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Sepp Blatter et la tierce-propriété : pourquoi et comment il compte y mettre un terme

Thomas Baron

Mis à jour 27/09/2014 à 11:53 GMT+2

En marge de l’officialisation de sa candidature pour un cinquième mandat de président de la FIFA, Sepp Blatter s’est dit favorable pour mettre un terme à la tierce-propriété des joueurs.

Sepp Blatter à la Coupe du monde 2014 au Brésil

Crédit: AFP

Qu'est-ce que la tierce-propriété ?

Intitulée TPO (third party ownership en anglais, ndlr), la tierce-propriété d’un joueur consiste en la cession d’une partie des droits économiques du sportif à une société tierce. Cette dernière est à la fois privée et indépendante du joueur et du club auquel celui-ci appartient. La tierce-propriété, née en Amérique du Sud à la fin des années 1980, au Brésil et en Argentine notamment, est tolérée sur le Vieux Continent mais pas partout puisque la France, l’Angleterre et plus récemment la Pologne ont interdit ce genre de montage financier.

A quoi sert-elle ?

Concrètement, la tierce-propriété permet aux clubs de payer un joueur moins cher que son prix de base, en se faisant racheter une partie des droits économiques par une société tierce, bien souvent un fond d’investissement, et ce, parfois, sans que le joueur en question soit au courant de la transaction. Cette pratique est très répandue au Portugal en raison des contraintes financières qui pèsent sur les clubs. Ceux-ci profitent du laxisme du règlement de la FIFA, qui interdit l’influence extérieure sur les clubs sans toutefois en préciser les termes.
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Sepp Blatter

Crédit: AFP

Quels problèmes cela pose-t-il ?

Des soucis de moral et d’éthique premièrement, de concurrence déloyale dans un deuxième temps. "Cela menace l’intégrité de nos compétitions, a déclaré Michel Platini. Cela égratigne l’image du football et constitue une menace à long-terme pour les finances des clubs et soulève même des questions concernant l’intégrité humaine." La TPO, perçue comme une forme d’esclavagisme moderne par certains, est aussi une source de concurrence non négligeable pour d’autres, les présidents de clubs de Ligue 1 en premier lieu. Ces derniers s’insurgent contre la non-uniformisation des lois entre les championnats. La tierce-propriété, interdite en France, permet à des clubs étrangers d’acheter des joueurs à moindre coût.
De fait, plusieurs transferts ont mis du temps à se finaliser cet été en raison du grand nombre d’intermédiaires avec lesquels négocier, ceux d’Eliaquim Mangala et Marcos Rojo, liés à la société Doyen Sports, par exemple. Et puis Vincent Labrune a avoué avoir énormément travaillé pour faire venir Doria, lui aussi au cœur d’un montage financier de ce genre alors qu’il était sous contrat à Botafogo.

Pourquoi Sepp Blatter s'y oppose maintenant ?

Le président de la FIFA avait déjà évoqué la question en 2007. Quelques années plus tard et un cinquième mandat à la tête de l’instance internationale en ligne de mire, le Suisse, dans un but politique qu’il faut prendre en considération, a réaffirmé son intention de mettre un terme à la tierce-propriété. Ceci également dans un souci d'aller dans le sens de l'UEFA.
Il faut dire qu’en début de semaine, The Guardian a publié un article ("Jorge Mendes : l’homme le plus puissant du football ?" ) dévoilant le travail effectué par Jorge Mendes, l’un des agents les plus influents de la planète grâce à l’apport de son agence Gestifute, laquelle gère la carrière de plusieurs dizaines de joueurs et d’entraîneurs. Dans cette liste ? Cristiano Ronaldo, José Mourinho, Angel Di Maria, Radamel Falcao, pour ne citer que ses principaux clients. Dans cette perspective, Sepp Blatter a vivement réagi à la publication du journal anglais en affirmant que la TPO "devrait être bannie mais cela ne peut se faire de manière immédiate. Il y aura une période de transition."
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Falcao en tribunes avec Jorge Mendes lors de Monaco - Lille

Crédit: AFP

Une interdiction généralisée pour bientôt ?

Sepp Blatter a d’ores et déjà affirmé qu’un groupe de travail, dirigé par l’ancien président de la Fédération anglaise Geoff Thompson, serait chargé de superviser la mise en place de nouvelles règles. Cependant, Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA a nuancé et précisé que cela pourrait être appliqué d’ici "trois ou quatre années". Selon The Guardian, une décision finale devrait être rendue au plus tard au mois de mars prochain.

Quelles répercussions ?

L’interdiction de la tierce-propriété élargie à l’ensemble des pays aurait surtout des répercussions au Brésil, en Argentine et au Portugal, souligne le journal anglais. Dans ces pays, les clubs seraient alors soumis aux mêmes contraintes financières que leurs homologues européens. Michel Platini, lui, félicite une mesure "positive pour la liberté des joueurs mais aussi pour l’intégrité et la transparence de notre jeu."
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Eliaquim Mangala sous le maillot du FC Porto

Crédit: AFP

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