Milan-Juve, derby sicilien et programmation désastreuse

C’est encore un bien joli week-end de foot que nous offre l’Italie ce week-end avec pêle-mêle, un grand choc, un derby, un retour sur les terres d’un exploit, une équipe qui doit relever la tête, une autre dont l’entraîneur vit peut-être ses dernières heures à sa tête et enfin un duel d’européens. Rien que ça. Voici donc un tour d’horizon de ce qu’il va se passer entre samedi 20h45 et mardi, même heure.

Car à journée extraordinaire, programmation… déplorable ! En effet, la journée va s’étirer sur quatre jours avec six horaires différents, pour le plus grand bonheur des diffuseurs italiens et le plus grand malheur des tifosi. Car depuis certaines années, les amoureux du ballon rond ont déjà vu le multiplex du dimanche 15h voler en éclats avec deux matchs le samedi, un le dimanche soir, et depuis quelques mois, un régulièrement le dimanche à l’heure du déjeuner. À l’époque, la fronde des tifosi n’avait pas eu raison de cet horaire détestable et avait donné lieu à quelques banderoles mythiques, la plus marquante étant celle de la Curva Nord de Parme qui avait affiché, lors d’un Parme-Roma ennuyeux, un cinglant « on ne chante pas la bouche pleine » avec grève des chants et panini dans les poches pour se restaurer. « Tutti a pranzo, niente cori » (tout le monde à table, grève des chants) pouvait-on entendre dans tous les stades où une rencontre se déroulait à cet horaire. Beaucoup craignent en effet qu’un modèle espagnol (qui n’est en rien un modèle !) soit instauré en Italie dans les prochaines années avec entre sept et dix horaires différents par journées.

Rien de tel qu’un petit derby pour se mettre en appétit. Sauf que cet affrontement entre Palerme et Catane n’a plus la même saveur depuis le 02 février 2007. Ce soir-là, la traditionnelle tension entourant ce derby prend une tournure dramatique : avant, pendant et après le match, des tifosi de Catane tentent d’intercepter des Palermitains pour se défouler, puis s’en prennent aux forces de l’ordre. À cause de la fumée des bombes lacrymogènes qui envahit la pelouse, le match est arrêté pendant plus d’une demi-heure. Mais les vrais incidents démarrent à la fin du match. Plusieurs centaines de « supporters » des Rossoazzurri affrontent la police dans des scènes de guerilla urbaine. Un policier sera tué, 70 autres blessés et les conséquences seront importantes avec la mise en place de la Tessera del tifoso en premier lieu.

Pendant quatre ans, les supporters de Palerme sont interdits à Catane et ceux de Catane interdits à Palerme les jours de derby. Résultat, l’ambiance n’est plus là et ce derby devient presque un match comme un autre. Pourtant, sur le terrain, les rencontres sont souvent animées. Tout le monde se souvient du triplé de Javier Pastore en 2010, de la balade des Rossoazzurri à Palerme un an plus tôt (0-4) et de la série de victoire de Catane à domicile : cinq matchs, cinq victoires depuis ce fameux soir de février 2007.

Samedi, cela sera la première fois que le derby se joue à nouveau de nuit depuis la mort du policier italien. Depuis 2007, les autorités ont toujours exigé que le match se joue de jour pour éviter les guet-apens dans les rues. Gageons que les tifosi sauront montrer que les autorités n’ont pas eu tort de faire un pas dans leur direction cette année. Sur le terrain, le rapport de force s’est inversé : tandis que Palerme coule avec la gestion désastreuse de Zamparini, Catane s’en sort bien et progresse d’année en année grâce à un projet établi sur le long terme.

Heureusement pour nous, la Ligue Italienne de football nous a laissé le droit d’assister à quelques matchs le dimanche à 15h00. Tout comme la Juve, Naples et l’Inter, la Fiorentina sera en déplacement, sur la pelouse du Torino. L’objectif est simple pour la bande à Montella : continuer la série de cinq victoires consécutives et de sept matchs sans défaite. Pour cela, la Viola retrouve son attaquant vedette, Jovetic, mais devra composer sans son « playmaker » du milieu de terrain, David Pizarro.

De son côté, la Roma se rend à Pescara avec la peur de tomber face à une équipe revancharde. En effet, le club des Abruzzes vient de changer d’entraîneur et de nombreux joueurs vont retrouver leur mentor de l’année passée, l’année de l’historique promotion en Série A, Zdenek Zeman. Les Romains ont d’autant plus peur que le meilleur buteur, Erik Lamela, sera absent, tout comme le suspendu De Rossi et que de nombreux joueurs sont incertains, à commencer par Osvaldo, Piris, Burdisso, Castan et Florenzi. Les Giallorossi restent sur une victoire contre le Torino 2-0 mais sont toujours aussi irréguliers.

À Bergame, Luigi Del Neri pourrait déjà vivre ses dernières heures à la tête du Genoa. En effet, depuis son arrivée, le club a enchaîné cinq défaites en autant de matchs et a surtout perdu le derby contre la Sampdoria dimanche dernier. Le club est actuellement dernier de Série A et Preziosi ne sait plus trop quoi faire après avoir géré le club de manière catastrophique ces dernières années. Les tifosi perdent patience, plus de 200 d’entre eux ont manifesté dans Gênes et, connaissant la frange la plus radicale, celle qui a obligé les joueurs à enlever leurs maillots la saison passée en plein match contre Sienne, je peux affirmer sans problème que la situation est plus qu’explosive. De son côté, l’Atalanta ne fait pas de bruit mais est dans le haut du classement et malgré une très sévère défaite 4-1 à Florence la semaine passée, elle reste sur quatre victoires, un nul et une défaite.

Enfin dans les deux derniers matchs, la Samp accueille Bologne dans un duel de mal classés malgré une victoire de chaque côté la semaine passée, tandis que le match Chievo-Sienne sera celui qui passera inaperçu ce week-end.

C’est l’affiche de la journée et ce match se déroulera dimanche à 20h45. Les deux clubs engagés en Ligue des Champions sont sur deux dynamiques totalement différentes : pendant que Berlusconi se sert la ceinture et que Milan découvre le recrutement low-cost, la Juve dépense ce qu’elle veut et monte une équipe de champions. Si Milan est déjà qualifié pour les 1/8èmes de finale de la Ligue des Champions, la Juve espère valider son ticket dans 15 jours dans un groupe très compliqué.

La victoire de Milan à Anderlecht n’a pas été aussi facile que le score le laisse penser. En effet, les Belges ont mangé les Italiens en première mi-temps et seule leur maladresse a permis aux Rossoneri de s’en sortir correctement à la mi-temps. Puis, comme à chaque match de l’AC Milan depuis le début de la saison, El Shaarawy a débloqué la rencontre tandis que le collectif milanais ne donnait toujours aucun signe de vie. Et cela devient très inquiétant car Il Faraone ne pourra pas toujours sortir le Milan de ses médiocres prestations.

Cette rencontre sera justement une opposition entre El Shaarawy d’un côté, et le collectif de la Juve de l’autre. Dans la presse italienne, on va plus loin en expliquant que la Juve est largement favorite mais qu’il lui manque un joueur aussi talentueux que le jeune milanais devant. A raison. Car l’attaque de la Juve n’est pas aussi prolifique qu’El Shaarawy. Mais elle compense par un collectif qu’il est difficile de contrer et par une faim de victoires jamais rassasiée.

Lundi, deux matchs sont au programme : Naples se déplace à Cagliari qui retrouve un stade fonctionnel avec toutes les tribunes ouvertes au public, et plus important, l’Inter se déplace à Parme avec la volonté de gommer les trois derniers résultats négatifs : défaites à Bergame et à Kazan (avec une équipe certes très jeune) et match nul à domicile contre Cagliari.

Après une embellie de quelques semaines, l’Inter retombe dans ses travers su début de saison : erreurs individuelles en défense, manque de réalisme devant le but et un milieu de terrain qui ne protège pas assez la défense, et en même temps n’apporte pas assez offensivement. Le turn-over qu’a effectué Stramaccioni en Europa League redonnera peut-être un peu de jambes aux titulaires dont certains semblent particulièrement émoussés.

Enfin, mardi soir, le duel entre deux équipes européennes aux parcours différents : tandis que la Lazio confirme sa bonne saison dernière, et s’est qualifiée en Europa League, l’Udinese peine à trouver la bonne formule : les recrues ne sont pas à la hauteur, le club s’est fait sortir de la C3 et Toto Di Natale ne peut plus tout faire. Pire encore, certains joueurs commettent de grosses erreurs individuelles, à commencer par Danilo et Benatia. Par ailleurs, les résultats très moyens engendrent une ribambelle d’expulsions (déjà 5 en 13 journées). Précision importante, il s’agira du quatrième match en onze jours sur la pelouse de l’Olimpico : Italie-Nouvelle Zélande (rugby) samedi dernier, Roma-Torino lundi, Lazio-Tottenham jeudi et donc Lazio-Udinese mardi. L’état du terrain commence sérieusement à se dégrader et la pelouse ne facilite pas le beau jeu.