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Palerme ne pouvait que descendre

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 16/05/2013 à 23:55 GMT+2

Johann Crochet juge logique la relégation de Palerme en Serie B. Pour notre spécialiste du football italien, le club sicilien paie les excès de son fantasque président, Maurizio Zamparini, et un recrutement discutable.

2011-2012 Serie A Palermo Zamparini

Crédit: AFP

On a l'habitude de dire que quand un club bosse bien, il finit toujours par récolter les fruits de son travail quelques mois plus tard. L'inverse est aussi vrai. Palerme vient de le montrer une nouvelle fois cette saison. Le club sicilien, géré par l'excentrique Maurizio Zamparini, est relégué en Série B après un exercice 2012-2013 catastrophique à tous les niveaux. De la gestion absurde de son président à des joueurs recrutés très moyens, Palerme n'avait finalement aucune chance d'échapper au spectre de la Série B.
Zamparini, mangia-allenatori
Avec 51 entraîneurs virés (certains rappelés) depuis son arrivée dans le foot en 1987, Maurizio Zamparini ne fait pas dans la dentelle. Son club, c'est d'abord son jouet. D'abord à Venise, puis à Palerme, le président "mangeur d'entraîneurs" a toujours managé son club sur des coups de tête. Un entraîneur lui plaît ? Il l'embauche. Un match a été très décevant ? Il déclare dans la presse que l'entraîneur est menacé. Une mauvaise série ? L'entraîneur est viré. Voilà le management "à la Zamparini". Il n'y a aucune place à la réflexion ou au recul sur les évènements, tout se décide à chaud. Et dans la précipitation, il a multiplié les erreurs.
Tant que beaucoup d'autres clubs italiens faisaient comme lui, il n'y avait pas de danger. Sauf que depuis deux ans, plusieurs clubs mettent en place des projets équilibrés sur le long terme : de Parme à Bologne, en passant par Catane, Bergame ou Vérone, avec des stratégies différentes mais des points communs (recrutement intelligent, pas de stars mais équilibre dans l'effectif, respect des limites économiques), cela fait autant de concurrents en moins dans la lutte contre la relégation. Déjà l'année dernière, Palerme était passé proche de la relégation avec une décevante seizième place. Déjà à l'époque, Zamparini avait annoncé qu'il arrêterait sa gestion à la petite semaine. Il avait alors nommé Sannino, un entraîneur "pour le futur" dixit le bouillonnant président, et Perinetti comme directeur sportif. Mais les deux n'ont tenu que quelques semaines.
2011-2012, 2012-2013, deux saisons à huit entraîneurs
Lors des deux dernières saisons, les pires depuis la remontée du club en 2004, dix entraîneurs se sont succédés sur le banc du club sicilien, certains étant rappelés en cours de saison après avoir été écartés au préalable. Pioli, Mangia, Mutti, Sannino, Gasperini, Malesani, re-Gasperini, re-Sannino, voilà pour la liste des "Mister" utilisés et usés par Zamparini.
Cette saison est celle de tous les records avec quatre changements d'entraîneurs dans la saison. Nommé en début de saison, Sannino est écarté dès la troisième journée. Gasperini est ensuite viré début février, Malesani prend sa place mais ne tient que trois journées (trois matchs nuls). Gasperini est rappelé le 24 février, puis est à nouveau écarté le 11 mars, et remplacé par Sannino, viré après trois journées en début de saison. Vous avez dit instabilité ? Oui, on est même plus proche de l'absurde que de l'inconstance.
Mais l'instabilité a également touché, cette saison, les postes de dirigeants. Nommé directeur sportif en juin, Perinetti a été viré en même temps que Sannino dès la troisième journée. Fin septembre, Zamparini a annoncé l'arrivée de Pietro Lo Monaco au poste d'administrateur délégué. L'ancien dirigeant de Catane a même acheté à cette occasion 10% du club. Il ne reste que quatre mois en Sicile et quitte Palerme début février. À sa place, Zamparini nomme … Perinetti, écarté lui aussi en début de saison.
Palerme a dû composer cette saison avec des entraîneurs à la philosophie de jeu différente, et avec un mercato estival effectué par une personne, un mercato hivernal par une autre, et le premier devant ensuite assumer le mercato du second pour tenter de sauver le club dans les dernières semaines de la compétition. Sans réelle stratégie sportive, avec une gestion à la petite semaine et avec une vision proche du néant, Palerme a sombré. Et d'un point de vue footballistique, cette relégation est méritée, et même salutaire, histoire de montrer aux quelques mini-Zamparini qui restent dans le foot italien ce qui les attend avec une telle gestion catastrophique
Un recrutement raté
Quand "on" termine seizième la saison précédente et qu'on se sépare son gardien titulaire (Viviano), ses deux meilleurs défenseurs (Silvestre et Balzaretti) et un milieu de terrain très utile (Migliaccio), il faut que le recrutement soit à la hauteur. Malheureusement pour les tifosi palermitains, il ne l'a pas été. Et malgré un nombre de mouvements important lors du mercato estival comme hivernal, Palerme est au final très loin du compte.
Les flops se sont accumulés sur les deux périodes : Morganella est tactiquement nul et mauvais dans son couloir droit, von Bergen est loin d'avoir le caractère et le niveau d'un patron, Aronica a été dépassé à chaque match, Dossena ne s'est pas montré très motivé et particulièrement utile et Fabbrini est encore trop tendre. Par ailleurs, la filière sud-américaine autrefois lucrative (Pastore, Cavani) s'est révélée être de piètre qualité : recruté 12M€, Dybala est encore trop jeune pour assumer d'énormes responsabilités et une pression importante, Arévalo a été en-dessous du niveau espéré tandis que Sebastián Sosa Sánchez est reparti aussi vite qu'il était arrivé.
Et puis, quand en janvier, le club savait qu'il allait lutter contre la relégation et que l'équipe manquait de bons attaquants et de créativité au milieu de terrain, Palerme a recruté Faurlin, Boselli et Formica : trois joueurs déjà décevants dans leurs anciens clubs et qui ont été catastrophiques lors de la deuxième partie de saison du club sicilien. Vous avez déjà essayé de scier une bûche de bois avec un couteau en plastique ? C'est ce qu'a essayé de faire Palerme en janvier. Doit-on être étonné de cette relégation ? Sûrement pas !
Et maintenant ?
En descendant en Série B, Palerme va déjà perdre beaucoup d'argent. La relégation de la Sampdoria avait coûté environ 50M€ à ses propriétaires il y a deux ans. Du côté de Palerme, on estime la perte sèche à un peu plus de 40M€ (recettes en baisse, billetterie, sponsoring) mais le club bénéficiera d'un parachute doré de 15M€ comme club relégué. Le club va également devoir se séparer de ses plus gros salaires tandis que l'on ne connaît pas le champ d'application du salary-cap instauré par la Ligue en Série B (300 000€ annuels max pour un joueur, sauf pour les clubs dont la masse salariale ne dépasse pas 60% des dépenses du club).
Parmi les joueurs pouvant quitter le club, Fabrizio Miccoli, plus gros salaire du club, est en haut de la liste. Zamparini a expliqué dernièrement qu'il souhaitait le prolonger mais Miccoli hésite. Il n'a pas vraiment apprécié d'avoir passé quelques matchs sur le banc cette saison. Sportivement, cette décision est – pour moi – incompréhensible. Certes, Miccoli vieillit, certes il a quelques kilos de trop, mais il y avait cette saison un Palerme avec Miccoli et un autre, moins inspiré, moins dangereux, moins subtil, sans Miccoli. Avec sept buts et huit passes décisives, il a encore été le meilleur joueur offensif cette saison.
Stefano Sorrentino sera certainement le joueur le plus courtisé. Prêté avec option d'achat en janvier par le Chievo, il se murmure que Palerme pourrait lever cette option d'achat pour faire une bonne opération financière. Il faut dire que Sorrentino est régulier depuis plusieurs années et sans aucun doute dans le top 4 des meilleurs gardiens de Série A cette saison. Sans lui, le Chievo aurait vécu une première partie de saison plus compliquée, et Palerme une deuxième partie de saison encore plus mauvaise.
Autre joueur amené à quitter le navire, Josip Ilicic. Le Slovène, sur courant alternatif depuis deux ans, s'est réveillé au bon moment, en fin de saison, quand les recruteurs commencent à pointer le bout de leur nez. Certains y verront une coïncidence, je mise plutôt sur une relation de cause à effet, pour un joueur irrégulier, peu motivé, sauf quand il peut espérer une revalorisation ou un transfert. Ilicic pourrait être un très bon joueur avec un peu plus d'envie et de "cattiveria" comme aiment le dire les Italiens, sorte d'agressivité positive.
Recruté à prix fort, Dybala devrait rester pour se faire les dents et progresser. Pour tous les autres joueurs de l'effectif, il n'y a aucun indispensable et tout dépendra des offres. Une chose est certaine, la remontée sera l'objectif du club la saison prochaine. La seule question qui se pose est la suivante : cette rétrogradation en Série B fera-t-elle changer Zamparini ? 51 entraîneurs utilisés en 27 ans, en Série B comme en Série A, 26 en onze saisons avec Palerme : certains chiffrent sont suffisamment équivoques pour répondre à cette question. Au grand dam des tifosi du club…
Johann CROCHET : Créateur de footballtagcloud.com, pigiste, Johann Crochet a l'habitude de dire qu'une bonne journée commence par une revue de presse italienne et qu'une bonne année se mesure au nombre de matches de Serie A vus dans les stades. Par goût, il suit aussi le foot néerlandais et les championnats scandinaves.
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