Serie A, 17e journée : la Juventus et un peloton sans maillot jaune (Johann Crochet)

Depuis le début de la saison, je martèle à qui veut l’entendre que seule la Juve peut perdre ce championnat qui lui tend les bras. Non pas que je sois devin, mais l'effectif et le collectif turinois sont au-dessus de tous les autres. Et à chaque journée, le scénario se confirme un peu plus. Les rares fois où la Juve tend la joue, les adversaires arment leurs bras pour finalement s’auto-flageller. Aucun club ne parvient à profiter des rares moments de difficulté de la Juve et n'arrive tout simplement pas à suivre le rythme. Cette 17e journée a encore confirmé cette impression.

DERRIERE LA JUVE, UN PELOTON SANS MAILLOT JAUNE - La Juve étant dans l’échappée, le peloton de poursuivants se cherche un leader mais n’en trouve aucun de convaincant. L’Inter et Naples se la jouent "à toi, à moi" tous les quinze jours et quand l’un craque, l’autre prend le relais tandis que de nombreux clubs restent dans les roues, à commencer par la Lazio qui n’arrive jamais à combler l’écart avec les Nerazzurri et les Azzurri. Cela vaut également pour la Fiorentina et la Roma, alors que Milan pourrait bien réussir à accrocher les roues du groupe des cinq à la faveur d’une remontée impeccable.

Le choc de la journée a opposé la Lazio à l’Inter samedi soir et les Biancocelesti ont fait plier les Nerazzurri grâce à l’inévitable Miroslav Klose, à qui il arrive de rater une grosse occasion, comme samedi soir à la 80e, mais rarement deux. Stramaccioni a beau parler aujourd’hui des episodi défavorables – notez que quand un entraîneur veut accabler un arbitre mais sans le dire ouvertement pour ne pas être sanctionné, il évoque ces fameux épisodes – tout au long du match, mais la vérité est ailleurs. Cet Inter a débuté le match sans ambition et a réalisé l’une de ses pires mi-temps depuis des années. Les Nerazzurri ont laissé le ballon aux joueurs de la Lazio et se sont contentés de former un bloc que les joueurs de la capitale ont eu le plus grand mal à contourner. Sans mouvement, sans grande motivation et sans application, les joueurs de l’Inter ont réussi à atteindre la mi-temps sans prendre de but mais sans se créer la moindre occasion.

En deuxième période, l’Inter a réagi et a touché deux fois les poteaux mais s’est fait crucifier par le Bomber de la Lazio. Cette équipe de l’Inter a toujours du mal à enchaîner les bons résultats, au point où l'on peut s’interroger sur la véritable valeur de cette équipe. De son côté, la Lazio a juste eu à faire un match moyen pour s’imposer et revenir à deux points de ses concurrents du soir. Mais au moins, la Lazio a essayé de remporter ce match du début à la fin.

De son côté, Naples a lui aussi raté l'occasion de distancer les autres concurrents aux places européennes en s'inclinant à domicile contre Bologne (2-3). Si le but de Panagiotis Kone restera comme l'image de ce match, les joueurs d'Emilie-Romagne n'ont pas volé leur victoire tant ils ont gêné l'équipe de Naples qui a affiché de sérieuses lacunes malgré un duo Insigne-Cavani toujours spectaculaire. Mention spéciale pour Diamanti et son pied gauche toujours aussi léché et décisif.

LUCA TONI REVIT - Le coup de cœur de la semaine va à Luca Toni qui a passé un été horrible – sa femme a fait une fausse couche à quelques jours de l’accouchement – et revit grâce à la confiance de son ancien club. Le grand attaquant italien est un type très attachant malgré son comportement tout au long de sa carrière, plus proche du mercenaire changeant de club comme de chemise, que du type adorable que tous les fans du foot italien prennent pour exemple. Recruté lors du dernier jour du mercato estival par la Fiorentina, alors qu’il était libre et pensait arrêter sa carrière, Toni a déjà inscrit six buts en treize apparitions en championnat, dont un doublé dans le derby toscan ce dimanche. Son ratio but / temps passé sur la pelouse est remarquable : un but toutes les cinquante minutes. Toni n’est toujours pas le joueur le plus élégant à voir jouer mais le voir retrouver le chemin des filets est un pur régal.

VERONE ET SON TERRAIN VAGUE - Chaque année c’est la même chose et rien n’est fait. Une fois que l’hiver arrive, le terrain du Chievo se transforme en terrain vague et offre un spectacle indigne d’un grand championnat européen. Le match dimanche entre le Chievo et la Roma a offert peu de spectacle et d’émotion à cause d’une pelouse sans herbe, remplie de sable et bosselée comme le visage d’un adolescent acnéique. J’ai vu des terrains vagues mieux entretenus que la pelouse de Vérone. A la pelouse, s’est ajouté le brouillard en deuxième période, rendant ce match, inguardabile comme on aime le dire en Italie, à savoir, insupportable à suivre à la télévision.

ENTRAÎNEURS SUR UN SIEGE EJECTABLE - Ce week-end a confirmé les difficultés de nombreux clubs qui pourraient conduire à des licenciements en début de semaine. Le départ de Serse Cosmi de Sienne est d'ores et déjà acté. Pour remplacer l'entraîneur à la casquette, les rumeurs se concentrent autour de Giuseppe Iachini, autre entraîneur aimant porter la casquette par tous les temps. Gigi Del Neri (Genoa) avait un ultimatum jusqu'à dimanche et il n'est pas sûr que le match nul 1-1 contre le Torino à domicile soit suffisant pour empêcher son dévoreur d'entraîneurs de président, Enrico Preziosi, de s'adonner à son job favori : virer ses techniciens. Gênes, toujours avec la Sampdoria qui replonge après une embellie de trois matchs. Deuxième défaite d'affilée, cinq buts encaissés, un marqué, Ciro Ferrara peut se faire du souci. À Palerme, Gasperini est toujours sous la menace de Zamparini même si le nul ramené d'Udine a laissé entrevoir de bonnes choses. À suivre également la situation de Ventura car le Torino n'a gagné qu'un match en deux mois et demi.