Le beau mercato de la Juve

Subito presto : voilà qui pourrait résumer le mercato de la Juve dans une intersaison très riche en mouvements de joueurs. La Vieille Dame a déjà pratiquement bouclé son recrutement alors qu’elle n’a pas encore repris le chemin de l’entraînement. Une stratégie efficace qui offre à Antonio Conte un groupe de très grande qualité. La Juve a de l’ambition et est en train de l'exposer aux yeux de tous.

Quand un propriétaire explique qu’il va investir sur le marché des transferts, les présidents vendeurs haussent subitement le prix des joueurs convoités par ledit club. C’est pour éviter cette surenchère que le club de Turin s’est très rapidement mis en action, avec plusieurs objectifs majeurs.

Il a d’abord fallu prolonger le contrat de quelques éléments importants. Ainsi, Bonucci (2017), Barzagli (2015) et Antonio Conte (2015) ont tous paraphé un nouveau contrat, tandis que les prolongations de Quagliarella et Matri sont plus anecdotiques, dans le sens où ils pourraient prochainement servir de monnaie d’échange.

Deuxième moment important, la fin des copropriétés et le grand bal des dirigeants dans un célèbre hôtel de Milan pour trouver des accords et éviter les « buste » (système d’offre à l’aveugle, le plus haut l’emporte). La Juventus a donc tout naturellement confirmé Emmanuele Giaccherini (via Cesena) et a racheté – un peu à la surprise générale vu les déclarations du joueur sur la Juve en cours de saison – Sebastian Giovinco (via Parme). Une double opération à 15,5M€ qui faisait suite à la confirmation de Martin Caceres, prêté par Séville en janvier dernier, pour 8M€.

Troisième axe de travail, étoffer le groupe avec des joueurs de qualité et ayant l’expérience de la Serie A. C’est ainsi que Mauricio Isla et Kwadwo Asamoah ont débarqué à Turin contre un chèque de 18,4M€ pour une copropriété des deux joueurs. On reconnaît la patte de Giampaolo Pozzo, patron de l’Udinese, qui garde 50% de ces deux joueurs qui, s’ils explosent à la Juve, vaudront très chers l’année prochaine.

Enfin, dernier point, il fallait pour la Juve compléter son équipe avec des joueurs de valeur et peu chers. En recrutant Paul Pogba (annonce imminente), un élément prometteur, et Lucio, un joueur confirmé, Antonio Conte a réussi à doubler tous les postes du milieu de terrain et ceux de la défense centrale. Le tout, sans débourser un centime en indemnité de transfert.

Avec ce recrutement cinq étoiles, la Juve possède déjà un groupe de grande qualité, mais les dirigeants ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin et continuent de travailler sur deux axes, dont l’un était la priorité absolue avant l’ouverture du mercato : le grand attaquant d’envergure internationale.

Là, la Juve se heurte à sa place sur la scène internationale. Malgré son titre de Champion, la Juve n’a pas retrouvé sa place d’avant Calciopoli, notamment sur la scène européenne. Il est dès lors compliqué de convaincre ce que les Italiens aiment appeler les top player (en anglais dans le texte) comme Van Persie, Suarez ou Higuain.

Néanmoins, l’annonce de la non prolongation de Van Persie à Arsenal, par le joueur, a redonné de l’enthousiasme au siège de la Juventus. Les dirigeants sont convaincus qu’ils peuvent désormais faire la différence, aussi bien avec le joueur qu’avec le club anglais qui prendra le risque de le perdre gratuitement la saison prochaine. C’est une opération qui se situe aux alentours de 25M€, un chiffre qui ne fait pas peur au club turinois.

Les autres pistes mènent à Edin Dzeko et Edinson Cavani. Le buteur de Naples pourrait devenir la priorité de la Juve en cas d’échec avec Van Persie mais la négociation s’annonce longue et compliquée avec De Laurentiis qui a déjà vendu Lavezzi. Une chose est certaine, le futur buteur de la Juve sera la tractation la plus compliquée de l’été pour les dirigeants italiens.

Même si Andrea Agnelli est focalisé sur la venue d’un grand buteur, cela n’empêche pas son directeur sportif d’étudier quelques dossiers. Beppe Marotta pense aussi à l’avenir et regarde de près les situations de Manolo Gabbiadini (Atalanta) et Omar El Kaddouri (Brescia). Gouverner, c’est prévoir, et les dirigeants de la Juve cherchent aussi à intégrer des joueurs un peu plus jeunes.

Dans le petit jeu des copropriétés, la Juve a aussi cédé quelques joueurs comme le Suédois Albin Ekdal (Cagliari) ou Saphir Taïder (Bologne) pour faire rentrer un peu de cash.

Le club compte surtout se séparer de plusieurs « boulets » comme Krasic, Elia et Felipe Melo, qui, à eux trois, pourraient rapporter plus de 15 millions d’euros, et alléger la masse salariale. Il y a aussi les affaires inattendues en fonction d’offres de dernière minute qui pourraient concerner Matri et Quagliarella, loin d’être indispensables.

Enfin, il y a eu le départ d’Alessandro Del Piero dont seul un mercato convaincant pourra atténuer la portée médiatique et sentimentale. Après 19 ans au club, la bandiera du club terminera sa carrière loin de la Juve, sans haine ni regret a-t-il affirmé dans un article émouvant sur son site Internet personnel.

Ce recrutement XXL de la Juve lui permet d’avoir des postes doublés (en prenant en compte l’arrivée du grand buteur). Cet effectif très riche est aussi idéal pour Antonio Conte qui aime varier les schémas tactiques, notamment le 4-3-3 et le 3-5-2. Des joueurs comme Giovinco, Isla ou Asamoah sont importants car polyvalents et donc utilisables dans les deux schémas préférés de Conte.

Notez que selon les matchs, les postes attribués (titulaire/remplaçant) peuvent évoluer, notamment pour Giovinco/Vucinic, Isla/Vidal, Marchisio/Asamoah.

Avec son recrutement précoce, la Juve a déjà frappé très fort et montre qu’elle est de retour aux affaires (sans mauvais jeu de mots). La famille Agnelli avait promis de lourds investissements et a tenu parole. Antonio Conte incarne le style Juventus et mènera un groupe de joueurs d’une très grande qualité. La Juve est définitivement de retour. Bentornata !