Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Le volcan napolitain

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 10/04/2011 à 16:56 GMT+2

Stade archicomble, ambiance survoltée et joueur emblématique décisif (Edison Cavani, 25 buts en Serie A), Naples la rebelle lutte de nouveau pour le Scudetto, vingt ans après. Les tifosi et les anciennes gloires savourent et rêvent à voix haute avant le déplacement à Bologne, dimanche.

Football - Serie A 2010/2011 - Napoli - AP/LaPresse

Crédit: LaPresse

65.000 tifosi n'en finissent plus de chanter leurs héros. Plus qu'un public heureux, c'est une foule en transe qui expie vingt ans de frustration en se cassant la voix. Padre Pio, le saint local, est même convoqué pour l'occasion. La raison? Un magnifique lob du pied droit d'Edinson Cavani, l'Uruguayen volant du Napoli, qui offre la victoire (4-3) à son équipe face à la Lazio. Un but qui provoque l'éruption d'un stade San Paolo, bouillant comme le Vésuve dimanche dernier. A cet instant, cette foule en fusion s'impose comme le douzième homme le plus chaud de la péninsule.  Menés 1-3, les Ragazzi de Walter Mazzarri ont une nouvelle fois trouvé les ressources mentales pour s'imposer dans le dernier quart d'heure et reprendre la deuxième place à l'Inter, étrillé la veille par le Milan (3-0). Preuve de la foi qui anime cette équipe, le Napoli a inscrit 72%  de ses buts (50) en seconde période dont 19 dans les quinze dernières minutes.
Cavani "ne pense qu'au Scudetto"
picture

Edinson_Cavani_Napoli_2011 (LaPresse)

Crédit: Eurosport

En Italie, on appelle ça le "Mazzari time", du nom d'un entraîneur ardemment courtisé par la Juve en vue de la  saison prochaine. Son président Aurelio de Laurentiis a dû mettre les choses au clair la semaine dernière. "Mazzarri est mon entraîneur et il est lié à nous pour encore trois saisons et demie. Si la Juve le veut, elle devra attendre 2016. Un entraîneur qui n'est pas sur le marché, n'est pas sur le marché." Pour beaucoup, à Naples surtout, ces points gagnés dans les dernières minutes ne peuvent être le fruit du hasard. Les Azzurri seront champion à la fin de la saison. C'est écrit, explique-t-on en ville. La preuve : lors du dernier titre remporté en 1990,  Maradona, Careca and co étaient déjà aux prises avec le Milan AC. Anodins ailleurs, ces clins d'œil ne sont pas pris à la légère dans cette ville mystique et superstitieuse.
Revenu à trois points du Milan AC, Naples rêve de  nouveau ouvertement au titre. "Je ne pense qu'au Scudetto" déclare Cavani à tous les micros qu'on lui tend. Il reste sept matches pour cela. Sept finales pour prolonger la folie qui règne actuellement en Campanie et au-delà.  Maurizio Zamparini, le président de Palerme, ne masque pas son envie de voir Naples être champion, sans se rendre compte que la rencontre Palerme-Naples du 24 avril prochain pourrait en devenir suspecte. En Italie, le "Calciopoli" est toujours dans les mémoires. Même le sélectionneur national, Cesare Prandelli, est sorti de la réserve que lui impose son poste avec son désormais fameux  "Tifo per Napoli" ("je supporte Naples"), très peu apprécié du côté du Milan. Avec son sens de la modération habituelle, Adriano Galiani, l'administrateur délégué des Rosonneri, est entré dans une colère sombre, et a immédiatement décroché son téléphone pour houspiller le président de la fédération, Giancarlo Abate.
"La faim et nos tifosis sont nos forces"
Le risque, c'est que cet engouement soit trop lourd à supporter pour des joueurs à l'expérience infiniment plus légère que celle des Milanais. Pour l'instant, cette folie les sublime. "La faim et nos tifosis sont nos forces" explique Paolo Cannavaro, défenseur central et frère du Ballon d'Or 2006. Cette saison, ils sont 60.000 spectateurs de moyenne, sans compter ceux qui rentrent sans billet, chambre-t-on en Italie. Fort de ce soutien, Naples est la meilleure équipe d'Italie à domicile avec l'Inter. Malgré deux défaites, les coéquipiers d'Hassan Yebda ont ainsi prit 36 points en 16 rencontres à la maison. Careca y voit un signe. L'ancien  buteur brésilien du club et acolyte préféré de Maradona à la grande époque ne veut pas "porter la poisse en disant que Naples sera champion" mais il "y croit". Témoin face à la Lazio, Careca "a savouré cette ambiance exceptionnelle et unique au monde". "Honnêtement, enchaîne-t-il, Cavani m'a impressionné par sa vitesse d'exécution  et par sa technique en mouvement. Ce Napoli est moins offensif que le nôtre, mais de grandes choses sont à sa portée." " Selon moi Cavani (suspendu dimanche à Bologne) est le nouveau prince du club" conclu-t-il. Jamais un Napolitain n'avait inscrit 25 buts en une saison en Serie A.
Ce retour au premier plan a été possible grâce au président Aurelio De Laurentiis, 59 ans, producteur de cinéma à succès. Il a repris le club au moment de sa faillite (en Serie C) et plutôt que de verser dans la folie des grandeurs, il a opté pour une montée en puissance progressive. Remonté en 2007, le Napoli redonne cette saison, par la passion qui l'entoure, le sourire à un football italien déprimé par sa perte d'influence sur la scène européenne. Dans cette ville habitué à faire la "une" pour ses multiples problèmes sociaux, cette équipe a redonné de la fierté à un Sud miné par le chômage et constamment méprisé par un Nord arrogant. Et si le Scudetto est au bout...
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité