Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Qualifs Euro 2016 - L'Allemagne doit faire face à une pénurie de 9 : un problème, vraiment ?

David Lortholary

Mis à jour 08/10/2015 à 08:17 GMT+2

QUALIFS EURO 2016 - Le légendaire Miroslav Klose, qui a fait ses adieux à la Mannschaft après 137 sélections et un record de 71 buts, n'a pas de successeur à son poste d'attaquant axial. C'est une incongruité si l'on se souvient des Gerd Müller, Karl-Heinz Rummenigge et autre Rudi Völler. Mais ce n'est pas un problème pour prétendre gagner l'Euro 2016.

Thomas Muller, lors d'Allemagne-Pologne.

Crédit: AFP

Les performances actuelles des attaquants vedettes de la Bundesliga sont telles qu'elles font le tour du monde. Quintuplé en à peine neuf minutes pour Robert Lewandowski avec le Bayern contre Wolfsburg, au moins un but lors de chacune des huit premières journées pour Pierre-Emerick Aubameyang avec Dortmund : les records offensifs se succèdent outre-Rhin. Les avant-centres brillent dans le championnat, d'accord. Mais en sélection ?
Tous auront pu l'observer : les N.9 de tous les gros clubs allemands sont étrangers. Lewandowski (Bayern) est polonais, "Aubame" (Dortmund) gabonais, Huntelaar (Schalke 04) et Dost (Wolfsburg) néerlandais, Chicharito (Leverkusen) mexicain, Ibisevic (Berlin) bosnien, Modeste (Cologne) français, Drmic (Mönchengladbach) suisse... La raison est plutôt simple. Contraint par les déroutes en Coupes du monde en 1994 (quart de finale, malgré les nombreux buts de Jürgen Klinsmann) et 1998 (quart de finale cauchemar contre la Croatie), le football allemand a revu sa formation de fond en comble. Grandeur et robustesse ont cédé la place à technique et petit gabarit.
picture

Mario Götze lors d'Ecosse-Allemagne (Qualifs Euro 2016)

Crédit: Panoramic

Conséquence éclatante : un moule qui fabrique des Götze, Özil et Reus à n'en plus finir, pour le plus grand plaisir des esthètes et pour régner, in fine, sur le football mondial en 2014. Avec un baisser de rideau symbolique : celui de Mirsolav Klose, ses 37 ans et ses 16 buts en 4 Coupes du monde - record absolu -. Le natif de... Pologne est le dernier d'une fameuse lignée qui a systématiquement fait autorité. Oliver Bierhoff et son but en or en finale de l'Euro 1996 en étaient symboliques. Karl-Heinz Riedle, qui n'est pas le plus célèbre des attaquants de la Mannschaft et qui a terminé meilleur buteur de l'Euro 1992, aussi. Avec les adieux de Klose, cette époque du finisseur attitré est révolue.

Müller, aussi flexible qu'efficace

Malgré quelques esprits grognons parmi les anciens, les Allemands se passent aujourd'hui très bien de N.9. Ils ont, malgré cette incongruité historique, toutes leurs chances pour l'Euro 2016. Comme le faisait observer le week-end dernier le grand quotidien national FAZ, s'il disposait d'un Lewandowski, le sélectionneur Joachim Löw ne se priverait pas de l'utiliser, voire de construire son jeu autour de lui ; avec Kiessling et Kuranyi en magasin, remarque le journal avec malice, il faut faire autrement. "Honnêtement, un avant-centre de métier n'est vraiment pas nécessaire", tranche le FAZ, "aussi longtemps que le jeu offensif de l'équipe sera ultra-rapide, fluide et pourra compter sur des Götze et autre Müller".
Comment, en effet, ne pas louer le cocktail unique de flexibilité et d'efficacité de ce dernier ? Avec 8 buts en 8 journées, un record pour lui, Thomas Müller pointe à la 3e place du classement des buteurs en Bundesliga et, dans ce domaine, n'a jamais marché aussi fort. Le Bavarois n'est pas un avant-centre mais une "hängende Spitze". Littéralement une pointe attachée, c'est-à-dire un deuxième attaquant. Il en est pourtant à 30 buts en 65 sélections, dont 10 en 13 matches de Coupe du monde... à 26 ans !

Volland et son intelligence ont leur mot à dire

Les purs buteurs allemands existent néanmoins encore, et les négliger complètement serait hâtif. Alexander Meier (32 ans) a terminé "Torschützenkönig" (meilleur buteur) la saison passée avec l'Eintracht Francfort. Vrai avant-centre à l'ancienne avec son 1,96 m, il pointe actuellement au 8e rang du classement des buteurs de Bundesliga, avec 4 buts en 8 journées. Aussi vénérable soit-il, ce parcours ne permet pourtant pas à Meier d'entrer dans les plans de Löw. Car c'est surtout Kevin Volland, l'attaquant d'Hoffenheim, qui prend de l'étoffe semaine après semaine.
picture

Kevin Volland au duel avec David Alaba lors de Hoffenheim-Bayern (saison 2015-2016)

Crédit: Panoramic

Le capitaine des Espoirs est meilleur que jamais et sa trajectoire en dit long sur son intelligence de carrière. Si son compère offensif à Hoffenheim, le Brésilien Firmino, a cédé cet été aux sirènes argentées de la Premier League - un flop retentissant qui a coûté la bagatelle de 41 millions d'euros à Liverpool -, Volland, lui, a évité le piège. Excellent contre Dortmund (1-1) puis Augsbourg (3-1, doublé et passe décisive) fin septembre, il a encore été éblouissant contre Stuttgart ce week-end (2-2, doublé et homme du match). Leverkusen et Mönchengladbach n'ont pas fait mystère de leur intérêt pour lui, et Jürgen Klopp, alors qu'il dirigeait encore Dortmund, avait déclaré : "Nous faisons toujours affaire avec les bons joueurs, et Volland est, pour de bon, un de ceux-là."
Non seulement le natif de Bavière a décliné toutes les offres, mais il a même prolongé son contrat avec le TSG jusqu'en 2019. Il prend du galon et fait de son extrême disponibilité sur le terrain sa grande force. Volland, on l'aura compris, n'est pas un N.9 pur jus. Le groupe appelé par Löw pour les matches internationaux d'octobre (Irlande puis Géorgie) n'en compte d'ailleurs aucun, sinon peut-être Max Kruse, pour lequel la transition Mönchengladbach (son ancien club) - Wolfsburg (le nouveau) s'étire péniblement en raison de la concurrence de Dost et autre Bendtner. Mais avec les Bellarabi, Reus, Schürrle, Müller, Götze, Özil et Podolski, l'Allemagne peut jouer n'importe comment : même sans avant-centre, elle marquera des buts !
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Plus de détails
Publicité
Publicité