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Serie A - 15e journée : Roma-Fiorentina, sous le signe de Montella

Johann Crochet

Mis à jour 13/12/2013 à 10:16 GMT+1

Duel de candidats à la C1, le Roma-Fiorentina de dimanche sera surtout celui d’un homme, Vincenzo Montella, ancien de la Louve désormais sur le banc de la Viola.

FOOTBALL 2013 Fiorentina - Montella

Crédit: Panoramic

Il est passé, en à peine quatre années, de joueur à entraîneur intérimaire de la Roma, avant de devenir l'un des techniciens les plus prometteurs avec son expérience à Florence. Vincenzo Montella est un personnage très intéressant du football italien et chacune de ses interviews montre combien il a les idées claires sur son "nouveau" métier d'entraîneur. Dimanche midi, il retrouve le Stade Olympique de Rome, théâtre de ses plus beaux exploits sportifs, mais avec le costume d'entraîneur de la Fiorentina. Il n'y aura ni haine ni sifflets. L'ex-attaquant de la Roma reste très apprécié des Romanisti et il devrait même être publiquement félicité par le président de la Roma avant la rencontre, afin de célébrer son entrée dans le Hall of Fame du club romain.

Entre efficacité et concurrence

De son passé de joueur à la Roma, Vincenzo Montella garde d'excellents souvenirs. Le plus grand moment de sa carrière est sans aucun doute le titre de champion d'Italie décroché en 2001 avec les Giallorossi. Pourtant, cette année-là, Montella voit débarquer Batistuta à Rome et commence la saison comme remplaçant. Capello préfère un trident composé de l'ancien florentin, de Totti et de Delvecchio. Les relations entre l'entraîneur et son attaquant se dégradent rapidement. Les deux ne s'en sont jamais cachés, Montella ayant même eu des déclarations maladroites au début des années 2000. Ils ne sont jamais appréciés. La faute à des divergences sur les relations d'entraîneur à joueur. Tandis que Capello ordonne et n'explique pas ses choix, Montella préfère le dialogue et les conseils tactiques. Pourtant, l'attaquant italien fait le boulot, participe grandement au scudetto grâce à une montée en puissance tout au long de la saison 2000/2001, "obligeant" Capello à l'aligner titulaire.
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2004-2005 Champions League Roma Montella

Crédit: Imago

Lorsque Capello rejoint la Juve en 2004, Montella est libéré d'un poids. Il réalise alors sa saison la plus prolifique avec la Roma (21 buts), lors d'une saison 2004/2005 qualifiée comme l'une des pires de l'histoire du club romain : lutte contre la relégation, quatre entraîneurs en une saison, tensions entre certains tifosi et Totti... L'Aeroplanino (ndlr : son surnom à Rome) pense prendre son envol définitif après trois saisons plus compliquées et obtient une prolongation avec forte revalorisation salariale. C'est pourtant le début de la fin, il subit plusieurs blessures, joue moins, perd la confiance et rate sa sortie après une carrière bien remplie.

Deuxième jeunesse à la Roma

Déjà très observateur comme joueur, Montella se tourne naturellement vers le métier d'entraîneur après l'annonce de sa retraite en 2009. Il commence dans les équipes de jeunes de la Roma, obtient de bons résultats et impressionne par ses méthodes révolutionnaires, entre éducation, motivation et style de jeu offensif. Quand Ranieri démissionne en février 2011, la Roma fait appel à lui. Il séduit tout le monde, des joueurs aux dirigeants, des tifosi aux journalistes. Grâce à son vécu, il parvient à fédérer son groupe et n'hésite pas à mettre Francesco Totti sur le banc pour sa première avec le club romain, contre Bologne. Les deux s'appréciaient lorsqu'ils jouaient ensemble et Montella n'a aucun mal à expliquer son choix au capitaine de la Roma, car lui-même a passé beaucoup de matches sur le banc, avant d'entrer en cours de jeu et d'être décisif. Ce passé de "super sub" lui sert encore aujourd'hui, pour convaincre les remplaçants qu'ils peuvent faire la différence en cours de match.
Mais c'est une décision managériale qui va mettre fin à l'aventure de Montella à Rome. Juin 2011, la Roma vient d'être rachetée par des actionnaires américains et ils veulent couper certains liens avec le passé. Ils amorcent un changement radical et Luis Enrique est nommé entraîneur de l'équipe première. Montella, qui a désormais goûté à ce poste, ne peut être renvoyé chez les jeunes, et il décide alors de rejoindre Catane. En Sicile, il continue son excellent travail, se fait remarquer par tous les observateurs, et accède un an plus tard au banc de la Fiorentina.

Entraîneur complet, ambitieux et prometteur

Aujourd'hui, derrière Antonio Conte, il est l'entraîneur de moins de cinquante ans le plus prometteur. Quand on parle de précocité pour le métier d'entraîneur, on évoque souvent les noms de José Mourinho et d'André Villas Boas, mais on oublie vite que Vincenzo Montella n'a, aujourd'hui, que 39 ans. Après avoir assuré avec brio l'intérim à Rome, avoir fait de Catane une machine redoutable, et ramené la Fiorentina en Coupe d'Europe, Montella s'attaque à des objectifs plus élevés : jouer la Ligue des Champions de façon régulière, et plus si affinités.
Vincenzo Montella a tout de l'entraîneur moderne : il n'est pas réfractaire à l'usage des nouvelles technologies lors de l'entraînement, il accorde beaucoup d'importance au dialogue avec ses joueurs, il ne considère pas que la préparation estivale doit être très lourde (à l'inverse de tous ses successeurs), son style de jeu promeut spectacle et discipline et il n'est pas enfermé dans un seul schéma tactique de référence. Sur ce dernier point, à la Fiorentina, il est passé du 3-5-2 au 4-3-3, avec parfois quelques ajustements en 4-3-2-1, avec beaucoup de réussite.
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2012-13 Serie A Fiorentina Vincenzo Montella (AP/LaPresse)

Crédit: LaPresse

Très proche de ses joueurs, il multiplie les conseils et met en pratique ce qu'il a étudié à la faculté ou dans des lectures quotidiennes, sur le management et la psychologie dans le sport. Quand on l'interroge sur une remarque de Capello, lorsque l'actuel sélectionneur de la Russie avait évoqué le replacement défensif que demandait Montella à ses joueurs, chose que lui-même ne faisait pas à Rome, le coach de la Viola tape où cela fait mal, à savoir sur l'absence de dialogue entre Capello et ses joueurs : "Cela m'a fait sourire. Je crois qu'un entraîneur doit pouvoir expliquer à son attaquant quand, pourquoi et comment il doit se replacer, pour que cela marche. C'est une question d'organisation."
Le maître tacticien Capello a sûrement apprécié cette remise en question de l'un de ses anciens joueurs. Montella ne manque pas de caractère et le prouve semaine après semaine. Charismatique, il a séduit Florence en quelques mois. La ville toute entière espère retrouver la Ligue des Champions en fin de saison et cela passe par une victoire à Rome dimanche midi. Un match "da ex" comme on dit en Italie. Un mélange de sentiments pour Montella, à qui on rappellera son passé pour son entrée dans le Hall of Fame avant le match, alors qu'il devra tout faire pour l'oublier pendant 90 minutes et n'avoir aucun sentiment pour son adversaire du jour. Assurément un match à ne pas louper...
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