Francesco Totti (AS Roma) fête ses vingt ans de professionnalisme

28 mars 1993, Francesco Totti dispute son premier match de Serie A avec l’AS Roma. Sur la pelouse de Brescia, il remplace Ruggiero Rizzitelli à la 87e minute et participe au succès des siens, déjà assuré avant son entrée en jeu (0-2). Vingt ans plus tard, le Romain de naissance (36 ans) continue de galoper sur les terrains, avec la tunique de son club de toujours sur le dos. Une fidélité exceptionnelle, qui fait de Totti l’idole des tifosi et un exemple ultime d’amour du maillot, vertu en voie de disparition dans le monde du football. Dans un entretien accordé jeudi à la Gazzetta dello Sport, il revient sur sa carrière pour célébrer ses vingt ans de professionnalisme. Discret et taiseux, comme à son habitude, il distille les réponses courtes, même s’il sait se lâcher, en évoquant certains sujets très privés au cours de l’interview.

Après avoir traversé les générations sans se démoder, Totti fait le bilan et se penche sur les hommes qui ont marqué son parcours. Il considère Ronaldo, la version originale brésilienne, comme "l’adversaire le plus fort qu’il n’ait jamais affronté". Il parle aussi de Gabriel Batistuta, le "meilleur partenaire avec lequel [il] a évolué", et d’Antonio Cassano, celui avec lequel il avait "le plus d’affinités sur un terrain". Mais pour Totti, Lionel Messi reste le plus impressionnant de tous. "C’est le seul joueur avec lequel je me suis dit : "Je ne ferai jamais ce qu’il fait"". Et les statistiques le prouvent. A seulement 25 ans, l’attaquant argentin a franchi la barre des 300 buts inscrits avec le FC Barcelone. L’Italien n’est pas au niveau de ces chiffres monstrueux, avec ses 263 réalisations toutes compétitions confondues (226 en 527 rencontres de Championnat).

Onze buts et douze passes décisives cette saison en Serie A

Sauf que le deuxième meilleur buteur de l’histoire de la Serie A n’a pas toujours été utilisé comme un pur avant-centre mais surtout dans un rôle d’attaquant de soutien. "Sinon, j’aurais déjà franchi la barre des 300 buts et dépassé Silvio Piola (détenteur du record, avec 274 réalisations, ndlr)", déclare-t-il avec son assurance habituelle. Si Totti a accumulé les honneurs individuels au cours de sa carrière, passant néanmoins à côté du Ballon d’Or - "En 2000, si nous avions gagné l’Euro, je pense que je l’aurais eu"-, son palmarès collectif reste très maigre. Un Championnat, deux Coupes d’Italie, deux Supercoupes et une Coupe du monde garnissent son armoire à trophées. Un bilan décevant pour celui qui ne désespère de remporter un nouveau Scudetto.

Ce ne sera pas pour cette année, son club pointant à la sixième place du classement et visant surtout un billet pour la Ligue Europa, de l’aveu même de Totti. Mais le capitaine de l’AS Roma est toujours une pièce maîtresse de son équipe. Ou plutôt, il en est redevenu une, après avoir traversé comme une ombre la saison passée. Victime de pépins physiques à répétition, il n’avait pas franchi la barre des dix buts en Championnat pour la première fois depuis 2003. L’international italien semblait alors sur le déclin. Mais il a renoué avec son meilleur niveau depuis le début de la saison en cours. Il compte onze buts et douze passes décisives en Championnat, ce qui fait de lui le seul joueur de Serie A à avoir dépassé la dizaine dans ces deux catégories statistiques.

Prandelli ne lui ferme pas la porte

Une réussite qui donne envie à Totti de prolonger l’aventure, alors que son contrat court jusqu’en juin 2014. "La semaine prochaine, le président (James) Pallotta sera à Rome et ce sera l’occasion de discuter directement avec lui", glisse-t-il. D’autant que son niveau actuel pose la question de son retour en sélection italienne, près de sept ans après sa dernière apparition lors de la finale de la Coupe du monde 2006 remportée contre la France. Cesare Prandelli ne ferme pas la porte à un retour, même s’il a entamé un renouvellement profond du groupe. "A la fin du championnat, nous évaluerons les conditions physiques de chaque joueur, avait lâché le sélectionneur de la Nazionale à la Rai fin janvier. Nous avons commencé la saison avec un projet clair et défini, mais si d'autres joueurs avec une forte personnalité et en bonne forme physique faisaient leur apparition, alors nous les prendrions en considération".

Sans sa cacher, Totti rêve ouvertement du Brésil, même s’il sait qu’un éventuel retour serait entouré d’une grosse pression. "La Coupe du monde, c’est le must, surtout au Brésil, où le football est tout. Mais si les choses tournent mal, ils sauront qui blâmer. Ils diront : "Ils ont pris un ancien qui a ruiné le groupe". (…) Nous disputerons le Mondial pour le gagner. Le groupe est-il meilleur sans moi ? Je ne sais pas. Mais il est de qualité et Prandelli réalise du bon boulot." A la question de savoir s’il préférerait remporter un deuxième Championnat ou une deuxième Coupe du monde avant de raccrocher, il répond malicieusement : "Et pourquoi pas les deux ? " Comme quoi, vingt ans après ses débuts chez les pros, la flamme anime toujours Totti.