La prometteuse nouvelle ère de la Sampdoria Gênes

Massimo Ferrero n’était personne avant de devenir président de la Sampdoria, et si son objectif était de faire parler de lui, c’est largement réussi. Il est la tête de gondole de cette nouvelle Samp’. Médiatiquement hyperactif, il fait tout pour attirer l’attention sur lui. Cela va des rites superstitieux en tribunes aux exultations effrénées à la fin des rencontres, en passant par les selfies avec le kop des supporters, les tweets et les blagues de mauvais gout. Dernière en date, celle très tendancieuse à propos du néo-propriétaire de l’Inter, Ferrero conseillant à son prédécesseur Moratti de "virer le Philippin". (Thohir est par ailleurs indonésien). Bref un personnage qui n’a franchement rien à voir avec la famille Garrone, qui lui a revendu le club en mai dernier et qui se distinguait par sa tenue et sa discrétion. Ferrero partage même peu de traits de caractère avec Gênes et ses habitants. En effet, c’est un Romain pur-sang et même supporter déclaré de la Roma. Il en est le stéréotype parfait avec cette gouaille qui le trahit. Peu adepte des bonnes manières certes, mais doté d’une sympathie contagieuse.

Et si tout ceci n’était qu’un masque ? Derrière le pantin désarticulé se cache un entrepreneur ambitieux, parti de rien. Un self made man comme on n’en fait plus et qui a notamment fait fortune en reprenant les salles de cinémas suite à la banqueroute de Vittorio Cecchi Gori….alors propriétaire de la Fiorentina. Il a également tout fait pour donner un coup de main aux Génois (qu’ils soient évidemment supporters de la Samp ou du Genoa), de nouveau victimes des inondations en début de mois et pour la deuxième fois en trois ans. Le peuple blucerchiato était initialement et légitimement méfiant, mais il commence à apprécier le bonhomme. Les résultats positifs y sont tout de même pour beaucoup, pas certain que son caractère extraverti sera toujours toléré si la situation se gâte. D'autant que Ferrero n'a pas franchement l'intention de casser sa tirelire.

Toutefois, cette nouvelle Samp a vu le jour bien avant l’avènement de Massimo Ferrero. Précisément le 20 Novembre 2013 lorsque Sinisa Mihajlovic a remplacé un Delio Rossi en totale perdition. Le club est alors relégable avec 9 petits points et le Serbe retrouve une équipe dont il a porté fièrement le maillot de 1994 à 1998. Son arrivée provoque évidemment un choc psychologique pour les joueurs. Pas besoin de s’étendre sur cet aspect quand on connait le caractère du personnage. Son autorité et son charisme ne souffrent d’aucune contestation et il a vite remis les troupes dans le droit chemin. Mais il serait erroné de faire passer Sinisa pour un simple « sergent de fer », il sait aussi parfaitement dialoguer et communiquer avec ses protégés et les médias. Ses citations célèbres lors des conférences de presse d’avant-match sont désormais une belle habitude, cela va de JFK à Dante.

Mihajlovic a également donné un sens à cette équipe avec des directives claires et efficaces. Out le 352, place à un 4231 et un 433 beaucoup plus actuels et qui exploitent surtout mieux les caractéristiques de ses joueurs. La Sampdoria n’est pas seulement une équipe hargneuse, elle est également très bien organisée et difficile à bouger (deuxième meilleure défense). Bref, une "belle réalité" comme on dit en Italie. L’an passé, le maintien a été acquis à 5 journées de la fin de la saison. S’ensuit donc ce bon début d’exercice, 4 victoires, 4 nuls et une seule défaite. Les envies d’Europe sont tout à fait légitimes. On voit bien la Samp reprendre le rôle de trouble-fête récemment endossé par le Torino et Parma.

Plusieurs joueurs ont progressé à pas de géants sous la gestion de Mihajlovic, ils sont italiens, jeunes et frappent maintenant à la porte de la Nazionale. La belle surprise se nomme Stefano Okaka, ex-prodige de la Roma qui marquait son premier but à l’âge de 16 printemps il y a de cela presque dix ans. Depuis, perdu dans les méandres périlleux du calcio, il avait entrepris la parfaite trajectoire de l’espoir déchu jusqu’au jour où il a atterri à la Samp. C’était en janvier dernier et sans en faire un titulaire indiscutable, Mihajlovic a réussi à le transformer en redoutable avant-centre capable de déménager à lui tout seul les défenses adverses. A ses côtés, Manolo Gabbiadini que l’on connait mieux, utilisé sur le flanc droit de l’attaque à trois, il complète sa palette avec ce travail défensif fondamental pour un attaquant moderne, tout en peaufinant sa moyenne de but.

Décidément On en parle moins, mais avec eux, agit le très intéressant Roberto Soriano, formé au Bayern avec les Thomas Müller et Toni Kross et qui fait parler sa polyvalence au poste de milieu offensif, que ce soit derrière l’attaquant, sur le flanc gauche, voire dans un milieu à trois. Élément vraiment intéressant et à suivre de près. Enfin, la Roma a prêté le prometteur Alessio Romagnoli qui a là l’occasion d’exploser définitivement au poste qui lui convient le plus (défenseur central, tandis que Garcia l’utilisait arrière-gauche). A seulement 19 ans, il est promis à un grand avenir et à un retour à Rome en juin prochain pour y intégrer définitivement l’effectif giallorosso. Moyenne d’âge de ces quatre joueurs ? 22 ans ! Et c’est Antonio Conte qui dit merci, lui qui a un mal fou à trouver des sélectionnables. Il est fort probable que l’un d’entre eux figure dans la prochaine liste de convoqués, les favoris ? Romagnoli et Gabbiadini.