Qualifications Coupe du monde 2018 : Balotelli en Nazionale ? Ça peut encore attendre

"Je suis absent de la sélection depuis un moment, mais c’était normal que je ne sois pas convoqué parce que je ne le méritais pas, tout comme en cette occasion. C’est mieux que le coach me convoque la prochaine fois, je veux être au top." Sans le vouloir, comme souvent, Mario Balotelli avait fait parler de lui lors de la dernière trêve internationale.

Des propos tenus durant une interview pour la chaine Sky Italia qui avaient été interprétés comme une auto-convocation. L’attaquant des Aiglons paraissait effectivement assez sûr de son fait mais Giampiero Ventura n’a pas pris la suggestion en compte. La nouvelle équipe d’Italie - la moyenne d’âge est en train de chuter drastiquement – en est déjà à son troisième rassemblement et continue de se construire sans lui.

C’est un sujet qui revient régulièrement dans les conférences de presse et interviews que Ventura a données depuis sa prise de fonctions et il ne s’est jamais dérobé : "Balotelli a repris depuis deux mois, il est resté un an et demi sans jouer. Difficile de penser que l’histoire d’une personne ait radicalement changé en deux mois. On aura un entretien lui et moi pour comprendre son envie de se remettre en question. Nous sommes ouverts à tous. Je n’ai jamais entendu personne critiquer ses qualités techniques, mais c’est sur d’autres aspects que Mario doit se poser des questions", disait encore le sélectionneur ce lundi.

Un topo des plus classiques. Balotelli n’a plus endossé le maillot azzurro depuis le Mondial 2014 et n’a donc fait aucune apparition durant le cycle Conte. Or, il avait été tout de même convoqué une fois. C’était il y a pile deux ans, il galérait à Liverpool et l’actuel entraineur de Chelsea voulait vérifier de ses propres yeux ce que l’on disait de lui. Un problème aux adducteurs mit prématurément fin à ce test.

Le fait est que Mario ne sembla pas accorder particulièrement d’importance à cette main tendue. Voilà pourquoi Ventura temporise, car même si Mario a retrouvé sa verve, la configuration est identique. A l'heure actuelle, une convocation aurait surtout pour but de le remettre en selle et non d'offrir une solution à l’équipe. Il faut donc laisser passer encore un peu de temps avant de pouvoir le traiter définitivement comme un footballeur retrouvé et non en délicatesse.

Le plus dur semble passé pour l’Italie. Après une pénurie d’attaquants probablement sans précédents dans l’histoire de la Squadra Azzurra, deux éléments se dégagent nettement. Ciro Immobile et Andrea Belotti. Lazio et Torino. 9 et 8 buts depuis août. 26 et 21 ans. Les deux meilleurs buteurs transalpins cette saison. Surtout, deux joueurs qui ont été entraînés en club par Ventura et à qui ils doivent leur statut aujourd’hui.

Un gain de temps non négligeable quand on sait combien son jeu est mécanisé et, par ricochet, difficile à mettre en pratique dans une équipe qui se voit six fois par an. Dans le 4-2-4 qui est en train de se dessiner, c’est le duo d’attaquants titulaires. Avec ses 7 réalisations, Balotelli complète bien le podium des goleadors italiens les plus prolifiques dans les grands championnats, mais il est encore loin dans la hiérarchie personnelle de son sélectionneur.

Pour lui, et pour la majorité des techniciens, les avant-centres doivent marquer mais surtout cavaler et collaborer, et ça, Mario ne l’a pas encore intégré, on le perçoit encore comme un soliste capable de coups de génie. C'est bien mais ça ne suffit pas/plus. C’est aussi pour ce motif que Pellé, Pavoletti, Eder, Gabbiadini, Zaza mais aussi Lapadula (153 minutes en Serie A dans sa carrière) lui ont tous été préférés depuis septembre et non pour un argument à écarter absolument : la compétitivité de la Ligue 1. Halte au bashing, Balotelli évolue dans le même championnat que Verratti et est même le buteur attitré du surprenant leader du classement.

Plus de quatre mois vont s’écouler d’ici la prochaine trêve internationale. Un laps de temps durant lequel le Niçois sera suivi de très près. Sa continuité et sa solidité physique (grosse difficulté à enchainer deux rencontres) seront mises à l’épreuve. La bonne nouvelle, c’est que l’aspect comportemental ne semble plus être un problème. A 26 ans, il était temps, même si on n’est pas à l’abri d’une rechute.

Sur la Côte d’Azur, Mario se refait une santé sur le plan du foot mais il remet aussi de l’ordre dans sa tête. Une condition sinequanone pour réintégrer la sélection sur le long terme, car, malgré les démentis de façade, il est plus que probable que les sénateurs de la Squadra Azzurra (principalement Buffon, De Rossi et Chiellini) aient leur mot à dire sur la question. Et pas forcément sur les écarts de conduite, non, Balotelli tend à s’isoler dans sa bulle alors que l’état d’esprit participatif a été le secret de la surprenante Italie du dernier Euro.

Enfin, si Mario n’a jamais dissimulé son amour pour la Nazionale, sa reconquête passera aussi par des choix de carrière intelligents. A lui donc de s’émanciper de l'encombrant Mino Raiola déjà prêt à le renvoyer en Premier League à la première occasion pour se faire sa belle commission. Ce serait la meilleure façon de flinguer ce renouveau. Alors pas de bêtises Mario et rendez-vous en mars avec un maillot rouge et noir et un autre azzurro !