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Serie A : Avec Zeman et Giulini, Cagliari est un modèle à suivre pour les clubs italiens

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 14/09/2014 à 09:41 GMT+2

En recrutant Zdenek Zeman, Cagliari a entamé sa révolution. Le club, racheté par Tommaso Giulini cet été, souhaite faire éclore les pépites de Serie A. Histoire de donner une bouffée d’air frais à tout le football italien, en proie au doute avec son équipe nationale et avec ses clubs.

Zdenek Zeman, entraîneur de Cagliari depuis l'été 2014

Crédit: LaPresse

Au risque de me répéter et en devenir même barbant, le football italien vit une période compliquée de son histoire. Inutile de se voiler la face. Les résultats de sa sélection nationale et de ses clubs sur la scène européenne en témoignent. L’Euro 2012 est l’exception qui confirme la règle du néant depuis quatre ans. Le mercato estival a vu une nouvelle flopée de joueurs étrangers débarquer en Serie A, ce qui réduit un peu plus le réservoir de sélectionnables et limite les choix d’Antonio Conte, désigné pour relancer la Nazionale. On cherche donc quelques signes positifs dans cette situation critique afin d'entrevoir l'avenir avec un peu d'optimisme. En ce sens, l'arrivée de Zdenek Zeman à Cagliari est une excellente nouvelle.

Besoin de l'entraineur et non du justicier

Il est un des hommes qui divise le plus en Italie. D'abord par sa philosophie de jeu, son 4-3-3 ultra-offensif est sa marque de fabrique, des joueurs voués à l'attaque et qui délaissent presque volontairement la phase défensive. Un déséquilibre vers l'avant même quand l'équipe mène au score, ce qui peut donner des victoires très larges mais aussi des défaites évitables. Les plus pragmatiques d'entre nous reconnaitront le spectacle qu'offrent ces formations mais resteront toujours pantois devant certaines directives du coach qui n'a pas changé ses préceptes tactiques d'un iota en 30 ans. Zeman divise aussi et surtout ses principes qui se traduisent en bataille contre les institutions. Développer ce passage serait trop long, mais si l'Italo-tchèque a mené de nombreux combats, il en a évité autant d'autres qui méritaient pourtant son aura médiatique pour les mettre en avant. D'ailleurs, ce n'est pas du Robin des bois dont a besoin le football italien, mais du formateur et de l'instructeur. Celui qui - un diplôme de professeur d'EPS en poche - est parti des bas-fonds du calcio pour entrainer en Serie A avec brio.

Cagliari repart de zéro

Zeman arrive dans un club qui est à un tournant de son histoire. En effet, Cagliari vient de changer de propriétaire. Après un règne de 22 ans, le sulfureux Massimo Cellino a dit stop pour aller faire joujou avec Leeds en Championship (que les Anglais nous pardonnent...). Il a vendu le club à Tommaso Giulini, jeune entrepreneur milanais de 37 ans et par ailleurs ancien membre du conseil d'administration de l'Inter. Il a donc un petit bagage dans le milieu du football et surtout la tête sur les épaules puisqu'il n'a aucune intention de mettre le club en surrégime comme le font de trop nombreux néo-propriétaires. Giulini a choisi de miser sur un projet jeune (moyenne d’âge la plus basse de la Serie A, 23 ans et demi) et italien (18 autochtones sur 26 joueurs) tout en pensant à moderniser les infrastructures du club. Cagliari a dû s'exiler à Trieste (à l'autre bout de la Botte) pendant près de deux saisons, une situation ubuesque qui est enfin rentrée dans l'ordre mais qui témoigne du piètre état général des stades italiens.

L’entraineur le plus vieux pour l’équipe la plus jeune

Ce projet jeune correspond parfaitement à Zdenek Zeman. On ne compte plus les joueurs qu'il a lancés dans sa longue carrière, de Nesta à Insigne, en passant par Tommasi, Di Biagio, Verratti et Immobile. Des contextes qui le permettaient car le "bohème", comme il est surnommé, a souvent eu du mal avec les clubs ou directions qui demandaient des résultats immédiats voire des titres, en témoigne sa dernière expérience à la Roma (viré au bout de six mois). Il est en revanche beaucoup plus à l'aise lorsqu’il s'agit de valoriser le patrimoine (ce qu’il a aussi fait à la Roma d’ailleurs !). Ça tombe bien, c'est l’objectif prioritaire de ce nouveau Cagliari qui a embauché une tripotée de petites pépites parmi le total de onze recrues. Jeunes et italiennes pour la plupart. Voici ceux qui correspondent à ce profil : les gardiens Colombi et Cragno, les défenseurs Ceppitelli, Benedetti et Capuano, le milieu Crisetig, les attaquants Capello et Longo.
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FOOTBALL 2012 Pescara - Marco Verratti

Crédit: Eurosport

Tous se situent dans la tranche d’âge 18-24 ans, celle justement où la courbe de progression des espoirs italiens est pratiquement nulle par rapport à ceux des autres nations. La plupart ne connait pas la Serie A et y a joué au mieux quelques bouts de matches. Ils s'ajoutent à l’avant-centre Loi et l’arrière gauche Murru, produits AOC 100 % sarde et déjà présents dans l'effectif. Des joueurs que Zeman s'est bien gardé d'envoyer en prêt comme le font la plupart de ses collègues. Cagliari est donc actuellement le club le plus représentée en U21 italiens avec quatre convoqués dans la dernière liste de Gigi Di Biagio qui appréciera le travail de son ancien mentor. Le père Zdenek est comme ça, s'il entrevoit un bon potentiel chez un jeune, il le conserve et travaille lui-même dessus. Il le peaufine et effectue un vrai boulot de post-formation en faisant avant tout preuve d'énormément de patience.
Égoïstement, on a presque envie de demander aux supporters sardes de ne pas faire attention aux résultats (en tout cas pas tout de suite) mais de se concentrer plutôt sur la croissance de leurs jeunes pousses guidées par le doyen des coaches de la Serie A (précisément 67 ans). On a envie de croire en ce projet et surtout on en a besoin, pour entrevoir un avenir un peu plus radieux et découvrir pourquoi pas un nouveau Verratti.
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