Filippo Inzaghi, nouveau porte drapeau de l’AC Milan

Filippo Inzaghi n’a rien perdu de son flegme naturel. Calme et posé, l’Italien a répondu à toutes les questions des journalistes sans broncher et en s’adressant avec franchise. Son premier exercice du genre, une belle réussite. Successeur de Clarence Seedorf sur le banc lombard, l’ancien international italien a accepté de relever le défi en devenant coach de l’AC Milan à 40 ans et sans avoir connu une expérience professionnelle auparavant. Un manque qu’il compte bien colmater avec son style et ses valeurs. "C’est une opportunité fantastique, c’est un rêve d’entrainer cette équipe. Je n’ai pas d’expérience dans le haut niveau en tant que coach mais je suis un homme sincère. J’ai la tête bien en place et j’ai des idées claires."

Il en faudra car le spectre de la dernière saison catastrophique des Milanais est encore dans pas mal de têtes encore aujourd’hui. Les tifosi et les joueurs n’ont pas oublié les désillusions successives, Pippo Inzaghi non plus. Le technicien transalpin n’a pas la mémoire courte. "La saison dernière, certains ont oublié ce que Milan voulait dire mais moi je suis ici maintenant et j’entraine le club le plus titré au monde. Il faut recréer l’ADN milanais. Pour se remettre à gagner, il faut un groupe solide, des vrais hommes et un vrai coach. Je vois de l’enthousiasme depuis quelques jours et ça me donne des frissons."

Très rapidement durant la conférence de presse, les questions se sont focalisées sur Mario Balotelli. L’attaquant italien, qui a complètement loupé sa Coupe du monde avec l’Italie, est annoncé sur le départ par la presse italienne. Inzaghi a fait comme si de rien n’était et a donné une tout autre version de la situation de SuperMario. "J’ai parlé avec Mario après l’élimination de l’Italie au Mondial et je lui ai dit que les critiques ne pouvaient que le renforcer, a-t-il déclaré dans un premier temps. Moi aussi j’ai subi des critiques quand j’étais joueur et cela m’a fait progresser. Balotelli fait partie du patrimoine footballistique italien, mon devoir c’est de le valoriser. Il a demandé à avoir un préparateur physique pour s’entrainer durant ses vacances. Il est sérieux et ça me fait plaisir."

Comme Seedorf avant lui, Filippo Inzaghi dispose d’une expérience d’entraineur très limitée même si ses résultats avec les équipes de jeunes de l’AC Milan ont été fantastiques. Certains redoutent de le voir échouer comme le Néerlandais et d’assister à la nouvelle déchéance d’une légende notoire mais le Transalpin a préféré utiliser l’humour pour relativiser la situation. "Antonio Conte m’a dit que la seule différence qu’il y a entre un coach et un footballeur, c’est qu’un entraîneur ne dort plus la nuit quand il fait ce métier. Un technicien qui prétend avoir des règles doit d’abord les respecter lui-même. Je serai moi-même, je ne veux copier personne. J’espère que ma soif de victoires aidera Milan à retrouver la place qu’il mérite", a-t-il d’abord lancé avant d’adresser une mise en garde à ses nouveaux protégés : "Les joueurs doivent aussi avoir cette envie, ils doivent également me respecter moi et mon staff. Ceux qui ne se battront pas pour ce maillot ne joueront pas à l’AC Milan."

A Milan, celui qui est "né hors-jeu" selon Sir Alex Ferguson incarne les belles années du club rossonero. Les victoires en Ligue des champions, les folles soirées européennes, il y a participé et il y a même contribué très souvent. "Le Bomber Europeo" part avec un avantage considérable par rapport à Seedorf et surtout Allegri, c’est le chouchou du peuple milanais, il l’a toujours été. Milan a livré sa pire saison depuis deux décennies et pourtant, les tifosi se sont rendus en masse pour l’accueillir devant les nouveaux locaux flambants neufs du club lombard. Certes, une partie des supporters continue de contester mais même les plus récalcitrants sont prêts à accorder le bénéfice du doute à ce Milan version Inzaghi.

Chose aussi improbable que nécessaire, sa nomination a semble-t-il (aux premiers abords) mis fin au conflit interne qui opposait Adriano Galliani et Barbara Berlusconi. Tout le monde s’unit derrière l’ex buteur de la Nazionale : "On veut enrichir notre palmarès, ose même l’administrateur délégué des Rossoneri. C’est pour cela que nous avons choisi Inzaghi, c’est un joueur et un homme extraordinaire. C’est un maniaque du football." La numéro deux du club, Barbara, fille de Silvio Berlusconi, a tenu des propos quasi similaires : "Inzaghi est un "fidélisateur", un rassembleur, c’est un joueur qui a donné beaucoup d’émotions aux supporters rossoneri. Il est parfait pour ce rôle à cet instant précis."

L’AC Milan n’est peut-être plus le grand club qu’il était actuellement mais l’arrivée d’Inzaghi est porteuse d’espoir, de renouveau. Les Lombards repartent de zéro avec un coach maison aux idées séduisantes et ambitieuses. Avec Seedorf, le pari s’était transformé en fiasco. Pour Inzaghi, la donne est différente mais Milan ne peut plus se permettre de passer pour un club qui méprise et maltraite ses légendes. Les Rossoneri ont décidé de placer leur destin entre les mains d’un homme qui incarne leur passé, leur présent et leur futur. Le défi est risqué mais le jeu en vaut la chandelle.