Naples : Marek Hamsik est devenu hors-norme

Le Napoli ne vit plus sur sa nostalgie. Après avoir passé deux décennies dans un certain anonymat, il a retrouvé sa place dans le gotha du football italien, où le club napolitain fait désormais figure de principal rival de la Juventus Turin dans la course au titre. Au pied du Vésuve, on se prend à rêver d’une nouvelle époque glorieuse, plus de vingt ans après celle qui avait vu Diego Maradona conduire Naples à deux scudetti, une Coupe de l’UEFA et une Coupe d’Italie dans la deuxième moitié des années 80. Aujourd’hui, un autre trequartista se révèle comme l’architecte du renouveau napolitain. Et s’il n’aura probablement jamais l’aura de son illustre prédécesseur argentin, Marek Hamsik n’en est pas moins devenu un joueur hors-norme dans ce rôle qui lui va comme un gant.

On ne s’improvise pas trequartista, ce joueur placé entre le milieu et l’attaque pour faire la différence dans le dernier quart du terrain adverse. Ce rôle est l’un des plus délicats à tenir car il requiert à peu près toutes les qualités du footballeur. Il faut une technique surdéveloppée, car le poste impose d’évoluer dans des espaces très réduits avec une forte densité de joueurs. Il faut aussi un physique à toute épreuve car, au-delà de la distance importante à couvrir et des multiples duels dans son secteur, le joueur doit garder ce supplément de lucidité indispensable compte tenu de la précision requise par sa fonction. Il faut surtout une vision du jeu, une créativité et une intelligence tactique hors du commun, car le trequartista fait d’abord la différence par sa faculté à faire le bon choix, au bon moment. Ce qui implique qu’il doit avoir un temps d’avance sur les autres dans sa lecture du jeu. Et qu’il soit capable d’être aussi efficace à la création qu’à la finition.

A Naples, Walter Mazzarri n’a pas hésité à confier un rôle aussi exigeant à Marek Hamsik. Le système mis en place par l’entraîneur napolitain est même taillé pour lui. Dans le 3-4-1-2 du Napoli, le Slovaque bénéficie de l’apport de deux joueurs assez offensifs dans les couloirs qui, en plus de lui offrir des solutions, permettent à l’équipe d’écarter le jeu au maximum et de libérer ainsi des espaces dans l’axe. Il peut également s’appuyer sur le duo de récupérateurs qui, au-delà de le décharger de certaines tâches défensives, lui offre la possibilité de combiner pour provoquer des situations de surnombre dans l’entrejeu, et donc des décalages. Et devant lui, Hamsik dispose d’un duo d’attaquants aux profils différents, que ce soit Edinson Cavani, Lorenzo Insigne ou Goran Pandev, ce qui multiplie encore les solutions de passes qui lui sont données. Mazzarri pouvait difficilement trouver un schéma qui puisse mettre davantage en valeur un trequartista.

Hamsik s’est montré à la hauteur des exigences d’un poste qu’il n’a pas toujours occupé. Quand il est arrivé en Italie à l’âge de 17 ans, le Slovaque jouait un peu plus bas, davantage dans un rôle de relayeur que Mazzarri lui assigne encore parfois, de façon ponctuelle cependant. C’est forcément délicat de faire descendre d’un cran un joueur qui n’a jamais marqué moins de neuf buts en Serie A depuis 2007. Depuis la saison 2010-2011, l’entraîneur napolitain a décidé de faire évoluer Hamsik en trequartista. C’est dans ce rôle que le numéro 17 du Napoli a pris une toute autre dimension. Et ses statistiques sont en progression constante en Serie A. Après avoir bouclé l’exercice 2010-2011 avec 11 buts et 6 passes décisives au compteur, il a signé 9 buts et 9 passes décisives la saison passée. Et il fera forcément mieux en 2012-2013, puisque Hamsik en est déjà à 9 buts et 11 passes décisives après 26 journées de championnat.

Au-delà de son rendement statistique, c’est le rayonnement général du Slovaque sur le jeu du Napoli qui impressionne cette saison. Il ne se contente pas de faire jouer de son équipe. Son état d’esprit et son sens du sacrifice pour le collectif, en dépit d’un statut particulier dans l’équipe, en font un joueur exemplaire à tous les niveaux. Mazzarri sait à quel point il est indispensable à sa formation. "C’est un fuoriclasse, un joueur hors-norme", affirme l’entraîneur napolitain. "Marek est celui qui nous permet de changer de stratégie en cours de jeu, et les adversaires ne savent pas souvent comment le prendre. On sait de quoi il est capable, et c’est pourquoi on doit préserver sa santé mentale", explique un Mazzari qui n’a pas forcément fini d’être inspiré par son joueur. "Tôt ou tard, j’écrirai ce livre que j’ai en tête depuis longtemps. J’ai trois ou quatre choses à dire, et je consacrerai un chapitre entier à Hamsik. C’est un type bien, une belle histoire, et un joueur extraordinaire." En attendant, il appartient au Slovaque d’écrire quelques belles pages de l’histoire du Napoli.