Qualifications Euro 2016, Pologne - Allemagne : Les champions du monde ont perdu leur bonne étoile

L’Allemagne peine décidément à repartir de l’avant après sa glorieuse campagne brésilienne. Après sa défaite sans conséquence en amical devant l’Argentine (2-4) et sa difficile victoire sur l’Ecosse en ouverture des éliminatoires de l’Euro 2016 (2-1), l’équipe emmenée par Joachim Löw est tombée pour la première fois devant son voisin polonais (2-0). Outre cette défaite historique, la Nationalmannschaft confirme surtout ses difficultés actuelles. Entre départs à la retraite de joueurs emblématiques, blessures de cadres et relâchement compréhensible, les champions du monde ne parviennent pas à retrouver le rendement qui les a récemment menés au sommet.

Pour trouver trace d’une défaite allemande en compétition, il fallait remonter à l’été 2012 en demi-finale de l’Euro face à l’Italie (1-2). Comme ce samedi soir lors de la 2e journée du groupe D, la rencontre avait d’ailleurs eu lieu au Stade National de Varsovie. Depuis, la Mannschaft avait enchaîné seize succès et deux matches nuls. En qualifications, elle restait même sur 33 rencontres sans le moindre revers depuis octobre 2007. Avec une équipe remaniée, la plus jeune depuis trois ans avec une moyenne d’âge de 24 ans et 125 jours, elle a fini par tomber.

Antonio Rüdiger, 21 ans, et Karim Bellarabi, 24 ans, qui fêtaient leur première sélection en match officiel, n’ont pas su se montrer suffisamment consistants. Aligné au poste d’arrière droit, le défenseur de Stuttgart - qui évolue généralement en défense centrale - est évidemment encore loin du niveau de Philipp Lahm. Le joueur de Leverkusen, lui, a bien décoché six tirs mais n’a pas fait trembler les filets contrairement à des Polonais très réalistes sur leurs cinq tentatives. Moins sûre d’elle, plus nerveuse, longtemps peu inspirée, l’Allemagne s’est trop souvent précipitée. Pour la première fois depuis sa défaite devant l’Espagne en demi-finale du Mondial 2010 (0-1), elle a fini une rencontre sans marquer.

Au coup d’envoi de ce duel face à leurs voisins polonais, les Allemands alignaient bien de nombreux champions du monde mais certains comme Christopher Kramer ou Erik Durm étaient sur le banc lors de l’épopée brésilienne. En raison des forfaits de joueurs expérimentés comme Bastian Schweinsteiger, Mesut Özil ou Mario Gomez, Joachim Löw a dû bricoler son onze de départ comme il a pu. Il n’a visiblement pas réussi à trouver la bonne formule.

Le sélectionneur a surtout vu ses cadres évoluer sans se faire violence et se casser les dents sur une formation polonaise beaucoup plus hargneuse devant son public et qui a parfaitement su faire bloc avant de placer de rares mais redoutables contres. Toni Kroos n’a pas régné sur l’entre-jeu comme habituellement, Thomas Müller et Mario Götze se sont longtemps fait très discrets et André Schürrle a beaucoup raté. Trop focalisée sur Robert Lewandowski, la défense centrale composée de Jérôme Boateng et Mats Hummels en a oublié les autres attaquants polonais. Même Manuel Neuer, considéré comme le meilleur gardien du monde, a loupé sa sortie aérienne sur l’ouverture du score.

Malgré une large domination au niveau de la possession de balle (62%) et pas moins de 22 tirs dont 8 cadrés, les visiteurs n’ont pas fait trembler les filets de l’excellent Wojciech Szczesny. Les Allemands se retrouvent à la troisième place d’un groupe D dominé par leurs bourreaux du jour et pas si évident avec les présences de l’Ecosse et de l’Irlande qui voudront jouer les trouble-fête. Mardi soir à Gelsenkirchen, face aux partenaires de Robbie Keane, les champions du monde devront retrouver leur rigueur estivale pour éviter de se prendre de nouveau les pieds dans le tapis.