie, une Griezmann en feu face à l'Allemagne etc.

Une équipe d'à-coups flamboyante mais fragile. Hormis lors du quart de finale face à l'Islande, jamais les Bleus n'ont semblé avoir les choses en main. Ce fut le cas à Amsterdam. Là où Lloris parle de "matûrité", où Deschamps évoque "des progrès", je parlerais de maîtrise et d'autorité. Cette équipe de France a grandi. Lundi, elle livrait son match le plus compliqué des deux années à venir. Elle se l'est rendue facile en ne concédant qu'une seule occasion nette. Avec un soupçon de réalisme en seconde période, le score aurait été plus fidèle au rapport de force.

Signer une prestation aussi aboutie sur la pelouse d'une nation, troisième du dernier Mondial et qui n'avait plus perdu un match de qualifications pour la Coupe du monde depuis 15 ans rehausse un peu plus encore le bilan. Même si les Néerlandais ne sont plus des terreurs du Vieux Continent, même si l'Euro s'est joué sans eux, ils restent le principal obstacle à une qualification directe pour Didier Deschamps et ses hommes. Pourquoi toutes les planètes se sont alignées ce lundi aux Pays-Bas ? Parce que les Bleus ont trouvé un système qui les équilibre (4-2-3-1) et une colonne vertébrale qui les solidifie (Lloris-Koscielny-Matuidi-Griezmann). Les doutes s'estompent peu à peu. Deschamps et ses hommes ont rarement semblé aussi sûrs de leur force. Même dans leur élan estival en juillet dernier. Trois mois se sont écoulés depuis la finale perdue face au Portugal (0-1, a.p.). Trois mois qui ont déjà fait grandir les vice-champions d'Europe. Le troisième étage de leur fusée est lancé. Mise sur orbite prévue en 2018 à Moscou.